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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 10:01

« Me dé a rede

quero sonhar

o ar e puro

nao vou sair

balança com força

mais um poquinho

quero sonhar

bem diferente

talvez igual ao pasarinho »

( Hermeto Pascoal)

 

Pagé a déjà pris un piranha . La pluie se met à tomber très fort, la grosse pluie tropicale. Chuva gostosa.

Nous longeons la frontière bolivienne; montagnes recouvertes de végétation dense enveloppées de brume et de nuages. Le plafond est bas mais les montagnes sont plus hautes. Nous venons de doubler l'embouchure du rio Sao Lourenço, celui qui mène à Cuiaba et nous allons bientôt entrer dans le Mato Grosso. Cela ne fait pas longtemps que ce Mato Grosso a donné naissance à celui du Sud. Avant, ils ne faisaient qu'un seul état. Beaucoup de personnes restent sur l'idée d'un seul Mato Grosso, un état sauvage où il n'y a pas si longtemps encore, rallier Cuiaba à Porto Velho était une expédition où l'on pouvait se faire transpercer d'une flèche indienne.

 

·         Baia de Gaiba -

 

Cela fait maintenant cinq heures que nous y sommes bloqués à cause d'une barge ensablée. D'abord une première fois « Liberdade » (c'est son nom) mais on a réussi à l'en sortir. La deuxième fut la bonne; obligé de la laisser sur place. Nous avons déposé l'autre un peu plus loin et nous sommes revenus en arrière. Le Cap' manœuvre dans tous les sens pour tenter de la tirer de là. Pour l'instant c'est le fiasco. Liberté est bien prisonnière ......Mais comme la baie est splendide, j'en profite pour l'admirer. L'eau, avec le temps, a déraciné une bonne partie de la forêt qui devait se trouver là auparavant et a formé cet lac immense intérieur qui fait cette frontière naturelle avec la Bolivie. Je distingue des maisons sur la berge opposée. Je ne vois ni tigres ni guépards sensés habiter dans le coins en revanche le lac est occupé par des crocos (jacaré) qui deviennent habituels. Ciel couvert, pluie et éclairs pour embellir le tableau. Saint Antoine, Saint Antoine, vient nous aider à délivrer la liberté !!!!!

La nuit tombe et rien n'a bougé, seulement des filins qui cassent les uns après les autres. Le Cap' avait une voie triste durant la liaison radio : » Barbaridade, barbaridade!!! » Il laisse tomber pour ce soir on continuera demain. Le moteur s'arrête et toute la baie est soudainement plongée dans un calme incroyable. Je discute avec Luigi de littérature et nous évoquons London et Stevenson et nous revenons sur la rixe à laquelle nous avons assisté chacun de notre côté le soir de l'embarquement. La sienne se passait entre le chef mécano et le gros à casquette, la mienne entre le-maigre-qui-commence-à-avoir-des-cheveux-blancs et des hommes qui chargeaient le ciment. Ils échangeaient plus que des mots et il a fallu les séparer. Pas content du tout, le maigre est descendu dans le bateau pour pour en sortir avec un couteau planqué sous la chemise, je l'ai bien vu . Mais les autres étaient déjà loin. Il avait un coup dans le pif et un autre en plein dessus (hihihi!!!).

Nous nous réfugions dans notre cabine, c'est l'heure des milliards de bestioles qui vous attaquent; celles là ne piquent pas mais viennent se fourrer partout : dans le nez, les oreilles, les cheveux, la bouche. Durant le repas c'est dans l'assiette qu'elles venaient se vautrer; des bestioles vertes transparentes aux ailes si fines que la moindre goutte d'eau les paralyse.

Cinq heures du matin, le bruit du moteur nous réveille. Le ciel est dégagé et la vision de la lagune à l'aurore est apaisante. Le travail reprend vite. Les ponts sont littéralement recouverts des bestioles vertes d'hier soir; des maillards je vous disais bien. Le cuistot m'offre un café mais putaing, qu'est-ce qu'il met comme sucre le salaud !!!!

« Poca agua, muito poca agua !!! » se lamente le Cap', un mélange de turc-noiraud, super baraqué avec une imposante moustache. Le reste de l'équipage ? Il y cinq hommes plus le mécano et son aide, le plus jeune d'ailleurs mais la moyenne tourne autour des 45 ans? C'est une super équipe.

 

C'est un peu pour cela qu'ils ne s'en font pas trop. La baie de Gaiba, ils la connaissent bien mais c'est quand même la première fois qu'ils sont bloqués si longtemps; D'habitude, ça coince un peu mais ça passe; aujourd'hui ça coince sérieux. Le vent de la nuit a soulevé quelques vagues sur le lac et nous espérons quelles vont nous aider.

7.00, rien

8.00, rien

9.00, ça y est, la barge a récupéré son nom. Maintenant il ne reste plus qu'à trouver le passage pour rejoindre celle qu'on a laissé plus loin mais le plus dur est fait.

10.00, l'ensemble est reconstitué. Avant de repartir, on stoppe le moteur pour une petite opération; il a un peu souffert durant les 15 heures de sauvetage.

11.00; on repart pour de vrai, le lent défilement de la berge, le petit vent frais qui parcourt la coursive et qui rafraichit la cabine. Douceur. Vache, un énoooorrme croco!!! Luigi enregistre des histoires que lui raconte le Cap', le riz est entre les mains du cuistot; cela va bien mieux de ce côté là aussi.

11.30; Boum: Barranco (c'est le nom de l'autre barge) vient de heurter la berge; la courbe était serrée et l'attelage n'a pas pu la négocier entièrement; des filins ont encore cédé. Pire, le treuil est cassé . Réparation de fortune; on repart.

12.00 Reboum! Enfin plutôt Craccc! Cette fois c'est Liberdade qui vient de frotter et la végétation vient s'engouffrer avec force par toutes les ouvertures du bateau. Je suis dans la cabine et j'ai peur que les parois s'envolent en morceaux. Le bruit est terrifiant. Au bout d'un long moment, tout s'immobilise. Allons voir les dégâts : la partie arrière du pont supérieur est toute tordue, l'antenne radio a été arrachée et la balcon aussi. Ah ben quels dégâts !!!!!!! Un énorme tronc d'arbre s'est frayé un chemin à travers la tôle. Il faut le découper à la hache. Le bateau reprend sa marche la tronche un peu tordue.

La cause de tous ces incidents est enfin trouvée : hier, la démultiplication de la barre avait été modifiée pour manœuvrer dans la baie et bien sur, elle n'avait pas été re-changée pour le parcours fluvial. Elle ne répondait pas assez vite aux ordres du barreur. Voilà, tout va bien maintenant.

Arrêt à une fazenda : un colosse nous accueille. On lui livre un fût de fioul et une autre caisse. Je lui demande s'il n'aurait pas une « petite bière » . Non, mais de la bonne eau . Adjugée !

« Bela Vista do Norte ». Deux ans qu'il vit ici avec sa femme et ses enfants. La vie la plus proche est un camp militaire à 9km et il peut se passer un mois sans que personne ne passe. La vie ici est animalière; crocos, tigres et serpents. Ici les piranhas n'attaquent pas, plus bas oui.

Le voyage reprend son cours (d'eau). Singes et Capivaras nous observent. Je m'envoie de seaux d'eaux sur le corps pour tenter de me rafraichir. La nuit tombe. Luigi me dit avoir passé sa plus belle journée de navigation. Moi aussi. La chaleur est étouffante et il est difficile de dormir. Parfois un léger souffle d'air vient me caresser et je rêve qu'il m'emmène vers une source d'eau fraiche où je me glisse avec délice laissant les vaga-lumi m'éblouir de leur mille feux.

Ces vaga-lumi qui brillent le long du rio paraissent indiquer le chemin. Mais je me demande quand même comment fait l'homme de barre pour se repérer dans cette obscurité. Ce ne sont pas les deux malheureuses loupiotes de proue qui l'aident mais plutôt l'habitude, la connaissance parfaite de ce fleuve, compagnon de vie depuis plus de dix ans pour certains.

Bonjour dimanche. 5.00. Luigi me réveille sans mal. Le rio serpente toujours et il nous arrive de retourner au sud . Una fazenda, une lagune, des lianes qui se laissent tomber en cascade, des palmiers, des arbres immenses, une multitude d'oiseaux toujours mais peu d'animaux terrestres. La grande crue de 1974 a fait un carnage. Ne trouvant plus de terres où se réfugier, beaucoup sont morts noyés; des hommes aussi. Un bruit de sirène au loin. Une future rencontre? Des nids de cigognes, martins pêcheurs, bugios, d'autres capivaras, un bébé croco et ce fleuve qui tourne inlassablement dans tous les sens se jouant de nous. Journée douce malgré une chaleur écrasante. Je passe la plus grande partie du temps à la proue; un peu plus d'air. Arc-en-ciel, lumière splendide sur des champs fleuris. La journée se passe ainsi et la nuit.

A 4.30 un orage nous secoue. Luigi ferme en vitesse la fenêtre. Je me rendors et mon rêve sera envahi de camemberts, reblochons et autres fromages au milieu d'une expo de céramique??? Nous sommes arrêtés et j'ai tout juste le temps d'apercevoir la tête d'une femme qui s'engouffre dans une des barges.

Nous sommes lundi et déjà le cinquième jour de navigation. Arrêt et Luigi prends la barque et en profite pour aller photographier des oiseaux; nous sommes tout près d'un lieu de nidification. La barque est trop petite pour nous emmener tous. Merde!!!Pendant ce temps, poca-agua-muito-calor prends quelques piranhas de plus pour agrémenter le repas du jour, il y a déjà un dorado sur le pont qui doit bien faire 3 ou 4kg. La maman sort de la soute avec son bébé. Ah, voila les deux chasseurs photos qui reviennent et je viens aux nouvelles.

« Pas grand-chose, les parents sont à la recherche de nourriture, les petits sont assez laids

leur couleur n'est pas encore définie et le bec pas formé. » me dit Luigi.

