Le voyage à vélo de la Méditerranée jusqu'à Paris en 2025 - troisième partie : Parthenay >> Paris

Y’a plus qu’à pédaler jusqu’à Bressuire et Bressuire, je ne sais pas si vous savez comme moi qui ne le savais pas juste avant,c’est pas loin de la Vendée et la Vendée, c’est une région qui a sévèrement morflé durant la révolution pour cause qu’ils étaient plutôt royalistes et la révolution, elle a pas beaucoup supporté ces gens là donc beaucoup de bâtiments et particulièrement les églises ont été détruits.

Tout a été reconstruit aux 18 et 19éme siècles et c’est pas terrible. Donc, Bressuire, je passe rapidement. La VV continue vers Nueil les Aubiers et là vous allez me croire ou non, j’ai sorti la boussole pour me diriger ; aucun panneau mais c’était assez facile : plein ouest et ça a bien marché. Après Maulevrier, je rejoins le petit lac du Verdon où je fais une belle pause. Super.
 

Reste plus que quelques km pour aller à Cholet, la ville des petits mouchoirs. Les Warmshowers ne seront là qu’à partir de 18h00 et j’ai le temps de flâner. Une belle place ornée de grands parasols rouges, des gens en terrasse, une bonne ambiance. Mes hôtes sont arrivés et je peux les rejoindre. Super accueil chez Marion et Jean Marie tous deux dans le monde de la musique, elle claveciniste et lui professeur de musicologie. On peut pas rêver mieux. Nous discutons musique autour de la bonne bière Piautre que j’ai apportée et qui sera suivie d’une autre car ça fait juste quand même une seule bouteille pour 3 et j’ai même droit à un petit morceau de clavecin. Classe et enchantement. Merci Marion.

Deux-Sèvres/Maine et Loir - 85/560

3 Juin, direction Angers chez Suzanne, une cycliste qui m’a déjà accueilli. Choix de petites routes blanches par les Mauges pour rejoindre la Loire à Chalonnes. Je traverse la Loire et me voilà sur la fameuse EV6 qui la longe depuis St Nazaire jusqu’au bout du monde (Budapest). La vache, c’est une vraie autoroute à vélo, y’en a partout, des lents, des rapides, trop, des carrioles, des vélos, des vélos, des vélos………..en fait, y’en a trop !!!! c’est pas cool. Juste avant de l’emprunter, j’ai rencontré deux gars sur un tandem qui faisait la même erreur que moi de l’autre coté du fleuve, du coup, nous roulons ensemble jusqu’aux portes d’Angers. Deux mecs vraiment sympas. Nous nous arrêtons à une guinguette à La Pointe. Vraiment chouette cette pause et cool de partager un bout de chemin avec d’autres personnes, moi qui navigue seul depuis presque un mois.

Petit tour dans Angers . La ville est vraiment magnifique et animée, la chaleur aidant. Tout le long de la Loire, cela n’a été que bars, guinguettes et gens profitant des ces beaux moments de soleil. A l’office de tourisme, je demande le chemin pour rallier Trélazé chez Suzanne...c’est facile, c’est tout droit….mais 5km quand même. La dernière fois, je m’étais totalement perdu et elle était venu me chercher.

Suzanne m’accueille toujours aussi chaleureusement dans sa belle maison. Tiens, elle a un compagnon. Elle me dit qu’ils se sont rencontrés sur une site appelé « Amour Bio ». Je le crois pas ce truc, eh bien si...ça existe. Ce qui est marrant c’est que Denis avait mis plein de critères qui se sont révélés inutiles car Suzanne ne correspondait pas et pourtant….Il est super prévenant et ils voyagent à vélo et attendent qu’elle prenne sa retraite (fin septembre) pour partir sur un long trajet. Je leur souhaite plein de bonheur. Repas dans le jardin et belle soirée.

Le lendemain, 4 juin, il pleut encore mais moins que cette nuit où ça a bien dégringolé. Faut s’habiller. Denis m’accompagne un bout de chemin après m’avoir fait visiter son T4 de toute beauté . Pour un véhicule de 30 ans c’est pas mal !!! Et je continue seul vers La Suze sur Sarthe.

