Bizerte

Lundi, dernier jour pour découvrir la Tunisie. Ils vont à Carthage, je choisis Bizerte.
Après avoir erré dans les carrefours et demandé plusieurs fois mon chemin, je trouve enfin la gare routière nord et le taxi collectif qui va m'y emmener. Il n'attendra pas d'être complet pour partir; il reste une place !!!!
Une vingtaine de minutes et plusieurs ronds points pour sortir de la ville puis c'est l'autoroute dont la péage est franchi à toute vitesse. Quand je pense que les bornes de télé péage françaises se gaussent de laisser passer les véhicules à 40km/h; la Tunisie a déjà de l'avance.... On verra pourquoi plus tard....
Le paysage ondule doucement, prairies vertes ou en fleurs mais pas ou très peu d'arbres. Quelques villages épars mais pas de grande agglomération entre Tunis et Bizerte. La pluie nous accompagne un moment mais elle s'est arrêtée à l'approche de Bizerte. Au péage, le chauffeur discute avec l'employé... Mais de quoi ???? La gare routière est à 1km de la ville que je parcours à pied dans l'avenue des garages et matériels industriels.

Je traverse le pont mobile qui enjambe le canal et permet à des bateaux de 75m de large d'accéder au lac et à sa zone portuaire. Je longe le quai et ses rares pécheurs. Plus loin, un immense panneau annonce la création d'une marina de 3000 places.

Les travaux ont commencé en 2009 et devaient être finis en 2012. Mais la révolution a eu raison de ce projet pharaonique et le chantier est totalement arrêté. Le port qui devait accueillir yachts de luxe et voiliers reste immanquablement vide et ce rêve de riche ne verra pas le jour. Qui s'en plaindra ??? Certainement pas la population qui attend encore les promesses du nouveau gouvernement.
Sensation étrange d'être le seul touriste dans la ville. Je ne croise aucun visage étranger. Le pays entier semble s'être arrêté en 2011 : boutiques, restaurants et magasins laissent leurs devantures fermées. Des immeubles neufs offrent des façades aux volets clos. Des hommes désœuvrés boivent des cafés en terrasse quand ils ne s'enivrent pas dans des bars aux vitres teintées mais qui vous accueillent avec des grands sourires quand vous osez franchir la porte pour déguster une bière et devenir complice de ces instants de liberté.

Le port est charmant qui décrit un bel arc de cercle dans la ville. La Kasba est entourée d'une fortification qui date du 18°. On y rentre par une porte étroite et le sentiment de "rentrer chez quelqu'un" est si fort que je ne m'attarde pas longtemps dans ses murs.

Montée au fort des "Andalous" que le guide annonce comme "ne se visite pas" et pourtant si. Comme quoi....Très belle vue sur la ville et calme absolu.

Je redescend tranquillement par la médina toute petite mais où des artisans du bois et du fer s'y affèrent (rue des Menuisiers). Un cheval attend sagement sa cargaison.

Les rues de la ville sont envahies de marchandises : jour de marché et belle ambiance ! Jus d'orange chez des barbus souriants et promenade tranquille dans la ville jusqu'à la gare.

Je veux rentrer en train. Je fais bien car la motrice diesel entièrement recouverte de cambouis doit dater de la guerre et le ralenti de son moteur ressemble fort à celui d'une vieille locomotive; quand aux wagons, ils sont si déglingués qu'il faut faire attention à ne pas se blesser aux bouts de ferrailles qui dépassent. Mais le trajet de retour est superbe car il fait tout le tour du lac et offre des paysages merveilleux. A chaque passage à niveau ou entrée de village le sifflet retentit longuement et donne au voyage un air mélancolique. A l'approche de Tunis, la voie devient une décharge, les cailloux frappent les vitres et l'un des militaires qui se trouvent derrière moi ferme les fenêtres ouvertes en me disant : "Les pierres !". Nous longeons des quartiers plus pauvres. Finie la poésie du rail, la ville offre sa dure réalité. Un peu plus de deux heures pour ces 100km; la gare se trouve place de Barcelone et il ne me reste plus qu'à affronter pour la dernière fois la séquence "Ligne 5 du tram" mais c'est une autre histoire.....

Les nouveaux trains coréens ................................................................... et chinois (yeux bridés)  pour les naveteurs tunisiens... un peu de confort