« Quelle variété? »

« « Une sorte de cigogne : cabeça seca, mais après les histoires de serpents d'hier, je faisais bien attention où je mettais les pieds ».

9.00, nous repartons. Vite de nouveau bloqués. Deux hommes partent avec la barque en reconnaissance. Poca agua, poca agua. Araçatuba de Caceres nous double et nous indique un passage. Nous avançons doucement. Liberdade a du mal à passer ; 4m, 4.5, 5m... ça passe, ça y est c'est passé...Mais c'est de courte durée et à moins de 70km du but nous sommes de nouveau bloqués. Il va falloir passer la nuit ici. Je me marre avec le cuistot en lui montrant le peu de riz qu'il me reste.
« Encore un jour et je suis fait ».

« Il y a des macaronis en cas, vous aimez? ».

« Bien sur !!! ».

Du coup; il agrémente mon riz d'haricots noirs délicieux et d'une salade. Il est vraiment super ce cuistot. Nous nous connaissons mieux grâce au riz qu'il me cuit quotidiennement. Merci le riz !!! Mais le temps se fait un peu long maintenant; c'est pas que j'en ai marre mais comme Luigi me dit; nous avons quitté le Pantanal et cette partie du fleuve n'est plus si intéressante.

Mardi matin, toujours au même endroit. Quand ça te gonfle les couilles, pars en vadrouille. Facile à dire au mile de l'eau et c'est de l'eau avec des dents.....On n'est pas sorti de l'eau-berge car ce sont les trois qui sont bloquées maintenant. Y'a pas d'eau, y'a pas d'eau. Je tente le coup et je m'y mets; en effet, elle ne m'arrive pas à la ceinture mais la sensation du sable dans les pieds est agréable. Je ne traine pas pour ne pas servir d'amuse gueule aux poissons voraces.

10.00, les barges sont désensablées

Après le repas et le repos on s'y remet et ça bouge doucement, gentiment; personne n'en revient.

15.00 départ. Cette fois ci, le Cap vise parfaitement les balises et ça passe impec !!!! On croise un pêcheur et le Cap' lui achète des poissons pour festoyer tous ensemble avant de se quitter : des pacùs et un piracuru.

On passe une dernière nuit ici pour ne pas risquer de se faire bloquer plus loin. Il fait très chaud et le bateau à l'arrêt ne nous offrira plus la petite brise nocturne.

Y'a plus de riz, y'a plus de pain, y'a plus rien......Demain c'est fini; ouf, juste à temps!!!!!

Réveil aux chants des oiseaux, aux parfums des fleurs sauvages, aux bruits des animaux, sous la caresse de la brise matinale. Deux goélands s'en prennent à un Urubu; il s'enfuit vite de l'autre côté de la berge.

Au plouf régulier du bambou sondeur, l'attelage se faufile sur ce chemin invisible. Nous croisons Marinheiro Gustavo, le bateau que j'avais tenté de prendre à Porto Murtinho il y 15 jours. Il redescend de Caceres à vide. Tout le monde se salue à grands renforts de signes et de cris. Caceres, la croisière se termine; je paye le Cap' et file un bon pourliche au cuistot. J'ai hâte de descendre pour me dégourdir les jambes, boire un bon caldo, manger des fruits. Un grand merci à tout le monde pour ces moments inoubliables, merci au Scania et ses 340cv qui nous ont emmenés à bon port. Merci à Luigi, compagnon de cabine et de paroles. Caceres, la ville et ses terriens. Une nouvelle aventure commence.

 

un pirarucu
un pirarucu

un pirarucu

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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 09:46

J'ai décidé de remonter le Pantanal du Matogrosso en bateau bien sur car il n'y a pas d'autres moyens de voyager sur cette immense étendue d'eau et de terres immergées. Il y a plusieurs ports où des bateaux font escale: Porto Murtinho au sud, près des frontières Paraguay/Bolivie et Corumba, un peu plus au nord. Je tente d'abord ma chance à Porto Murtinho.

Campo Grande, vendredi 8.15, le train s'en va. Totonho m'a accompagné à la gare. Y'a de la place. Le temps est superbe et déjà chaud. Je vais jusqu'à Aquidaouana. Le train roule vite pour un train, s'arrête peu et pas longtemps et le voyage est court pas plus de 3.30 cette fois mais j'ai quand même le droit de voir de bien belles choses comme les magnifiques gorges à l'entrée de Pirapitanga un peu avant Camion, son fleuve et ses rapides. J'ai envie de me plonger dans cette eau délicieuse. Morro do Chapéu et c'est Aquidaouana et sa chaleur de midi. Je passe chez Batik: personne. Cruzeiro do Sul m'informe qu'il n'y a pas de bus pour Porto Murtinho avant 15.00 et que je dois changer à Jardim. Je vais me promener dans la ville.

Sur la place un couple; ils vont aussi à Jardim mais en stop. Tiens, si j'essayais aussi j'ai du temps devant moi et de toutes façons, le bus passe par là. Je traverse le beau pont et me voila sur la route. Je m'assure du chemin auprès d'un type en train de bricoler sa voiture. Justement il y va et il se propose de m'emmener. Il essaye de changer son volant bien mal en point après un accident mais n'a pas moyen alors on y va.

130km de piste pour Jardim. Peu de monde sur la route, un camion qui a perdu sa roue, des vols de toucans, des zébus égarés. On prend deux autres voyageurs en chemin. Le Vévé n'a plus d'amortisseurs et la poussière envahi l'habitacle car on roule sur une piste étroite parallèle à la route en plein travaux ; il y a des arbres en plein milieu et on ne voit rien avec la poussière mais on arrive quand même à Jardim. Encore un bout du monde mais la ville est animée et les filles font des sourires adorables. J'ai jusqu'à trois heures du matin à attendre pour mon prochain bus. La nuit tombe vite.

Le bus est quasi vide et j'ai de la place pour dormir. Je me réveille une première fois avec le lever de soleil; la piste est rectiligne me nous secoue pas mal. Je me rendors. 8.00 : Porto Murtinho ; la ville est charmante et rafraichie par une brise. Le rio fait frontière avec la Bolivie. Avant tout je vais me renseigner pour le bateau. A la capitainerie, on me dit qu'ils ne sont pas très nombreux mais que je peux toujours aller voir Senior Lucana car il est au courant de tout. Son bureau est un peu plus loin: fermé. Je me renseigne; sa maison est juste derrière; il y est et je lui explique mon projet. 
"Il y a un bateau qui arrive cette nuit vers 23.00. J'ai eu le commandant au téléphone il rempart demain vers 8.00. Voyez avec lui mais c'est un petit bateau sans commodités.
 
J'ai mon hamac
 
Bonne chance alors.
Merci bien.
De nada."


Bon, il y a un espoir. Maintenant, une pension pour la nuit. Je choisis le BIOU et ses patrons souriants pour 350 cruzeiros. Un bonne douche froide, un petit déj’ et je vais me balader au bord du rio.

Il y a un va et vient de passeurs entre les deux rives. Des pêcheurs partent pour quelques jours sur une barque chargée de ravitaillement et d'équipement. Ils sont de Sao Paulo, je discute avec eux :

« Il y a un bateau de passagers qui est parti hier matin pour Caceres . Mais en principe cela devrait aller avec l'autre aussi: ils embarquent. »

« Et vous allez où? »

«On monte 40mn plus haut pour une petite semaine »

Je reste à contempler un superbe oiseau huppé qui s'amuse à planer . Des couleurs, de l'élégance et de la beauté. Un bateau paraguayen s'en va vers Asunción; le courant l'emporte vite dans ce sens, c'est plus facile.

Ici, tout est vert et plat à part ces trois pyramides visibles au loin comme des accidents dans ce pantanal. Des pêcheurs rentrent, il est 16.00, quelques gouttes tombent mais pas de quoi rafraichir. Les prises sont débarquées et confiées entre les mains de femmes qui les évident avec des couteaux effilés comme des rasoirs. Les poissons ont comme noms : Suriri, Pintado (le même sauf que les points remplacent les rayures)  Dorado et Piranha. Piranha ??? et moi qui voulait me baigner dans le fleuve. Choz de loc !!!!! J'en ai la preuve quelques instants plus tard :les abats servent d'appâts et des gamins pèchent au bord. Les poissons pleuvent sur la berge : pintados et piranhas balèzes jusqu'à 1,5 kg. Les dents acérées se referment avec violence et il est difficile de retirer les hameçons. La saison sèche abaisse le niveau de l'eau et la pèche est fructueuse.

Des canards sauvages font du rase-eau, deux splendides arasas se causent. A l'hôtel, ce sont deux pagayos qui comblent le patio de leurs discours et leurs cris.

Un coucher de soleil magnifique va couronner cette super journée. J'aime bien ce village avec ses vieilles maisons, son donjon et sa quincaillerie et puis les gens causent facilement.

Le bateau accoste vers 22.00; beaucoup de gens l'attendent ( et moi donc!!!). La manœuvre terminée, j'attends un peu pour m'adresser au commandant. Il me dit de repasser demain à partir de 6.30 car il doit demander à sa compagnie. Terrible nuit mous tiqueuse malgré la protection et je dors mal et peu mais je me réveille en forme et le petit dej’' avalé, je fonce vers le port. Le Com' fait ses courses au marché et quand il revient, c'est pour m'annoncer qu'il ne peut pas me prendre, sa compagnie ayant refusé et patati et patata. Crottes de boules de shit, mon voyage est à l'eau. Récapitulons : le bus est parti ce matin à 5.30, le prochain bateau arrive dans trois jours et je me vois mal passer trois jours ici même si le village est sympa avec l'éventualité de me faire répondre la même chose. Je vais essayer le stop pour repartir. Ça cogne sec; je m'installe sous un arbre près d'un autre type. Il me parle d'avion et de militaires qui prennent parfois des passagers. Je peux toujours essayer l'aérodrome n'est pas loin. Il y a un avion qui arrive, un autre qui part. Je vais demander. Cela ne dépend ni du pilote ni de son équipier mais des gens qui ont affrété l'avion. Faut attendre. Je m'installe sous un manguier. Et vous me croirez si vous voulez mais j'ai obtenu la place qui restait dans ce Piper bi-moteur pour Campo Grande. Je vole avec des costumes cravates sympa d'avoir pris ce type en short et sandales perdu au bout du monde. Vol à 7600 pieds au dessus de ce pantanal immense; la vision est grandiose avec les méandres des fleuves au milieu de cet océan de vert. En rejoignant le centre de cet état de 358.000 km², la terre est brulée, quelques fazendas éparses, des pistes désertes et tortueuses qui relient les hommes entre eux, quelques points d'eau, des traces d'animaux comme les veines d'une feuille délicate. Les fleuves sont réduits à leur minimum car il n'a pas plu depuis cinq mois.