Un mixte de petites routes blanches et voie verte m’emmène à Villevêque. Petit marché pour s’approvisionner chez une maraîchère bio en concombre, fraises (pour ce soir) et miel de sarrasin.

La route suit le GR35 dans un méandre du Loir. Absolue tranquillité, je ne rencontre aucune voiture. Lézigné et Durtal pour la pause du midi. Il y a un beau jardin près du château imposant. C’est parfait. Une belle VV longe la nationale jusqu’à La Fléche mais faut tout de même trouver le départ… pas évident...comme souvent. Dans un champ de maïs, un jeune ragondin se tape la cloche avec des feuilles fraiches. Trop sympa. La Flèche , c’est mignon mais l’office de Tourisme à déménagé et aucun panneau pour l’indiquer. Je ne manque pas de leur signaler comme le départ de la toute nouvelle VV qui conduit à La Suze. Ça n’a pas l’air d’intéresser le gars de l’office qui se contente de vendre des souvenirs...Tout comme le vélo d’ailleurs. Na Fout !!!!

Enfin je me démerde pour la trouver derrière une zone commerciale et c’est parti. C'est vraiment tout neuf et le gravillon n'est pas encore bien tassé, ça ralenti un peu le cadence mais quand un vélo élec tente de me dépasser, je m'empresse de dire au gars qu'il triche un peu et nous entamons la conversation. Il veut savoir d'où je viens et combien de km par jour et tralala...il récupère sa voiture à un parking et je continue seul. La Suze, j'ai le temps d'un petite bière au café et au SuperU loca, je tombe sur une cave à bières de dingue! Je ressors avec une St Feuillien Grand Cru....du délire je vous dis. parfait pour les Warmwhowers de ce soir.

Maine et Loir/ Sarthe - 92/390

Après une belle soirée en compagnie de Bruno, acousticien haut de gamme et de sa compagne Cécile et la St Feuillein, le jour se lève sur un ciel gris. Petit marché génial où je fais provisions de crêpes, fromages et pain. Paré pour la suite du voyage !

Et la prochaine étape c’est où ??? LE MANS !!!!!

Je rêve de rouler à vélo sur une partie de ce circuit mythique, moi qui le côtoie depuis si longtemps. Mon père travaillait dans une entreprise pétrolière et quand elle fournissait le carburant aux véhicules, il avait des invitations et c’est comme ça que j’ai pu assister assez jeune à cette course. Je me souviens particulièrement du bruit rauque et envoûtant du V8 de la Corvette qui passait devant les stands. J’y suis revenu souvent mais à l’occasion du Bol d’Or et des 24 heures du Mans motos. En 1988, mes copains Pascal et Gilles qui travaillaient à FR3 nous avaient obtenu des accréditations pour les 24 Heures voitures, l’année où la Jaguar à gagné. Le record de vitesse absolue est établi sur la ligne droite des Hunaudières par Roger Dorchy avec 407 km/h sur une WM P88 à moteur Peugeot. Ce record ne sera probablement jamais battu, du fait de la construction de chicanes au milieu des Hunaudières en 1990. Plus prudent. Afin de vendre sa nouvelle voiture, la 405, Peugeot, dans ses pubs, annoncera 405 km/h.

Donc à moi de rouler à une vitesse bien plus raisonnable mais quel panard !!!!! L’émotion est à son comble car la course a lieu dans 15 jours et les préparatifs vont bon train. Installation des protections dans les virages et peintures sur les abords de la route. Mulsanne, Arnage, ligne droite des Hunaudières , que je n’emprunte pas, trop de trafic de camions à cette heure et puis j’arrive au Musée et c’est l’heure de la pause…. Vélo cadenassé, sacoches rangées dans un casier, je peux pénétrer dans l’antre magique. Très peu de motos mais des bagnoles en pagaille et une expo retraçant l’histoire de Mc Laren...un grand moment de plaisir……...voilà……..Ici Le Mans, à vous Paris.

