Profession du père – Sorj Chalandon – Grasset 2015 – 316 pages
L’histoire de la jeunesse d’un garçon, Emile, dans les années 60. Son père est très violent avec lui et considère sa femme comme de la m…. Les coups pleuvent à chaque bulletin de notes et non seulement brute, ce père s’avère un mythomane comme il en existe peu dans ce genre : inventeur du nouveau franc, Pinay lui a piqué son idée ; espion, agent de la CIA, instigateur de l’attentat manqué contre de Gaulle au Petit Clamart : » c’est passé à ça…. !!! ». Il est partout, il a tout fait, champion de judo, de football, parachutiste, la liste est trop longue à tel point que lorsque le professeur lui demande : « profession du père …. » on lui suggère : « sans ».
Le malaise est permanent dans ce livre où la manipulation, les mensonges, les pressions sont tels que l’enfant n'a d’autre solution que de reproduire sa vie sur celle d’un ami incrédule devant les exploits du père magnifié car s’est le seul moyen pour Emile de survivre dans ce cauchemar permanent jusqu’à l’absurde.
L’écriture est sobre, belle pour décrire cet univers de folie. Sorj Chalendon n’est jamais dans l’exagération mais dans le récit minutieux d’une vie où la construction de soi se fait grâce au dessin devant une mère absente et qui ne sait dire que : "Tu connais ton père…. ".
Le livre se lit comme une course folle et j’imagine bien Emile sur les traces d’Antoine Doinel dans une époque où la France vivait des moments de troubles mais où les enfants semblaient aussi plus libres de leurs mouvements. Fortement conseillé !