Puis c'est Campo Grande qui revient : une heure à coté des deux jours de l'aller....Vent et ciel plombé.
 »Felicidade Francès ».

« Muito obrigado ».

Un bus, un suco et je rejoins la maison à pied. Tout le monde dort encore, ils ont fait la java hier soir. Je leur raconte mon périple. Ils me disent que ce n'est certainement pas du poisson qu'ils transportaient dans la glacière. Quem sabe ????

Ce ciel plombé et ce vent vont se transformer en véritable tempête cette nuit. J'en parle parce que la tempête au Brésil, ça prends des proportions immenses comme le pays. Il y a d'abord eu des éclairs mauves très violents dans un ciel qui se fermait. Le sombre est arrivé et avec la nuit encore plus d'éclairs et du tonnerre, des coupures de courant et puis la pluie d'une force incroyable qui se transforme tout de suite en grêle mais comme des cailloux qui martèlent la porte, les vitres, les toits, les tôles. Puis c'est le vent qui se lève avec une vitesse effrayante. Les maisons commencent à se démantibuler, les toits sont emportés, les tuiles volent et les murs s'écroulent. Des gens sont encore dans la rue, des blessés mais pas plus, tant mieux. La maison a tenu mais tout autour une trentaine se sont écroulées et une centaine d'autres sont bien amochées. En même temps j'ai senti la terre boire avec volupté cette eau de vie, cette eau de renaissance. Au matin, le ciel est encore chargé et la moiteur étouffante mais le pire est passé.

Mais je suis toujours sur mon désir de navigation pantanalesque et dès le lendemain, je reprends le train pour Corumba, deuxième port ou je peux peut-être trouver un embarquement. Je repasse par Aquidauana, par les gorges de la Sierra Sao Geronimo (ouah!! quel nom magique !!!!), le village de Miranda, des gares sans nom qui ne sont qu'un dépôt ou quelques baraques et qui portent seulement le kilométrage où elles se trouvent : km1240, km 1259.

Puis, c'est le Pantanal que j'entrevois déjà : quelques marécages , Tuyuyus et autres échassiers. Mais c'est surtout après avoir traversé le Rio Paraguay que l'on y pénètre vraiment : des grandes étendues aquatiques recouvertes de fleurs diverses aux couleurs splendides, mauves, rouges ou blanches, des oiseaux par milliers soit tranquillement regroupés les pattes dans l'eau soit volant ensemble et alors ils forment une bande noire dans le ciel, comme un ruban qui ondule. C'est la première fois que j'assiste à un tel spectacle de nature aussi sauvage. Le train traverse cette étendue limpide et brute et dans le train ça bouge, ça change de gens, de têtes, ça monte et ça descend. Je ne me lasse pas de regarder ces femmes simples et belles se préoccupant de leurs enfants avec patience et affection; ces femmes qui me montrent le monde sous tous ses traits : de la chinoise à l'indienne, toutes brunes, toute splendides. Les vieilles ont des rides merveilleuses et leur peaux tannées les rend plus mystérieuses.

La nuit est tombée, les gens ont fermé les fenêtres, les enfants portent des vêtements chauds. Avec deux allemandes rencontrées dans le train, nous trouvons une chambre commune pour un bon prix. La ville est calme, les chiens dorment dans la rue et j'aimerais être un chien pour dormir là où j'ai envie de me mettre et ne penser à rien d'autre. Mais la nuit des chiens n'est tranquille que d'un œil.

Il fait frisquet le matin et la douche froide me réveille. Je me dirige vers le port adorable et j'en tombe amoureux avec ses vieilles maisons qui le bordent, son avenue tranquille, ses jardins, les bateaux qui chargent et déchargent, le fleuve, les plantes aquatiques et la chaleur qui monte peu à peu.

Les nouvelles ne sont pas bonnes : deux bateaux sont partis hier et le jour précédent et le prochain n'est pas avant la semaine prochaine. Quelle poisse !!!!!Et il n'y a rien à faire que de retourner à Campo Grande, cette ville amante qui m'aimante. J'ai juste appris qu'il faut compter une semaine pour faire le voyage. C'est toujours ça.

Mais bon, dans cette affaire je ne peux pas être à la fois à la gare et au port et bien sur, le train est partis tôt ce matin et il va me falloir rester ici jusqu'à demain matin. Heureusement, le train est quotidien car il ne relie pas seulement Campo Grande (460km) mais il continue jusqu'à Sao Paulo (1700km).

Je passe la journée, la soirée et la nuit en compagnie de quatre jeunes brésiliens de Florianopolis en voyage. Ce sera moultes chansons accompagnées à la guitare, arrosées de bières et de cachaça. Le soir nous nous concoctons un caldo de peixe avec un pintado de 1,5kg acheté au marché avec oignons, tomates, poivrons, cebolinha, ail et cheiro verde : un délice d'avance !!!!!Le Pintado, c'est un poisson comme je les aime bien : une grosse arête centrale et basta le reste est à manger (il a de grosses moustaches et la bouche toute plate; j'en avais vu à Porto Murtinho). A relire mes notes j'ai l'impression que la gare se trouve du coté bolivien ce qui fait que je vais passer mon temps à traverser cette frontière et je me fais ami avec les douaniers qui finissent pas me dire : « Ça va français ????». Plutôt sympas ces douaniers.

C'est la cohue à la gare ce matin : grand week-end end de trois jours pour les brésiliens et le train est pris d'assaut dès son arrivée. Je jette mon sac à dos par une fenêtre ouverte et je me précipite dans un wagon de première déclassé (c'est plus confort que le bois de la seconde d'autant plus que le voyage dure quand même dix heures) avant qu'il ne s'arrête. Technique apprise lors des nombreux précédents déplacements en train. A peine dans la wagon, j'ouvre les fenêtres pour les autres passagers et c'est la ruée. M'en fous j'ai ma place .....

Retour vers Campo Grande et je vais pouvoir admirer le paysage du trajet qui s'était effectué de nuit à l'aller. Faut rien perdre ici. Et bingo je vois mon premier croco, la gueule rose grande ouverte, corps gris et luisant. Jacaré!! Jacaré!! les gens médisent. Des vendeurs circulent dans le train : vendeurs de café qui deviennent vendeurs de bières plus tard ,vendeurs de revues, de biscuits ou de montres....Un petite pluie rafraichit l'air, je me mets à la fenêtre.

« O, do peixe !!!!!! »

« Bolo, pasteis !!! »

Aquidauana de nouveau, les gamins ventent leurs produits en criant ; ce n'est pas cher tout le monde achète. Dix heures de voyage et la ville de nouveau.

Les jours passent comme les coups de fil à la capitainerie du port de Corumba. Et un jour, on me dit qu'il y a un bateau qui part et j'ai du pot car il a du changer une pièce de moteur ce qui l'a retardé sinon je l'aurai encore perdu. Je passe la dernière soirée avec mes amis dans une grande fête à travers la ville et tous ses meilleurs bars. Je rentre pas très frais dans la nuit avant les autres : je dois me lever à 6.00 demain matin pour prendre ce p..... de train.

Pour la troisième fois, je prends un train qui doit me conduire à un bateau et j'espère bien que cette fois sera la bonne. Je commence à bien connaître le trajet entre Campo Grande et Corumba. Le souffle puissant de la grosse locomotive américaine rouge nous emmène à travers ce bout du monde. Je passe ma tête à travers la fenêtre pour profiter du coucher de soleil multicolore et de la nuit étoilée. A Corumba le train est presque vide et je fonce le plus vite possible vers le port. LE BATEAU EST LA EN TRAIN DE FAIRE LE PLEIN. OUF OUF OUF !!!JE SOUFFLE D'AVOIR COURU DEPUIS LA GARE MAIS CEST BON, JE VAIS PARTIR. Je vais à la rencontre du Capitaine : c'est ok . J'embarque; il y a déjà un voyageur et nous allons partager la cabine. J'assiste soudain relâché au chargement à la brésilienne du bateau: des sacs de ciment finissent à l'eau ou éventrés. Le mécano finit de remonter la pièce du moteur auxiliaire et soudain nous pouvons entendre le poumpoumpoum du gros mono qui s'ébroue. Les sourires apparaissent sur les visages comme une renaissance après une grosse opération. Il doit être une heure du matin, je m'installe sous ma moustiquaire et je m'endors bercé par le ronron du moteur . Après quelques 2500km à travers tout le Mato Grosso, en train, en bus et en avion, le voyage à travers le Pantanal peut enfin commencer. C'est la récompense tant attendue.

Quand je réveille au matin, c'est le Pantanal et le rio Paraguay qui s'offrent à mes yeux. Mon voisin est déjà levé. Qui est-il au fait ? Un brésilien d'une cinquantaine d'années, grand et sec, le cheveux court, passionné par la photo, il voyage ainsi de temps en temps. Il parle avec un léger accent. En résumé: sympathique.

