A peine j'ouvre les yeux – film tunisien de Leyla Bouzid -2015

Tunis, 2010, Farah est une jeune chanteuse dans un groupe et les paroles qu’elle proclame haut et fort sont bien là pour dénoncer l’état dans lequel se trouve son pays. C’est bien la dictature de Ben Ali qui est visée et ce n’est pas pour plaire à tout le monde. Sa mère a beau la mettre en garde et lui faire promettre qu’elle va cesser ces activités c’est plus fort que tout et Farah préfère s’enfuir quitte à cadenasser sa mère chez elle plutôt que de rater le concert où elle va pouvoir s’exprimer. Ce pouvoir va malheureusement la rattraper et lui faire comprendre assez violemment les règles à suivre.

Quel merveilleux film où la musique prend une part si prépondérante dans les cris que produit cette jeunesse cadenassée et où le peuple subit et obéit. Cette mère magnifique qui retrouve en sa propre fille ce qu’elle a du mettre de coté durant sa propre jeunesse, ce père absent qui aide au mieux sa fille quitte à renier ses principes fondamentaux. C’est toute la société tunisienne que décrit Leyla Bouzid dans une délicatesse infinie. Les trahisons, les mensonges, les souffrances sont exprimées d’une manière incroyable par cette jeune actrice qui chante aussi bien qu’elle porte son rôle en reine. Du cinéma qui transporte loin, de l’autre coté de la méditerranée et qui peut servir d’exemple.