CRY FATHER – Benjamin Whitmer – Gallmeister 2015 – 318 pages – Traduction Jacques Mailhos
Depuis notre naissance, au moment où nos yeux se sont ouverts sur le monde, nous avons navigué en permanence entre celui que nos parents nous ont appris et celui que nous avons façonné avec nos propres visions et désirs. Conflit de génération oblige et création de notre propre univers.
Jusque là tout va bien et puis surgit le monde de Benjamin Whitmer et nos certitudes prennent un peu de plomb dans l’aile (et pas que). Qui sont ces gens ? Dans quel monde naviguent t-ils, car en même temps fascinés par la description de ces vies totalement déglinguées, on ne s’imagine pas un instant les fréquenter, trop imbriquées dans une histoire qui échappe totalement à notre propre vision du monde, un monde à peu près cohérent, stable et qui nous permet de vivre dans une relative sécurité.
Mais les protagonistes de Whitmer sont totalement déconnectés, réagissant comme des animaux qui semblent leur apporter le seul réconfort possible mais qu’ils arrivent aussi à ne plus respecter. Patterson tente désespérément d’oublier la disparition de son fils, Junior la vie pourrie que son père lui a infligé, et quand ces deux là vont se rencontrer, l’assemblage va donner un cocktail plutôt détonnant. C’est un enchainement de situations, de dégoût de la vie, de questionnements incessants qui envahissent les personnages et les lecteurs que nous sommes, ébahis par la violence qui surgit comme le vent de sable empêche de voir où l’on marche.
Mais c’est un livre admirable qui décrit de façon incroyable la dérive de la société américaine et de celles dont on ne nous parle pas encore.