Je demande au cuistot s'il peut me cuire mon riz complet (pour le voyage, j'en ai pris des kilos avec du pain fait maison et du fromage on verra bien si ça suffit...), j'ai opté pour cette solution économique car sinon il aurait fallu que je me tape de la bidoche tous les jours et pas question. Il rajoute des tomates, un peu de salade de pdt, des oignons, xuxu et un œuf dur. Sympa aussi ce cuistot.

A la proue des barges, ah oui je vous explique la composition de notre embarcation : un bateau pousseur a qui sont accolées deux barges métalliques, le tout rempli de ciment à ras bord. Ça fait un trimaran et je m'imagine remonter le fleuve à la voile mais on tire pas de bords. Donc à l'avant du trimaran, je me laisse éclabousser par les embruns, je regarde les oiseaux vivre dans ce paradis terrestre : hérons, cigognes, martins-pêcheurs aux reflets bleus, rapaces en j'en passe.

Nous nous arrêtons pour débarquer un homme, un autre l'attendait; ils s'enfoncent dans la végétation. Autre vie.

Un service de petits bateaux relie les gens entre eux; il y en a un qui nous suit depuis un moment; plutôt une barque recouverte d'une baraque en bois.

Alors que je suis allongé dans ma bannette, un tapotement sur le bras me tire de mes rêveries. C'est l'italien.

« Vous devriez venir, c'est merveilleux ».

« J'arrive ».

L'air est frais, je jette un coup d'œil par la fenêtre de la cabine. Spectacle de montagnes ravinées par les eaux, contraste de ce marron vert avec le ciel plombé. Le rio serpente parmi la végétation sereine, les oiseaux pêchent, tout est calme. Je rejoins l'italien à la proue où il fait des photos. En silence, nous observons les évolutions d'un goéland afféré à se procurer de la nourriture. Non, décidément ce poisson n'est pas à son goût ; il le rejette.

Je vis des moments de grande beauté. Morro do Penha, 6 heures du matin ce vendredi 16 Oct 1981.

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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 08:58

 

Des signes qui peuvent paraître encourageants

l'arc en ciel au dessus du Morvan

la pluie qui s'arrête à l'entrée de Paris

trois jours durant plus de ciel gris

le couleur de l'azur pour embellir le départ

 

Avant de prendre l'avion je suis toujours tendu à la pensée d'être suspendu dans le vide; ce n'est pas pour moi un état naturel. Alors, dans l'aéroport, à la vue de tous ces gens qui ne sont là que pour prendre des avions et cela fait beaucoup de monde tout à coup, l'atmosphère se détend, devient rassurante et efface peu à peu les sentiments contrastés à l'aune de se nouveau départ.

Aéroport de Dubaï, les montres qui nous donnent l'heure sont des Rolex...Elles passent à attendre le prochain vol pour Calcutta; pendant ce temps la foule déambule dans ce duty free géant ouvert 24h sur 24. D'autres moins fortunés dorment à même le sol ignorés par les valises Hermès. Ce sont toujours les mêmes qui voyagent, la majorité des gens n'a jamais quitté sa région de naissance à part ceux qu'on obligent et qui deviennent les esclaves modernes des autres.

Aéroport de Calcutta (Kolkata), plus de montres Rolex mais une salle de transit pour 7 heures (merci ZigZag). Deux Népalais attendent comme moi alors on discute; l'un, ancien Gurka de l'armée des Indes vit et travaille en Angleterre pour une société de sécurité et l'autre possède quelques snacks en Allemagne (ça roule pour lui: il voyage en business). Nos conversations, entrecoupées de courtes siestes, nous font passer agréablement ces heures immobiles.

Aéroport de Kathmandou; après quelques 27 heures de voyage, je suis enfin arrivé. Plus que la douane à passer et se sera de nouveau le tumulte de cette ville qui m'est maintenant bien familière.

Hôtel Moonlight, une chambre , une douche pour se détendre et se reposer. J'ai un jour avant de repartir pour Lukla et je retrouve doucement mes habitudes : les rues de Thamel toujours aussi encombrées, les klaxons entêtants et la circulation infernale. Après quelques heures de marche, je trouve un havre de paix dans le jardin de l'alliance française.

 

  • Jour 1 -

 

Debout 5.00, taxi 5.30 pour l'aéroport, arrivée 6.00. Déjà de monde et je me faufile mais au moment de présenter mon billet premier déboire je suis inscrit à 6.30 mais je ne pars qu'à 9.30. Un couple d'anglais dans le même cas. Rien d'autre à faire qu'à attendre... La zénitude a des effets positifs. Assis sur une banquette, j'observe la foule qui tourne autour de moi comme dans un manège bigarré où toutes les nations et tous les styles se rencontrent; des touristes aux trekkeurs sur-équipés des derniers équipements techniques. Ça crie, ça se bouscule, ça vire les bagages des uns pour faire passer les siens en premier mais ça a l'air de fonctionner quand même car les avions décollent toutes les 5 minutes réglés comme des métronomes. Il faut faire partir plus de 300 trekkeurs ce matin.

Vers 7.30, je ne sais pas quelle voix me dit de me diriger de nouveau vers le comptoir de la compagnie et visiblement elle a eu raison car tout à coup des places se libèrent et nous voilà partis (les anglais aussi).


Dornier 228, 18 places, vol au ras des montagnes, atterrissage scientifique après 30mn de vol et nous sommes à Lukla (2800m). Ça grouille de monde, les guides qui attendent leurs clients, les porteurs qui attendent des contrats, des commerçants qui attendent leurs marchandises, les touristes qui arrivent et ceux qui repartent. Je trouve mon guide et il m'extirpe de cette masse. Nous faisons connaissance dans la salle à manger d'un lodge ou il me propose un petit déjeuner mais il ne reste plus rien.

Alors on s'en va, pas longtemps car Ang Nuru (je l'appellerai ANR pour la suite) a faim; un petit repas pour lui et un thé pour moi. Re-départ, pas pour longtemps car à 11.30 on s'arrête à Ghat (2600m) et c'est à mon tour de manger et il m'annonce que c'est fini pour todaye parce que patin parce que couffin parce que ci parce que ça... Qu'est-ce que je peux faire ??? Chai pas quoi faire ???? Je négocie une ballade vers chez lui pour l'a.m., ça va occuper trois heures au moins, c'est toujours ça. Alors je visite sa maison et sa maman nous fait des patates (riki; sans wally waller) avec une sauce piquante et c'est très bon ( je viens de manger mais c'est pas grave).

Première soirée en lodge en compagnie d'une dame de Hong-Kong et d'un couple de jeunes Népalais qui font (elle) une étude sur le réchauffement climatique dans leur pays ; moustiques à 3000m et papillons jusqu'à 3500... C'est pas normal.

Dodo vers 20.30 et ça va devenir la norme.

 

  • Jour 2 -

 

Nuit moyenne, réveil peu avant 6.00. Tentative de yoga mais le parquet vernis est trop glissant.
Après un pdj reconstituant (2 pancakes au miel et thé) on part vers 8.00. Tout de suite le constat s'impose : il y a un monde dingue sur ce sentier et c'est rien de le dire... Je double des personnes âgées et les sur-équipés aux meilleurs vêtements techniques : »Heye, c'est pas pour les mauviettes ici !!! ». J'entends parler portugais alors je dis « Bom dia » . On me répond. Pose thé vers 10.00 avant d'entamer une longue montée raidos pour atteindre Namche Bazar où l'on arrive vers midi : 4 heures de marche c'est déjà mieux qu'hier.

La marche est malheureusement gâchée par ces centaines de trekkeurs ( pas moi) qui se croisent sur ce sentier parfois aussi large qu'une route, aménagé en escalier géant pour venir en aide aux nombreuses personnes visiblement en manque d'entrainement. Alors, à part la vision fugitive de l'Everest au loin, Namche arrive comme un soulagement. C'est un gros village, destination finale des caravanes arrivant de Chine avec leurs marchandises au rabais et des boutiques proposant tout l'équipement dernier cri en matière d'alpinisme et de randonnée mais bien sur entièrement chinois et copié. Mais bon, ça frime sec dans le bourg habillé North Face de pied en cap .............

J'ai presque deux jours pour m'acclimater au 3440m d'altitude. L'am, je me promène dans un parc/réserve naturelle et sur le plateau je peux admirer l'Everest et le Lhotse pour la première fois. C'est pas dégueu.

Oiseaux : mésange huppée et Rougequeue noir (Redstart)

Animal : Thar espèce de grande chèvre à crinière de lion ; c'est magnifique.

Comme d'hab le ciel se charge de nuages vers 15.00; je rentre au lodge. Diner avec les locaux en cuisine : la s.a.m est bondée d'anglais et de jap'.

 

  • Jour 3 -

 

Nuit merdique car ma chambre est à côté des chiottes et les japonais de mon étage n'ont pas cessé de faire des allers et retours durant toute la nuit et ces gens ne sont pas spécialement discrets. En plus ces nazes se lèvent à 5.00 pour aller marcher avant leur pdj et font un potin pas possible avec leurs grosses pompes de marche. J'ai envie de les zigouiller.

Après mon pdj je fais un tour dans Namche. Je quitte rapidement le « centre commercial » fait de dizaines de boutiques qui vendent toutes la même chose et je me dirige vers le quartier Népalais : marché à même le sol, fruits et légumes variés, coiffeur, lodges nettement moins luxueux que les nôtres, grand hangar à viande et plus de trekkeurs. Je reste longtemps à observer cette « non-ville » uniquement faite pour les touristes avec ces lodges à trois ou quatre étages , toits de tôles ondulées bleues, capteurs et chauffe-eau solaire. Deux mondes juxtaposés.

