Deux films peut-être plus à l’affiche mais à ne pas oublier
Howard Zinn – une histoire populaire américaine
Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs. Issu de parents immigrés avant la première guerre mondiale (père austro hongrois et mère russe, ils se sont rencontrés dans une usine), Howard Zinn est né en 1922. Durant la deuxième guerre, son expérience de pilote de bombardier le fait devenir un fervent défenseur de la paix et de la désobéissance civile.
Le film revient sur les luttes des ouvriers pour des conditions de travail décentes. Il insiste énormément sur le fait que ces épisodes de la vie de ce pays ont tous ou presque été effacés de l’histoire officielle. Ce pays n’est pas, comme on le prétend, un pays qui s’est fait dans le consensus général mais bien par la répression des nantis sur la classe ouvrière et comme le dit si bien un certain Rockefeller : » Il ne faut pas qu’ils pensent qu’ils peuvent gagner en faisant grève. » Et des grèves il y en a eu beaucoup, de celles des enfants réclamant le droit d’aller à l’école, de celui des femmes, de celui de tous les travailleurs qui mourraient au travail et dans une misère noire. Mais répression, harcèlements, expulsions, assassinats, procès truqués, exécutions, furent le quotidien des dirigeants syndicaux de l’époque.
Des images d’archives, des photos étayent les propos et nous renvoient à une époque où l’ouvrier n’était qu’un corps de travail et pas vraiment un humain.
Film indispensable pour donner sens aux luttes actuelles qui ne sont que la continuité de celles menées un siècle auparavant contre un capitalisme à la voracité inépuisable.
Le labyrinthe du silence – Giulio Ricciarelli
Allemagne 1958, quand un journaliste (Thomas Gnielka) vient dénoncer la présence d’un ancien nazi comme professeur dans l’école de son fils, le jeune procureur (Johann Radmann) présent est le seul à se montrer intéressé par la nouvelle, ses collègues tournent simplement la tête pour ne pas avoir à se mêler de ces propos. Cet acte va donner naissance au Procès de Frankfort où, en 1963, 22 anciens soldats ayant séjourné à Auschwitz seront jugés pour crime. Ce film courageux montre le combat qu’à du mener ce jeune procureur devant l’inertie (pour ne pas dire autre chose de plus dur) de l’administration allemande à rechercher ces coupables.
« Mais ils ne faisaient qu’obéir aux ordres »
Car des coupables, l’Allemagne de cette époque en est remplie. Ce ne sont pas moins de 8000 soldats qui sont passés dans ce camp et les témoignages des prisonniers survivants sont sans équivoque. Torture, meurtre, violence et sans forcément obéir à des ordres de supérieurs. Comment un être normal peut-il devenir bourreau ? Fouille merde diront certains mais d’autres voient dans cet acte courageux une manière de réveiller la conscience d’une Allemagne qui a trop facilement oublié son passé.