Deux films : Les chansons que mes frères m’ont apprises et Le tout nouveau testament
Les chansons que mes frères m’ont apprises – Chloé Zhao – USA 2015
Réserve de Pine Ridge, Dakota du Sud, les indiens Lakota y vivent. La réalisatrice, Chloé Zhao y a séjourné quatre années avant de faire ce film. Les acteurs sont pour la plupart des non professionnels résidant sur place mais ils sont tous incroyables de naturel et d’aisance devant la caméra, certainement grâce à la complicité qu’a su nouer Chloé Zhao avec cette communauté.
Ce qui frappe tout d’abord c’est le sentiment de misère qui y règne : mobile homes qui semblent abandonnés et pourtant on y vit, population ravagée par l’alcool pourtant interdit mais que l’on vend en cachète. C’est là qu’intervient Johnny, c’est son business pour mettre de l’argent de coté et fuir ce monde mais son père meurt dans l’incendie de sa caravane et les liens familiaux vont se reconstruire car peut-il laisser sa petite sœur Jashaun (aussi merveilleuse que ce prénom aux sonorités enchanteresses) et sa mère alcoolique seules. Il fréquente la fille d’une famille voisine qui a décidé de continuer ses études à Los Angeles et il veut l’accompagner pour la protéger. Mais s’il s’en va, qui va protéger sa famille à lui ?
Dans ce questionnement permanent sur l’avenir des ces communautés (où Jashaun représente la 7° génération par qui elles vont revivre), leurs traditions leur permettant de faire le lien entre le passé et l’avenir, les rapports entre les différents membres de la tribu, Chloé Zhao offre un film simplement admirable où tout les éléments ont une valeur intrinsèque, autant les paysages filmés comme des havres de paix que les réunions où les rodéos qui représentent l’espoir de beaucoup de ces jeunes (la scène de classe est tout simplement hallucinante).
Dans cet environnement pourtant hostile, Chloé Zhao filme l’espoir, la beauté et l’amour dans une fluidité et une émotion permanente. Magnifique !!!
Le tout nouveau testament – Jaco van Dormael – Belgique 2015
Depuis l’adolescence, je savais que Dieu était un salaud car les prières que je récitai tous les soirs pour empêcher mes parents de divorcer n’ont eu aucun effet (sur les conseils du prêtre de l’école qui avait eu cette phrase : « Mon pauvre petit » car il devait déjà savoir que cela ne servirait à rien). C’est d’ailleurs depuis ce jour que je n’ai plus cru en ces conneries.
C’est ainsi qu’est décrit Dieu dans ce film, comme un gros pourri que ne cherche qu’à emmerder l’humanité en inventant tous les emmerdes qui vous gâchent la vie, toutes sortes de maladies, de catastrophes et de guerres. Benoit Poelvoorde est admirable dans ce rôle, odieux avec sa femme et sa fille, l’autre fils ayant voulu faire l’intéressant tout ça pour terminer cloué sur un cintre.
Mais sa fille Ea ne l’entend pas ainsi et va se révolter contre la tyrannie de ce père, trafiquer son ordi et envoyer à tout le monde la date de son décès. Ca va mettre un peu la pagaille. De plus, elle fuit la prison familiale pour trouver des apôtres à ce nouveau testament sur les conseils de JC, son frère.
Bruxelles (car Dieu habite Bruxelles bien sur) filmée de manière magistrale, des acteurs envoutés (Yolande Moreau, Catherine Deneuve, François Damiens…) des paraboles largement interprétées, des gags hilarants, des situations cocasses, des rencontres magiques, des piques qui envoient sèchement, des plans sublimes…..Un film extraordinaire qui donne la pêche et propose des images absolument merveilleuses. C’est que du bonheur. Courrez-y, moi je vous le dis !!!!