L'am, je fais un grand tour au dessus de Namche et j'atteins les 3900 assez facilement. Le sentier traverse l'ancienne piste d'atterrissage ou des moinillons jouent au foot visiblement sans peur d'être dérangés par un quelconque avion survenant de nulle part. J'assiste amusé à la tentative vaine d'une jeune fille de séparer un cheval d'un autre groupe formé d'une jument, de son jeune poulain et d'un autre mâle ; les ruades sont violentes et les cavalcades rageuses. Au bout d'un moment tout revient au calme. Je continue mon exploration sur une crête qui domine Namche et qui me même vers une construction a demi cachée dans une forêt. C'est un superbe hôtel , architecturalement parlant , totalement intégré dans le paysage, jardin paysager très japonisant, qui domine toute la vallée et qui offre une vue incroyable sur l'Everest. Incroyable aussi les tarifs 94$ pour une personne seule et 164$ pour une double. Quand on sait que le salaire moyen au Népal est à 30 euros par mois... Mais ça ne leur est pas destiné, plutôt aux touristes fortunés qui se font déposer en hélico pour y passer une nuit et prendre la photo de l'Everest et repartir le lendemain comme ça c'est pas trop fatigant et on reste dans son monde...

Retour Namche, rencontre avec un superbe faisan. Diner et nouvelle chambre loin des chiottes. De toutes façons, ce soir, l'étage est pour moi et pour l'israélien rencontré dans la sam. Comme la plupart de ses congénères, il fait le trek tout seul, à fond les manettes pour en voir le plus possible. Ça économise pour rapporter un tapis à 2500$ chez soi.........No comment.........

Je commence la lecture de « La chambre de Giovanni » de J.Baldwin.

 

  • Jour 4 -

 

Réveil à 5.00, tout est bouché. Deuxième réveil à 6.30, tout est dégagé. Après un bon pdj, départ sur un large sentier où des gorges impressionnantes m'offrent un panorama en succession de plans vers la vallée de KTM le tout dans un dégradé de verts splendides. Je traverse une superbe forêt et c'est la première halte ou j'arrive à arracher un paquet de biscuits du sac à dos d'ANR. Je retrouve « Super guide de Cham' » et son groupe de français (c'est pas dur à savoir, il est bardé d'écussons et porte son insigne de la compagnie des guides). 45mn de pause et départ pour Tengboche (3880m), monastère récent et splendide vue sur l'Ama Dablam


(Le Reliquaire de la Mère 6856m, première cordée américano-anglo-néozélandaise en 1961) et je continue vers Pangboche, (3980) protégé toute la journée par la barrière impressionnante des faces nord du Kangtega (6685m) et du Thamserku (6608m) halte du soir, que j’atteins après une autre heure de marche. Il est 14.30 et le ciel se couvre déjà mais enfin une super journée de rando. Avec les jumelles je peux voir l'hôtel découvert hier et tout ce chemin fait à pied me rend heureux.

L'am, je fais ma marche d'altitude habituelle (il faut dormir plus bas que le plus haut point atteint dans votre journée) et je trouve le village un peu caché en retrait du sentier de trek avec un peu d'authenticité, des maisons d'habitation, des enclos pour les bêtes et une école. Il y a aussi un Gompa du 14° siècle un peu abandonné mais par chance des hommes s'occupent d'entretenir les lampes à huile et je peux rentrer. Tonkas, tambours, trompettes, livres bien rangés dans la bibliothèque, coussins et Bouddhas; tout l'univers du monastère où je reste un bon moment, silencieux et attentif aux gestes de ces hommes.

Retour au lodge, à la télé, Unilever continue impunément de polluer de l'autre côté de la planète.
Un super Bollywood movie me fait rire de tant de pitreries. A ma gauche, un groupe de russes ne veut pas engager la conversation; il manque peut-être une bouteille de vodka pour les dérider ...

Je m'endors avec Baldwin.

 

  • Jour 5 -

 

Ça a gelé sec cette nuit; les lavabos extérieurs sont remplis de glace. Beau temps. Pdj en compagnie d'allemands de Munchen. Ils me racontent leurs déboires dans la tentative d'ascension de l'Island Peak : froid et doigts gelés. Je laisse ça aux autres. Les russes continuent à faire clan. Montée tranquille vers Dengboche (4260m) atteint en seulement 1.30. Même en marchant lentement il n'y a que 7km entre les deux villages mais la vue sur l'Ama Dablam change au fur et à mesure que je tourne autour.
Sieste puis ballade. Il y a une bonne pente à gravir au dessus du village et je m'y engage. J'apprécie de plus en plus ces après-midi solitaires ou je fais ce que je veux. Plus je monte et plus la vue sur l'Ama Dablam est forte; je peux voir le ressaut que Philippe a passé et les quelques mètres qui lui ont manqué pour atteindre le sommet : cela doit être rageant si près du but !!!! Il y a tout le paysage alentour également : le cirque grandiose, l'immense plateau couleur de bruyère qui part vers le nord, les sommets innombrables qui pour les Népalais ne sont que des pics portant des numéros. Je reste un long moment et je me repose à mémoriser ces paysages sublimes. Personne ne viendra me rejoindre sur ce promontoire à près de 4800m. La lumière change sans arrêt, brutale comme elle peut l'être à cette altitude ou tamisée par un voile de nuages. J'aurais pu faire 200 photos de ces moments magiques qui auraient profondément ennuyé ceux à qui je les aurais montrées. Alors 2/3 suffiront à mon bonheur.

Retour lodge et ça caille. Je le fais remarquer à la patronne antipathique qui me dit qu'il n'est pas 17.00. Je lui réponds que ce n'est pas grave si 15 personnes se les gèlent en attendant 17.00. Je vais me réfugier dans mon duvet.

Pendant le diner, je fais la connaissance d'un sud-coréen : déjà 7 fois au Népal. Encore un accro...

j'apprends par la suite qu'il travaille pour sa compagnie aérienne nationale; ceci explique cela.

Nous parlons de peinture car il va au Louvre à chaque visite de Paris : Gauguin, Van Gogh et quand je lui dis que j'habite à 15km d'Arles, ses yeux s'allument. Soirée sympathique au milieu d'une assemblée d'américano-australiens.

 

  • Jour 6 -

 

Seulement, serais-je tenté de dire après une nouvelle nuit passée à me retourner dans mon duvet. Petit mal de tête pour agrémenter le tout. J'ai fait un drôle de rêve qui se termine par le mitraillage rageur d'un homme par un fou; le crépitement des balles me réveille. Je me demande ce que je fais là, à avoir froid, à réclamer de l'eau chaude pour le thé, pour me laver. Si je pouvais rentrer direct je le ferais tout de suite.

Nouvelle journée d'acclimatation à l'altitude. Alors ce sera une marche vers Chukung, chemin pour le camp de base de l'Island Peak. Peu de monde et la montée est douce. Ciel bouché et même un peu de neige genre billes homéopathiques; ça mouille même pas.........ANR m'attend dans un lodge et il y a une jolie fille aussi alors je ne sais pas pourquoi (si si si) mais je lui parle en français et bingo elle est française. C'est une sacrée marcheuse car malgré mon rythme endiablé (pardon, excusez-moi, oui pardon, excusez moi ,oui, voilà, merci.....), elle m'a mis un boulevard dans la montée et tout sesplik car pour elle cela fait 17 fois au Népal. Excusez du peu j'en connais qui sont battues ( hein Jeanne ????). Elle me dit qu'elle a déjà une jambe népalaise et qu'elle tient un lodge à Periche (en contrebas de Dengboche) : le Yak Blanc. Quand je vous dis qu'il y a de vrais accros ........On cause au chaud pendant une bonne heure mais elle doit sortir pour encourager des fadas qui font le « Solokumbu trek »; 300km de course à pied entre 3000 et 5000m... de course à pied ???? Yes sir, 40 inscrits ; des népalais, des femmes et des hommes d'ailleurs les premiers passent devant nous à un sacré rythme (népalais) ouais mais fastoche, ils ne portent rien.........Bon courage a vous !

Redescente tranquille au lodge : tout le monde est là ?????Le coréen n'a pas fini de monter on se dit à tout à l'heure.

Je déjeune tard et la pétasse de proprio me sert un repas froid (soupe de tomates et patates au wizz cheese.). Je renvoie tout en cuisine et ça lui plait pas ; ce soir, je serai le seul à ne pas avoir de lumière dans la chambre; N'a fout, j'ai ma frontale et de toutes façons je dors...

Je dine avec le coréen revenu de sa ballade et nous continuons notre conversation sur la Corée, son cinéma (Kim-Ki-Duk) et son art céramique qui a inspiré la chine et le japon mais ils ne veulent pas l'admettre.

 

  • Jour 7 -

 

C'est comme ça, après une nuit pourrie, une bonne nuit; réveil à 3.00 puis à 6.00. Je salue le Général LEE (le coréen) avant de partir pour Lobuche. ANR fonce devant pour réserver une piaule car il parait que c'est archi bondé dans ce bled (point de départ de l'Everest Base Camp). Alors je vais marcher toute la matinée seul et ce n'est pas sans me plaire. D'abord, un grand plateau ou subsistent quelques cabanes de berger aux toits de pierres et une première halte vers 9.00 avant d'affronter le premier col vers 4800m. Un grand nombre de chortens (construction surmontée d'un cône pour commémorer un personnage important mais pas une sépulture) et des plaques portant les noms des alpinistes décédés durant leurs différentes tentatives de sommets. Beaucoup de coréens d'ailleurs car il paraît qu'ils sont assez barges du genre ça passe ou ça casse et ben ça a l'air de casser pas mal. J'aperçois le sentier qui me mènera plus tard au Cho-La Pass. Le mien continue en direction du Pumori (sœur non mariée en tibétain 7161m) belle pointe glacée. Trois heures après le départ, je suis à Lobuche et ANR m'apprend qu'il n'y a déjà plus de chambre et que je devrais me contenter du dortoir pour ce soir. Soirée jeu de cartes UNO avec des espagnols c'est vraiment un jeu universel. En fait, c'est venu si vite depuis le départ que c'est un peu dur de croire que demain je vais voir le toit du monde. C'est peut-être pour cela que se crée ce décalage. On est quand même à 4920m !!! 113 mètres au dessus du Mt Blanc et nous sommes tranquillement installés dans une salle à manger entourée de vitres qui nous offrent un panorama exceptionnel où coure une grande banquette moelleuse où les gens discutent, jouent aux cartes, écrivent et lisent. Une équipe de cuistots de choc prépare le repas pour tout le monde en moins de deux heures et vous avez du choix sur la carte, pas du genre menu fixe dans un refuge alpin.
Super niouze; il y a trop de monde et Didi ( toutes les patronnes de lodges s'appellent Didi – soeur en népalais ) va entasser deux cents porteurs et sherpas (j'exagère à peine) dans le dortoir et je vais étouffer alors elle me prête sa chambre ce qui provoque des jaloux chez les sherpas dont un me dit de faire attention à 5000m avec les efforts de nuit ......Je vais dormir seul dans une chambre/réserve pleine à craquer de Mars, Bounty, Snickers, boites de conserve et sodas en tout genre ; elle a de la chance Didi, je suis bio/végétarien.....Et le réveil fait tic-tac.......