Le temps se gâte et c’est sous une pluie battante que j’arrive chez les cyclos de ce soir à St Aubin les Coudrais, pas loin de La Ferté Bernard. Une maison perdue dans la campagne mais qui mérite d’y venir tellement Carole et Christophe sont ravis de vous accueillir. Christophe cuisine (très bien) pendant que Carole regarde la 1/2 finale de Roland où la française tente de résister à Coco. Peine perdue mais beau parcours tout de même. Super soirée à échanger sur nos vies et nos histoires respectives, c’est quand même plus sympathique que de se retrouver seul dans une une chambre d’hôtel ou dans un tente sous la flotte !!!! Les Warmshowers sont extraordinaires  !!!

Matin...plus de pluie… Je retrouve Christophe au petit marché de producteurs de La Ferté… achat de délicieux fromages de brebis goûtés chez eux et du pain. Ça tiendra jusqu’à la fin du voyage. Pas grand-chose à voir sur le chemin à part la belle église du 13éme de Ceton et c’est comme cela qu’on sait que les guerres de religion n’ont pas touché cette région car les bâtiments religieux n’ont pas été détruits. La Beauce montre son petit caractère de campagne. Heureusement, Frazé vient rompre cette monotonie avec son château et sa belle église. Eure et Loir et montagnes du Perche, enfin montagnes, restons modeste. Il ne reste plus qu’à rejoindre Chartres, mon étape du soir. J’ai choisi l’option hôtel pour être tranquille et visiter la ville à mon aise. Dix kilomètres avant d'arriver, je peux voir les deux flèches des clochers pointer à l'horizon. On ne peut pas se perdre.

J’ai juste oublié que c’est le samedi de pentecôte et que les cathos vont débarquer en masse. On parle de 5000 traditionalistes et 19000 pèlerins….Putaing, je suis cerné. Heureusement, ils font leur raout à l’extérieur de la cathédrale et je peux la visiter peinard mais je n’y connais pas grand-chose en art gothique et Flo me vient en aide pour regarder ce qu’il ne faut pas louper comme les statues colonnes exceptionnelles. L’intérieur a été restauré mais sans ostentation, peintures sobres et pierres blanches. Les 176 vitraux du 12éme et 13éme siècle sont incroyables mais tellement hauts qu’il faudrait des jumelles pour les observer. Certain y ont pensé et puis c’est chargé et un peu fouillis, dur à décrypter. Les statues, c’est plus facile.

Le tour du chœur en pierre (16/18éme siècles) fait presque 150 mètres de long et retrace la vie des parents et du type qui a dit que tout le monde devait s'aimer. J'ai pas l'impression qu'il ait été bien compris. Il est mort pour que dalle. Des bonnes sœurs y croient encore. La flèche de droite fait 103m et date du 12éme....

On voit bien la différence entres les statues romanes (12éme) et les plus récentes gothiques dans le drapé des tissus et l'expression des visages...c'est plus figé. Ils sont pieds nus alors que les plus anciennes ont des chaussures.

98/670

La matinée est passée et je repars de la ville vers Houdan. Je vais suivre l’Eure le plus longtemps possible jusqu’à Dreux mais sans rentrer dans cette ville moche et catho à souhait. On se souvient de de cette ville et l’apparition du FN (Après l'annulation de l'élection municipale de mars 1983, l'élection partielle qui suit, le 11 septembre 1983, voit le retour à droite de la ville avec l'alliance inédite du RPR et du Front national qui remportent l'élection avec 55,3 % des voix. Le secrétaire général du FN, Jean-Pierre Stirbois, devient maire-adjoint chargé de la sécurité. L'alliance ne sera pas reconduite lors des élections suivantes).

C’est durant cette partie du voyage que m’est arrivé le pépin le plus grave même si le plus bref. Alors que je parlai avec un monsieur pour m’assurer du chemin, son chien a fait demi tour et est venu me gnaquer le mollet. Oh putain, j’ai hurlé comme un fou plus sur le chien que sur son maître mais le pauvre vieux ne maîtrisait pas grand-chose. Il est reparti la tête basse. Cette saloperie de Border Coolie mérite bien sa salle réputation. Au prochain village, je m’arrête dans une boulangerie demander si il y a une pharmacie dans le coin et on me donne tout de suite de quoi désinfecter. Ça va, ce n’est pas trop grave, il n’a pas planté ses crocs dans la chair, du coup, je m’achète un éclair à la pistache et une brioche pour le Warmshower de ce soir. 

