Voyage en Roumanie - 2° partie

Lundi :

 

Le col de Prislop (1416m) marque la frontière entre Bucovine et Maramures. Il ne se franchit pas aisément à tel point que les armées de Trajan n'arrivèrent pas à dépasser cette barrière naturelle. L'empire de Rome n'allât pas plus loin. Cette région de Roumanie a donc gardé son patrimoine et Ceausescu lui même laissât ses habitants vivre avec leurs traditions et n'ordonnât pas de détruire ou de suivre le principe de "systématisation " qui fit tant de ravages dans ce pays.

Le temps est maussade ce matin et contrairement à ce que semble signifier les billets que nous possédons, il n'y a pas de place assise pour nous dans le bus pour Borsa. Tant pis, nous commencerons le voyage debout et les sièges se libérant peu à peu, nous finirons pas en avoir. C'est tout de même moins fatiguant. Privilégié, je finirai à côté du chauffeur avec le panorama qui défile devant mes yeux.

Borsa, ville minière sans charme: les nouveaux riches du coin se pavanent en Hummer et Triumph Rocket III . Juste le temps de sauter dans le bus pour Sigheti Marmatiei.

Les villes s'étendent sur des kilomètres et proposent toutes les laideurs possibles. Peu à peu la campagne prend le dessus; un peu de vert.

 

 

                                         Sigheti : belle surprise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les bâtiment bas et colorés rappellent une époque baroque et plus heureuse. A l'auberge de ce soir, tenue par un anglais et sa femme roumaine (de l'eau dans le gazzzz), nous rencontrons nos premiers voyageurs : une Porto-Ricaine (qui s'en va en Hongrie), un Canadien de Vancouver ( avec un putain d'accent et qui continue sur l'Ukraine et Odessa) et une famille d'ex Allemagne de l'est (qui vont faire la traversée des Monts Fagaras à pied). Nous échangeons nos récits de vie autour d'une bière et d'une bouteille de vin à l'abri d'un auvent pendant qu'un orage violent s'abat sur la ville et ruine notre projet de barbecue.

 

Mardi :

 

Constat : la nuit a été dure pour beaucoup et ça gratte sévère ce matin. Mon lit était infesté de punaises. L'anglais, navré de cet incident, dû peut-être au choix d'équiper son gîte de lits en paille, décide de fermer pour traiter le lieu. Nous évacuons vers un autre hôtel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La matinée est consacrée à la visite du "Mémorial aux victimes du Communisme et à la Résistance". Il n'existe qu'un lieu de ce genre dans le monde et son parcours prend au moins trois heures pour prendre conscience des dégâts causés par ceux qui avaient décider de faire du bien au peuple. Centres de détention (la prison de Sigheti et son triste palmarès), de tortures, travaux forcés (le fameux Canal de la mer Noire qui n'a jamais été terminé et qui n'a été qu'un pretexte pour éliminer les opposants), envoi de quelques 30000 juifs sur les 50000

 

que comptaient la ville dans les camps allemands. Les autres s'enfuirent. Ils ne sont que 50 aujourd'hui. La carte représentant l'implantation de ces camps dans le pays en dit long sur la détermination des dirigeants successifs. ils furent de très bons soldats aux ordres de Moscou. Ceausescu fut comme une cerise amère sur la gâteau et les Roumains ne sont pas enclins à parler de cette triste période.

 

 

L'après midi, un nouvel orage nous bloque encore à l'auberge et nous passons le temps à parler avec nos copains de voyage.

Nous proposons à un taxi qui nous emmène à l'hôtel de nous promener en Maramures les deux jours suivant, étant impossible de trouver une voiture de loc dans cette ville. Nous tombons d'accord sur un prix et il viendra nous chercher demain matin à 9.30. Parfait !!! Voiture avec chauffeur s'il vous plaît ......

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mercredi :

 

Super nuit à l'hôtel Buti. Ioan est là comme prévu. Première journée consacrée à la découverte de la belle vallée de la Mara et ses églises en bois aux fresques intérieures : Desesti ( jugement dernier et longue flamme rouge sortant de la gueule du dragon (1521) , Budesti, Sarbi et Calinesti.

 

 

 

Première impression, les Maramures sont un peu moins bien tenues que la Bucovine. Palissades en métal et non plus en bois à part quelques belles anciennes aux branches tressées. Maisons moins colorées mais population toujours aussi souriante et accueillante. Les clés des églises sont chez les habitants de la maison d'à côté et il suffit de demander pour qu'ils viennent les ouvrir. Ils attendent alors patiemment que nous ayons terminé notre visite pour refermer la porte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les villages, des arbres à casseroles attestent de la présence "d'un fille à marier". Le nombre de casseroles qui pendent à l'arbre voudrait-il dire qu'elles attendent toujours le prince charmant ???? A vérifier......