 

  • Jour 8 -

 

Et la nuit sera hyper merdique et je me réveille pas en forme du tout et juste le jour de la ballade vers l'Everest. Chiotte...Dès le départ, vers 5.45, je vois très vite que ça ne va pas; je me traine avec un mal de tête balaize et au fur et à mesure que nous progressons en altitude ça empire avec une envie de vomir. Je fais l'effort de continuer jusqu'au col à 5100 d'où je vois le cailloux du Kala Patthar et le camp de base de l'Everest mais je décide avec ANR de rentrer. Même la redescente sera pénible. J'attribue ce malaise au fait que j'ai dormi dans une chambre absolument pas aérée, surement douillette et à 5000 ce n'est pas conseillé. Je dors 4 heures et ça va mieux.

Dans le lodge, nouveaux groupes, nouveaux visages. J'envisage de retenter le Khala demain mais à l'idée de passer un 3° jour ici cela me déprime d'avance. Alors, adieu Everest, enfin vu de près. Je suis un peu fatigué des conversations bruyantes, des bruits de grosses chaussures dans le lodge. Je passe un AM très agréable avec 4 français(es) du Puy St Vincent à côté de Briançon. Ils ont tout organisé eux-mêmes et ça a l'air de très bien se passer. Il faut juste avoir un peu plus de temps pour les aléas des avions locaux. Leur guide et super sympa, rieur, bon vivant et passionné de jeux de cartes ce que nous ferons durant une bonne partie de l'AM. Je dépanne Patrick d'un tube de Flector, il a une mauvaise contracture au mollet.

 

  • Jour 9 -

 

ANR a dormi dans ma chambre cette nuit, le lodge est toujours aussi bondé. Réveil 4.00 et départ aussi sec dans la nuit encore silencieuse. Pas de PDJ, nous le prendrons dans un refuge à mi-chemin du Chola Pass. Il ne fait pas trop froid mais la frontale de ANR est en rade et derrière lui, je fais de mon mieux pour éclairer le chemin. Heureusement il est déjà passé par là mais ce n'est pas toujours facile. Le ciel est splendide avec sa voie lactée majestueuse et des constellations tellement énormes qu'on pourrait presque les toucher. Des comètes animent cet écran géant. C'est magique de marcher ici en cet instant. Les moments de marche sont vraiment les plus intenses a vivre. Peu à peu l'aube se lève, je peux éteindre la frontale et les pointes enneigées s'illuminent d'une couleur orangée splendide. L'endroit est austère, très minéral avec un grand lac glaciaire en contre-bas. Deux heures de marche et nous atteignons le lodge (4830) petit déj' bienvenu pour se réchauffer et s'alimenter avec la montée au col.

Il me faut encore trois heures pour grimper les 600 mètres restant. Tout d'abord, c'est un grand plateau givré où je dépasse un trekkeur solitaire portant un énorme sac-à-dos puis une jeune coréenne et son guide. Une montée bien raide (PD car il faut mettre les mains) accède au glacier enneigé et c'est à couper le souffle de beauté. La trace est facile à suivre mais délicate car tout en glace et j'arrive au col sans effort.



A près de 5400m je reste un bon moment à profiter de cet instant. Il y a déjà un peu de monde mais ils viennent tous de l'autre vallée de Gokyo où je vais plonger tout à l'heure. Le col est assez fermé ce qui veut dire sans grand panorama mais c'est tout de même splendide et je me nourris de cette ambiance particulière.





Longue descente vers Dranag (4700) et pendant plus d'une heure je suis seul au Népal dans un immense sentiment de plénitude et de chance. C'est vous dire le monde qui fréquente ce trek alors une heure de solitude c'est remarquable.

Ce col passé si facilement à côté de la souffrance d'hier est quand même étrange; comme s'il fallait le passage plus que le simple regard pour le réussir.

Arrivée à Dranag après 7.15 de marche............Pour fêter ça, je m'autorise une douche ( la deuxième en 9 jours .....Puir !!!!!!!Dans une autre maison car la mienne n'en possède pas). Je me promène dans ce village de lodges qui ressemblent plus à des maisons particulières aménagées qu'à des hôtels. Les sols sont faits de carrés de terre assemblés, un gros tas de bouses de vaches dans le fond du couloir pour le chauffage de la pièce principale, des petites chambres toujours séparées entre elles par de simples cloisons de contre-plaqué et les prix des repas ont miraculeusement fondus de 30%. Un moulin de prières tourne frénétiquement entrainé par le ruisseau; de ce côté là; nous n'avons rien à craindre : ça prie à fond....

Le soir, au dîner, un autre couple d'espagnols sympa avec qui j' échange des impressions....La jeune coréenne nous a rejoint et comme il y a un de ses compatriotes elle peut parler a's'naise.

 

  • Jour 10 -

 

Super nuit; vous pensez, à 4700 c'est comme au bord de la mer maintenant. Dehors il y a des drôles de bruits d'animaux : ce sont des espèces de grouses pas farouches. Le village est très calme, plus rien à voir avec l'agitation de la vallée de l'Everest . Vers 7.45, le ciel se dégage et les sommets réapparaissent: que serait le Népal sans ses sommets ? Ceux qui sont partis tôt ce matin ont du marcher dans le brouillard : dommage !



La marche d'aujourd'hui sera vraiment une promenade: j'atteins tout de suite le glacier du Ngozumpa et je traverse la moraine dans un paysage lunaire fait de tas de cailloux qui forment comme des vagues infinies, des petites plages de sable ou on pourrait penser se dorer au soleil au bord des lacs gelés délimités par des falaises de glace bleutée qui émettent parfois le bruit caractéristique de la glace qui craque. Je prends tout mon temps pour traverser cet environnement exceptionnel. Puis le sentier débouche sur un premier lac turquoise qui s'écoule en cascade vers la vallée, suivi par autre aussi merveilleusement coloré qui marque la fin de la rondo du jour. Pas grave, l'endroit est fantastique avec la vue sur le Cho-Oyu au fond (8201m, vaincu pour la première fois en 1954 par une cordée autrichienne... Quelle année !!!!)

Après un repas dans une s.a.m au décor grandiose sur trois écrans ( comme me disait le néo-zélandais d'hier : » La chaine ne change jamais mais le programme est super !!! »), je pars pour une ballade vers les lacs supérieurs.






En chemin je rencontre un belge d'Ixelles qui fait un tour du monde ( déjà Moscou, Transsibérien, Mongolie, Chine et Népal via Lhassa....) nous passons l'am à discuter de tout et de rien tout en admirant ce décor absolument féerique: le grand cirque du Cho-Oyu, le glacier du Ngozumba, le Gyachung Kang (7952m, vaincu en 1964 par une cordée japonaise). Derrière ces géants, c'est le Tibet; même pas 20km nous séparent de cet endroit mythique.. Nous dépassons le quatrième lac mais nous n'atteindrons pas le 5° situé à près de 4500m mais après 3.30 de marche. Il est trop tard pour s'aventurer si loin à cette heure et il nous faut plus d'une heure pour redescendre, le vent est froid et violent. Nous nous séparons en nous souhaitons bonne route et je retrouve l'atmosphère douillette du lodge déjà chauffé. C'est tellement beau ici qu'il n'y a jamais de sentiment de frustration; tout est est reçu comme un cadeau et même s'il n'y a pas eu l'Everest de près, il y tout le reste et c'est énorme.............

Pendant le diner je rencontre deux jeunes japonais, fait à souligner car c'est plutôt des vieux qui se promènent par ici, eux aussi dans un tour du monde; Rocky le termine et Shinya le commence pour trois années s'il peut. Ils ont moins de trente ans et ont encore la possibilité de tenter cette expérience car au japon, à partir de 30 ans il faut travailler et ne plus espérer de vacances avant la retraite. C'est pourquoi on ne rencontre que des vieux ou des jeunes. D'ailleurs, ils m'avouent que la société japonaise très peu permissive les regarde comme des drôles de zigotos. Shinya est très grand, mince, le visage aux traits fins, la tête enturbannée dans un tissu indien, une petite pochette où tout un tas de de grigris sont suspendus ne le quitte pas. Il me parle des pays qu'il a déjà traversé et de ceux qu'il veut rencontrer comme l'Inde, où il compte séjourner 6 mois, l'Éthiopie et l'Amérique du sud ( je lui parle de mon expérience sur ce continent mais est-elle encore d'actualité ?) et je l'invite à passer chez moi si jamais son chemin croise la Provence. Rocky est architecte et a orienté son voyage autour de sa passion ( nous parlons de Brasilia qu'il a visité et nous évoquons Le Corbusier et Oscar Niemeyer). Voilà, ça fait trois tourdumondistes rencontrés au aujourd'hui.

