Passages de Georges NAVEL – Gallimard 1991 – 336 pages
Après son autre livre « Travaux », paru en 1945 et relatant sa vie de vagabond des routes à la recherche de tout travail lui permettant d’être libre, ‘Passages’ revient sur sa vie de gamin en Lorraine (Madières exactement) puis celle qu’il a vécu à Lyon pendant et après la guerre de 14-18.
Document passionnant sur cette époque et relatée à travers les yeux d’un enfant, Passages nous apprend tellement de choses qu’il n’est pas seulement un récit mais un condensé d’histoire.
J’apprends par exemple que des enfants qui vivaient près des zones de combats et privés d’école étaient envoyés en Algérie dans des familles d’accueil pour poursuivre leurs études.
Retour à Lyon quand il sait que ses parents y vivent après avoir, eux aussi, quittés une Lorraine dévastée par la guerre. Commence pour le jeune garçon l’apprentissage de la vie et marquant une réticence de plus en plus grande pour l’école, va plonger dans l’univers du monde ouvrier.
Document passionnant sur la vie ouvrière, mais pas que, en France pendant et après la première guerre mondiale. Les métiers, les rues, le ambiances, les luttes et la naissance des syndicats et des notions aussi incroyables que le végétalisme. Oui, ça existait déjà à cette époque mais dans l’idée de pouvoir cultiver son jardin et de ne devoir rien à personne dans une option libertaire.
Il en ressort quand même que les conditions de vie du monde ouvrier sont dures et que les familles s’entassent dans des logements exigus, que les salaires sont minables à part pour les ouvriers spécialisés et qu’il faut tout le temps se démerder pour s’en sortir. Il y a plein d’usines et de petits ateliers qui fabriquent de tout pour un monde en pleine révolution avec l’arrivée des véhicules à moteur : voitures et motos. J’imagine des villes noires, envahies de poussières de charbon dues au chauffage et des cheminées des usines et l’espérance de vie ne dépassait pas 60 ans. Mais c’était la vie à cette époque en France, il y a donc un siècle.
Passages se lit comme un feuilleton passionnant et on saisit parfaitement ce qui a forgé le caractère de l’auteur et l’a mené sur le chemin de l’insoumission et de l’écriture.