 

Nous terminons la journée par la visite du "Cimetière Joyeux de Sapanta" qui, malgré l'afflux de touristes, vaut largement la visite.

                                                                                                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Déambuler parmi toutes ces tombes décorées de peintures naïves est loin d'être macabre et les histoires racontent soit la vie de la personne soit la façon dont elle est morte. Tous les métiers sont représentés comme les formes de mort les plus fréquentes. Pensée émue au visage triste de buveur solitaire.

 

 

 

 

 

 

Jeudi :

 

La vallée de l'Isa est moins belle que celle de la Mara mais ses églises peintes sont parmi les plus splendides :

 

Ieud : homme chevauchant un lion                                                 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poïenile Izéi : dragon crachant le feu et tortures infligées en enfer. Ca rigole pas.....

                                                                                                                                             - Des clairs obscurs à la Veermer -

 

A Ieud, nous visitons le petit musée ethnographique tenue par une dame qui nous explique la chaîne complète de la fabrication des vêtements; du champ de chanvre aux divers instruments qui le transforment peu à peu en fil à tisser , jusqu'au métier d'où sort un beau tissu aux motifs simples. De beaux objets en bois également comme les belles cuillères et ce beau presse purée bien pratique à utiliser mais pas à transporter.....

 

Vendredi :

 

Ne pas écouter tout ce que l'on vous dit sur la fréquence des bus et l'endroit d'où ils sont censés partir. Notre bus pour Baïa Mare (non, nous ne somme pas partis en Amérique du Sud) ne part qu' à 13.00 heures et c'est en face le Carrefour (je rêve !!!) qu'il faut aller le prendre. Fini la gare routière on dirait !!!. Trois heures à attendre alors, comme d'habitude, nous en profitons pour observer les allées et venues des gens et la vie qui s'écoule dans Sigheti : couple de paysans en habit traditionnel qui viennent faire leurs courses à la ville, chauffeurs de taxi qui viennent et insistent pour vous proposer leur service.

Au moment de prendre le bus, petit souci : il n' y a plus de place contrairement à ce que nous avait promis la guichetière. A force de palabres, nous avons le droit de voyager debout encore une fois. Mais pas de choix, notre train part cet après midi.

Un dernier col à presque 1000 mètres, le chauffeur aura passé son temps au téléphone mais la vitesse très réduite (pas plus de 25km/h) ne rend pas la conduite trop périlleuse....

Baïa Mare, grande ville de 145000 habitants, voitures et modernité. Le temps de faire un tour dans le tout petit centre ancien et l'heure de prendre notre train pour Bucharest arrive. Wagon lit première classe deux couchettes. Il faut bien ce petit confort pour affronter les 14 heures de trajet qui nous attendent cette nuit. L'ambiance est surannée et on pourrait surprendre James Bond dans le couloir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-  Salle d'attente de la gare de Baïa Mare -

 

La nuit sera rythmée par les secousses dues au rails déglingués; on a parfois l'impression que le train descend des marches tellement le bruit et les chocs sont violents. Heureusement, il y a des tronçons neufs et assez longs pour nous permettre de dormir une heure ou deux.

 

Samedi :

 

Bucharest, arrivée vers 7.30. Le taxi nous promène un peu pour rallonger la course. Nous ne sommes pas dupes. Hotel Berthelot pour conclure le voyage, le Carpati ne nous avait pas séduit plus que ça.

Visite du musée des Beaux-Arts; grosse déception: peu ou pas d'oeuvres intéressantes à part deux ou trois .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Même les Brancusi exposés offrent peu d'intérêt. De l'autre coté, Cranac'h, le Greco, Pourbus, Rembrandt et les Impressionnistes français nous rappellent la peinture. Ce pays a vraiment vécu de tristes moments pour ne pas avoir pu développer des arts autres que populaires.

Puis balade dans la ville à la découverte de nouveaux quartiers.

 

Dimanche :

 

Dans le hall de l'autel, un couple éméché rentre alors que je m'apprête à partir. Le taxi file à toute vitesse dans les avenues de Bucha. De la circulation malgré l'heure matinale. Les aéroports sont des no man' land internationaux coupés de la réalité de chaque pays. Mêmes boutiques, même luxe ostentatoire, tabacs et alcools hors du sens commun pour riches en transi.

Escale à Munich, deuxième avion pour Marseille, retard. Je rate mon dernier train mais des amis d'Arles viennent me chercher à la gare et me ramènent chez moi. Il est 22.30. Merci à eux.