 

  • Jour 11 -


 

Debout 5h00. PDJ dans la cuisine où deux Didis dorment encore enfouies sous des grosses couvertures. Je me force à avaler un pancake car la journée est encore costaud ;: deuxième col à 5400 ce matin. Le ciel entièrement dégagé. Nous partons sous le jour naissant alors pas de frontale ce matin. Une succession de passages raides et d'autres plus doux pour respirer. Après 1 heure de montée, l'Everest est déjà en vue ainsi que la pointe du Makalu ( je pense à Jacques) et en 3.15 nous sommes au Col : le Renjo Pass à 5380m et c'est la grande claque geantissimous. Imaginez un panorama de plus de 100° qui vous offre de droite à gauche:




LE
MAKALU (8463m - 1955 - La première ascension est faite par Lionel Terray et Jean Couzy le 15 mai lors d'une expédition française menée par Jean Franco sur la face nord et l'arête nord-est), LE LOTHSE (8516 - 1956 - La première ascension est faite le 18 mai par les Suisses Fritz Luchsinger et Ernst Reiss )ensuite le géant des géants:

L'EVEREST (8849,87m - Edmund Hillary et Tensing Norgay en 1953 - Le nom tibétain est Chomolungma ou Qomolangma, signifiant la « mère de l'univers » ) avec la vision évidente des trois voies possibles: celle d'Hillary, la plus à droite; celle des américains faite en 1958 en plein milieu et enfin celle du coté chinois complètement a gauche et la plus facile aussi.

Puis c'est le « petit » PUMORI (7161m - 1962 - Première ascension lors d'une expédition germano-suisse par Gerhard Lenser. )

et enfin, le GYACHUNG KANG (7952m, vaincu en 1964 par une cordée japonaise). Oui, je sais, c'est nul on ne voit pas le CHO-OYU d'ici et j'ai beau me pencher ça donne rien. Bon et bien on va se contenter de ceux là.

Je reste là près d'une heure et je pourrais y rester des jours entiers bien sur car en plus je suis seul . Peu après, arrive ce Thaïlandais que je croyais Coréen . « Non, Thaïlandais » insiste-il . C''est vrai que ce n'est pas courant dans le coin. C'est celui que j'avais doublé avec son énorme sac à dos dans le Chola pass il y a quelques jours. Sacré gaillard; il m'avoue avoir échoue au Pumori . Allez, je le pardonne. Je le prends en photo, il me prend en photo, tous devant l'Everest évidemment . Maintenant c'est le tour d'une jolie Tchèque et après ça commence à affluer sec et il est temps de quitter l'endroit mais quel pincement au cœur car je sais que CE paysage, je ne le reverrai pas avant peut-être jamais du tout. Vous vous rencontez un peu ?????????. Du col, je plonge dan l'autre vallée et tout disparaît en une seconde. AAAAAAAAAARRRRRGGGGHHHHH.



Alors c'est la redescente, lente, apensentarisée par la vue des montagnes, et c'est tellement beau que je me mets à imaginer « le sentier du parfait cheminement » tant l'harmonie des paysages est incroyable: les montagnes, les lacs, les plages de sable ou je marche comme sur un matelas et tout à coup, un sentiment de bonheur intense me fait monter les larmes aux yeux. Je suis dans le plus bel endroit au monde et je me mets à chanter « le blues du Renjo pass » (comme d'habitude, pas un producteur pour m'entendre; tant pis...). Je croise une trop jolie française. Elle est avec son copain suisse allemand et un groupe de suisses allemands aussi et elle s'ennuie grave car ces suisses allemands sont profondément chiants, tristes et sans surprises et elle me remercie de ce quart d'heure de conversation qui lui redonne du courage. La batucada prend l'avantage sur le blues et je termine la marche de ce jour en chantant « Usina » de Mestre Ambrosio.


Le village de Lungde (4300m) pourrait ressembler à un village perdu de Lozère: des murets de pierres sèches, des maisons aux toits de pierres également, une couleur dominante bruyère et des montagnes tout autour (un peu plus hautes il est vrai). Le lodge a repris l'architecture locale du sol en terre avec en plus un plafond « Tati Design » du plus bel effet.

 

On m'a vu dans l'Everest

courir comme un loustic

à la conquête de l'ouest

perdu comme un moustique

j'ai rebroussé chemin

j'en pouvais plus

c'était pas le jour ...............

 

 

J'passe devant un caravane

de yacks dans la vallée

chargé léger

il m'en faut plus

pour me décourager

je redescends les pied légers

la tête encore dans les nuages..............

 

Soirée animée autour du poêle pas beaucoup fourni par Didi ( trois bouses à la fois pas plus). Des français dont un qui revient avec des amis, reporter photo qui se souvient de son premier voyage il y a 12 ans où il n' y avait presque pas de lodges et on dormait chez l'habitant. Évolution ? Changements? Pour lui, l'esprit Sherpa s'efface peu à peu pour devenir un esprit commerçant/restaurateur/hôtelier. Les sentiers s'élargissent, se transforment en escaliers géants, les lodges se multiplient et les prix grimpent sans réelle justification. Alors, quel avenir pour le Népal et le Solokumbu ?????. On cause jusqu'à neuf heures.... Oufti!!! Il est temps de dormir.

 

  • jour 12 -

 

Ce matin, personne ne s'est levé à quatre heures pour un quelconque exploit alors le lodge se réveille doucement vers 7.00 ce qui est rare. Délicieux tibetan bread pour PDJ e ncom^pagnei des français et des autrichiens. Départ 9.00 dans la vallée un peu austère où je rencontre peu de trekkeurs; ça change .... Arrivé à Thame vers 11.00. Le village est de toute beauté avec les arbres qui reviennent, les enclos à bêtes et un lodge au confort inouï qui ressemble à un chalet suisse avec ses boiseries vernies, ses chambre en bois également et toilettes impeccablement tenues. On peut imaginer l'Eiger en face mais c'est le Thamserku et le Kang tanga qui reviennent ainsi que le Kwangde et le Teng Kangpoche (celle là est sacrée et pas de permis de grimpe). Alors je profite. C'est le lodge de Ang Phurba Sherpa, multirecidiviste de l'Everest et en ballade aux Usa ...Momos et patates frites; dans la cuisine une femme utilise le Wally Waller: le monde est sauvé !!!!! Petit tour au monastère de Thame mais il reste fermé malgré nos demandes répétées auprès de moines visiblement peu soucieux de nous faire plaisir. De ce point de vue aussi, ma déception aura été grande car on m'avait parlé de cette région du Népal comme un lieu important de la culture bouddhiste et je n'ai pas rencontré de monastères dignes de ce nom. Non, vraiment rien à voir par ici à côté de la richesse du Ladakh et ses monastères plein de vie: moines, nonnes, moinillons, cuisines en ébullition, odeurs de tsampa, sourires et accueils chaleureux. Cette région du Népal est vraiment devenue un lieu de tourisme de masse et de commerce. Rassurez vous, il reste plein d'endroits où vous pourrez retrouver une atmosphère plus sincère, pourrions nous dire. Mais pour ceux qui voudront, comme moi, admirer le panorama de l'Everest, il faudra en passer par là. Je continue vers un col et bien m'en prends car je revois l'Ama Dablam comme cadeau et deux pointes si acérées qu'on se demande si c'est possible de voir des sommets si pointus !!!

« Les Japonais et un repas de trek »

Des serveurs népalais préparent la table; ils disposent tasses, ingrédients, baguettes et couverts tout ça bien aligné. Ils arrivent seul ou en groupe en se saluant et se mettent à raconter des histoires qui parfois les font tous bien rire. Un groupe d'hommes se sert visiblement de l'alcool (japonais) accompagné d'amuse-gueules japonais également. Puis le repas commence : du riz, des légumes et du choux émincé (népalais), une pizza au thon . Certains prennent en photo leur assiette ainsi composée. L'alcool continue de circuler et les rires fusent. La sauce de soja japonaise trône au milieu de la table. Je reste un moment à observer cette cérémonie bien orchestrée. Peu à peu, certains convives ( des femmes d'abord) quittent la table à grands renforts de courbettes et d'expressions courtoises. Le groupe d'hommes reste et l'alcool aidant, les yeux se font chassieux et les voix moins assurées. Rien ne ressemble plus à des hommes qui boivent qu'à des hommes qui boivent, fussent-ils japonais ou d'ailleurs. La grande différence est qu'ils auront passé la soirée entre eux, à manger et à boire exactement comme chez eux , sans avoir échangé un mot avec quelqu'un d'autre sauf leur guide qui parle aussi japonais. Pendant que je détaille cette étrange société, le quelque peu simplet du lodge qui entretient le poêle ou débarrasse une assiette à la fois vient vers moi et me fait signe en bougeant ses doigts devant sa bouche et désignant les japonais comme pour me dire beaucoup de blabla tout ça. Il me sourit et repart en chantonnant. Pa si simplet en fait. C'était la vie japonaise au Népal.

 

  • Jour 13 -

 

Un allemand à la con lave ses chaussures sous le robinet avant de marcher !!!! Hallucinant !!! Chemin sans histoire et je retrouve Namche Bazar après 2.20 de marche, le lodge de Didi et un thé à la menthe pour accueil. Super repas spécial dans la cuisine : Plumpouding Bat Tartarin. Manche y Niger, les cafés internet son pleins, les gens déambulent, le café/salon de thé branché joue du mauvais rock.

 

  • Jour 14 -

 

C'est tout bouché ce qui veut dire pas d'avions aujourd'hui. Descente vers Lukla avec arrêt à Ghat pour le déjeuner. Le lodge est pile en face de la piste d 'atterrissage comme ça je serai le premier à voir les avions arriver. Dans le village rendu sordide par le brouillard, des trekkeurs désolés vont et viennent sans but précis, juste pour s'occuper. Certains sont déjà là depuis la veille.