Pause au bord d’un petit lac où il y a assez de vent pour plaire aux véliplanchistes. Avant d’arriver à Houdan, le petit village d’Orval m’accueille mais il n’y a pas un bar pour en déguster une...un vrai scandale !!!!!!

Houdan, je suis reçu chez Antoine et sa famille. Il avait répondu instantanément à ma demande d’hébergement et je sais pourquoi, c’est un sacré voyageur à vélo : Le Caire > > Le Cap…. Rien que ça, plus un retour en France depuis Marrakech soit 20000km en 19 mois alors forcément, il a des choses à raconter et visiblement que des belles aventures ou alors il cache les mauvais moments mais je ne crois pas…chapeau bas jeune homme. Une très belle soirée d’échanges.

Le voyage d'Antoine à travers l'Afrique

Mon pote Michel habite à 13km de Houdan mais il n’était pas là hier soir, ce qui m’a donc permis de rencontrer Antoine et ça ne me prend vraiment pas beaucoup de temps pour faire le trajet. Un peu de thé pour Laurence et un bon fromage du cantal et j’arrive tout frais et dispo dans leur belle maison. Michel est un ancien collègue de travail du temps de la moto. Il en fait toujours, pas comme moi et il m’a invité à rouler avec lui pour une traversée des Alpes en intégrale : Thonon > Menton au mois de septembre. Olala, moi qui ne fait plus que quelques centaines de km par an, le voilà qui me propose 2000km d’un coup… il va falloir que j’en parle à Craquotte (BMW R100R de 1993 et 170. 000km) elle est à la retraite comme moi. Depuis un bon moment, c’est plutôt à vélo que je fais mes voyages mais je pense que ça lui fait plaisir et surtout de ne pas rouler seul. Journée tranquille à ne pas faire grand-chose. C’est ce qui faut pour se reposer.

Encore une étape avant Paris. Encore des amis sur le chemin, Catherine et Thierry mais Thierry est en Bretagne alors Catherine seule. Pas beaucoup de surprise sur ce trajet, quelques bosses minimes à part une belle montée entre Villiers St Frédéric et Neauphle-le-château à un petit 8% mais grimpée sans problème et le plaisir de rouler dans un paysage de campagne jusqu’au bout de la route à Bailly puis c’est la ville, les villes qui se succèdent. Le voyage se termine doucement, demain Paris et c’est fini.

Yvelines / Hts de Seine / Paris - 55/590 ....................1200km et 9790m+

Ce merveilleux voyage n’aurait pas été possible ou d’une toute autre manière, sans les amis qui m’ont accueilli tout le long du chemin, Mas Barral, Lodève, Toulouse, Chamberet et Parthenay et bien sur, la géniale communauté des cyclistes de Warmshowers à St Yriex, Saulgond, Melle, Cholet, Angers, La Suze sur Sarthe, St Aubin des Coudrais et Houdan. Qu’ils ou elles soient cyclistes tranquilles ou grands voyageurs, c’est la passion du vélo qui nous réunit. Je voyage seul car il est très difficile de trouver un compagnon ou une compagne qui dispose du même temps, qui accepte les conditions parfois un peu rudes de ce genre de voyage mais j’ai vraiment apprécié le bout de chemin fait avec ses deux garçons sur leur tandem. Quant au merveilleux pays traversé qu’est la France, je ne me lasse pas de découvrir ses merveilles, ses paysages, sa ruralité, ses surprises quotidiennes et je me dis que j’ai encore beaucoup de chemin à faire avant d’en avoir épuiser ses richesses. C'est pas la peine d'aller à l'autre bout du monde. 

Les rencontres ont été formidablement enrichissantes et bienveillantes comme d’habitude et quand on me dit que je suis fou de faire ça, je réponds que être fou ce n’est pas du tout ça et même si on en bave un peu au début par manque d’entraînement, le forme arrive vite et le plaisir devient permanent à tel point que le voyage fini, on se dit qu’on pourrait bien continuer encore pour 1000km.

Pour le vélo : un rayon cassé....