 

  • Jour 16 -

 

Shit de Shit. Météo encore pourrie. Il a plu une grande partie de la nuit et je pensais que cela aurait lavé le ciel. Tu parles. Ce qui veut dire une journée de plus dans ce bled infâme. Heureusement, j'ai retrouvé Thieuloy « En route vers l'inde » et j'ai de quoi m'occuper. Il y a aussi les parties de cartes avec des anglais d'Oxford (ceux de l'avion du premier jour) et des discussions avec des Ukrainiens de Sébastopol (Crimée). Je m'amuse à voir les trekkeurs scrutant désespérément la piste vide, les mains accrochées au grillage (où se trouve la prison ????) moi je la vois du lodge je n'ai pas à me déplacer. Quelques vols d'hélicoptères courageux animent l'après-midi. Je croise les doigts pour demain.

 

  • Jour 17 -

 

OUAIS !!!! Super Génial top d' enfer de la mort !!!!! IL FAIT BEAU !!!!! Alors je vous dis pas l'effervescence dans Lukla ou il doit y avoir quelque mille trekkeurs en attente de repartir sur Kathmandou. Je boucle mon sac en 5 minutes et à 6.00 je suis prêt. Tout le monde a un grand sourire dans le lodge. ON SE CASSE !!!!!Et les cris de joie à l'arrivée du premier avion vers 7.30. Ils arrivent en rafale de 5 : Yéti Airlines et Agni. C'est la cohue vers l'aérodrome. A 8.00 la sœur de Finjo vient me prévenir que je peux y aller. C'est toujours comme ça, le calme et tout à coup faut se magner....Je vais directement dans le bureau de Finjo (responsable Agni Airlines ici à Lukla) , je passe devant tout le monde et j'embarque et je n'ai même pas de billet (non sans lui avoir donné les 170 roupies de taxe d'aéroport qui sont allées direct dans sa poche, service rendu?), il a du être vendu à quelqu'un d'autre. Je m'en fiche je me casse et je suis dans l'avion avec un groupe d'anglais. Le décollage est géant avec saut dans le vide et 24 minutes et 7 secondes plus tard (vérifié sur le tableau de bord de l'avion) nous atterrissons à KTM.

Toutes les personnes avec qui je discutais, avec qui j'ai passé ces dernières heures, ces derniers jours, ont disparu de ma vie en une seconde comme la vue de l'Everest il y a peu de jours. Ces visages, ces langages, ces histoires racontées resteront-elles ou s'effaceront-elles aussi rapidement que la plupart des émotions ressenties durant ces 15 jours ???? Que va-t-il rester au juste des visions, aussi sublimes soient -elles, des montagnes exceptionnelles, des paysages grandioses ? La mémoire ne gardera que quelques souvenirs pour ne pas s'encombrer de détails accessoires.
Kathmandou, Thamel, je parcours dans tous les sens les rues congestionnées, polluées et assourdissantes (il faudrait supprimer l'option klaxon des voitures népalaises) mais, si je croise plusieurs fois les mêmes visages, ce ne sont jamais ceux que je connais. Les trekkeurs rencontrés durant ces 15 jours seraient-ils devenus invisibles, perdus dans la foule? L'hôtel Moonlight me sert de refuge et je me replonge dans le livre de Thieuloy, accroché au pare-chocs de son combi WV pour ne rien perdre de son aventure .............

 

  • Jour 18 -

 

Dernière journée à KTM. Je retourne à l'Alliance Française pour leur offrir un exemplaire du « Voltigeur de la lune » de Thieuloy, un Monde diplo ainsi qu'un Science et Vie récupéré dans l'avion . Au passage j'essaie de me faire offrir un t-shirt du magasin Yamaha de KTM mais que dalle (d'ailleurs ils n'en ont peur-être même pas...). Talle n'aura pas son souvenir. Je retourne à Thamel par Durban Square et comme j'arrive par le côté autochtone, je n'ai pas à payer la taxe/racket réservée aux touristes; je peux ainsi admirer encore une fois les merveilleux temples anciens de la ville et cette ambiance si particulière qui règne autour de ces bâtiments. La villes est bien calme aujourd'hui; c'est normal c'est le week end qui commence nous sommes vendredi après-midi et cela fait un bien fou.

Le patron de l'hôtel vient me voir et me demande si je veux bien laisser ma chambre à une famille indienne (ils dorment par terre; c'est bien la peine de mettre des lits...). Je dis ok contre le repas du soir gratis il rigole et top là....Du coup, je me retrouve dans la partie propriétaire de l'hôtel et ma chambre ressemble plus à une chambre d'amis. Des moines bouddhistes officient à l'étage au dessus avec moult bruits de clochettes, trompettes et chants; ça donne une ambiance ....Cela fait deux fois que je dors « chez » des népalais; voudraient-ils m'adopter ??? Je ne sais pas si je suis prêt à ce mode de vie.

Dernière promenade nocturne dans Thamel apaisée; je rencontre les deux Ukrainiens de Lukla et nous discutons au milieu du carrefour : les motos, les voitures nous tournent autour, des vendeurs ambulants nous proposent des couteaux gurkas mais nous n'avons personne à tuer ce soir.

Dmitri tend une roupie on nous répond de la donner à un mendiant. Il me dit de passer à Yalta pour gouter son fameux muscat blanc « Red Stone ». Il aurait servi à fêter le partage du monde entre Staline, Roosevelt et Churchill. N'auraient-ils pas trop abusé du nectar avant de prendre leur décision????? Nous nous quittons sur ces bons mots.

 

  • Jour 19 -

 

Encore une matinée, c'est samedi/dimanche et la ville est tranquille. Je rends visite au bouquiniste de Thamel, je lui achète quelques livres sur le Tibet, le Ladakh et le Népal. Un vieux monsieur Japonais est là aussi et il a l'air tout content des ses achats. Nous parlons de livres, de bouquinistes et il me raconte un peu sa vie et ses heures passées à chercher des livres dans le quartier de Tokyo où 500 bouquinistes se sont rassemblés dans des boutiques minuscules et qui proposent chacun des sujets différents ( dans 10m² ça doit pas être évident).

C'est le départ, le taxi vient me chercher. Nous traversons Kathmandou rapidement, le circulation est fluide. Je continue ma distribution de bobs Yamaha, après le personnel de l’hôtel, le chauffeur de taxi aura droit au sien puis le douanier. L'ambiance est décontractée. Un premier avion pour Calcutta , transfert rapide, un deuxième pour Dubaï ou je dors avec les immigrés à même la moquette de l'aéroport. Vers 5.00, le chant mélodieux du muezzin me réveille et ce temple de la consommation devient la plus grande mosquée du monde. Enfin, le troisième pour Paris. Dans 6.40 je suis là-bas et tout ce bazar est terminé.

 

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Je m'en vais de Paris

je quitte le bouillonnement humain et culturel de la ville

mais je me rends où ????

je ne sais pas vraiment

dans la vacuité intellectuelle de deux villes abandonnées

Tarascon/Beaucaire

villes mortes ?????

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16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 12:29

Au fond, les petites Dolomites; la Brenta coule vers Venise ? La place est calme et l'église est fermée; St François se refait une beauté. Je quitte le groupe et sur une autre place attenante je tombe sur une réunion d'anciennes  voitures de course, comme si tous les modèles réduits de mon enfance se trouvaient rassemblés en un instant : pure magie, pure bonheur ! Ces formes voluptueuses, ces noms historiques, tout revient comme un flot de souvenirs oubliés. Le décor est somptueux, rehaussé par ces maisons Rennaissance. Je me promène sur ce parking caressant ces pur sang, humant l'air chargé de cet odeur d'huile chaude parfumée au ricin. Je peux entendre le cliquetis des échappements qui refoidissent lentement. Un homme dispose délicatement un rectangle de plastique sous chaque carter ; ces dames ont leur vapeur. D'ailleurs il fait chaud, très chaud et ces vieilles mécaniques sont sensibles et fragiles. Je continue ma promenade vers le pont des Chasseurs Alpins, recouvert d'une splendide construction en bois sur presque cent mètres de long. Les pieds, en bois également, ont la forme de navires posés au  milieu du fleuve. Au delà, les collines sont recouvertes de forêts et de maisons élégantes. L'Italie me charme un fois de plus et je me laisse faire avec bonheur.
L'après-midi, nous partons vers le sommet de Grappa. La route est sinueuse, montagnarde et l'air se rafraîchit en atteignant les 1200m. Dans le restaurant qui nous accueille pour midi, une charmante dame va nous donner un cours de cuisine ; comment faire les "coiffes d'évêques" ? La pâte, les diverses farces et après une heure de travail, nous aurons la joie de manger notre labeur. Déliceux, bien sûr !!!!! Sans oublier la truite à l'escabèche, un canard à la venitienne (servi normalement le troisième dimanche de juillet)  accompagné de poivrons marinés au vinaigre balsamique et comme dessert sabayon glacé aux copeaux de chocolat et nougatine, un pur délice !!!!! J'ai reçu comme tout le mon diplôme de stage et un tablier de la maison. Trop drôle....
Le retour a été épique. Le bus n'ayant pas pu monter jusqu'à ce repaire gourmand, nous avions fait l'aller en taxi.
Pour redescendre, des clients du restaurant nous ont proposéde nous emmener....en pick-up...au départ prévu pour 5 personnes maximum, nous voila entassésà 10 sur la plateforme, bien enthousiastes après ce déliceux repas et ces non moins délicieux vins italiens et comme le chauffeur connaissait quelqu'un sur la route nous voila à faire un petit détour pour ne pas rater l'occasion de gouter un autre fameux vin italien de leur réserve personnelle.
L'ambiance devient de plus en plus décontractée . L'autre partie du groupe, beaucoup plus sage, nous attendra un peu mais sans paniquer .....
Le lendemain matin, dans une atmosphère plus calme, un café. Un vieil homme arrive, la serveuse le salue d'un "Cavaliere". Il s'installe tranquillement pour déguster son petit déjeuner. Tout à coup, j'ai envie d'écouter "So What" de Miles. Cela serait tellement beau dans le silence de ce préau immense et un nuage d'énergie flotterait au dessus de nous.

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