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Le blog de didier falleur pensées nomades

Madère mai 2013

zedid

J’ai encore fait la rencontre de mondes parallèles. Le premier, le plus flagrant se situe dans un aéroport, lieu factice en globalité où le fait de s’envoyer en l’air ne vient même pas à l’esprit de la majorité de la population mondiale.

Les boutiques où tout est plus cher mais TELLEMENT chic, le duty-free à peine plus avantageux que votre supermarché local, les couloirs, les passerelles d’embarquement , les personnes qui vous disent bonjour à l’entrée de l’aéronef et qui vous servent à manger et à boire. Ca donne au moins du travail à certains.

Alors Madère, destination d’une décision tardive après l’annulation d’un autre voyage prévu au Maroc. Marre de tourner en rond chez moi et des congés à prendre.

Puis-je considérer ça comme un bon présage ? En tout cas, c’est la première fois que je le tente et le résultat est probant. Je demande au comptoir de la TAP si je peux prendre le vol qui précède le mien ça me ferait gagner plus d’une heure à glander dans cet aéroport. Bingo !!! L’hôtesse est charmante et avec l’accord de son chef me voilà parti. Je quitte Toulouse sous une pluie battante et à peine 8°. A Lisbonne déjà 12. On espère 16 à Funchal . L’avion transporte des sacs à dos et des chaussures de rando. Pas le seul à avoir eu cette idée on dirait.

Le portugais revient et sort naturellement de ma bouche comme une poésie retrouvée. 1 heure du mat’, le taxi me dépose à l’hôtel sans omettre de me taxer de 35€ pour un trajet de 20km : j’en fulmine encore mais pas le choix !!!!

 

Le lendemain, premier jour à Funchal. Je me promène dans la ville très animée : les rues touristiques et néanmoins charmantes du vieux quartier jusqu’au vieux fort qui domine la rade  et qui abrite un musée d’art contemporain. Au loin, une splendide goélette à trois mats me rappelle celle du Capitaine Troy dans la série de mon enfance «  Aventures dans les îles ». Le voyage a bel et bien commencé. Dans une grande avenue, salon du livre jeunesse accompagné par une délicieuse chanson de Chico Buarque ; le brésil n’est pas loin. Jacarandas en fleurs bleues tout à fait surréaliste !!!

 

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Marché des Laboureurs

 

 

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Jacarandas en fleurs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’apprends qu’Oscar Niemeyer a crée un hôtel ici. Il faut que je traverse la ville mais je ne peux pas rater ça. Il est là, tout en courbes, posé sur un jardin tout aussi bien dessiné. Peu de hauteur, pilotis de rigueur tel un immense vaisseau qui ondule vers la mer. Piscine paysagée et entrée qui me rappelle « Playtime » de Jacques Tati : on regarde le plafond et en suivant le dessin on retourne d’où on vient. Ha ha ha ! Accolé, un petit casino qui reprend les formes de la cathédrale de Brasilia. Tout Oscar Niemeyer dans deux bâtiments. Magique !!!! A coté, les constructions modernes  ne ressemblent qu’à des blocs de béton posés là par des promoteurs. Où est la grâce ??

 

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Je reviens tranquillement par  la « beira mar » et son port où les bateaux de croisière quotidiens déversent leurs cohortes de touristes en shorts et casquettes, voiliers sans voile et flot incessant de bus qui arrivent et qui repartent à grands bruits de freins. Un réseau très dense permet de rallier les villages les plus reculée de l’île. Pratique !!!! Rien que pour expérimenter  ses bus et ses dénivelés de fou, il faut venir au moins une fois à Madère : mieux que la foire du trône !!!! Dévaler des pentes aux virages dignes  du Grand Bornand et grimper des cotes aux pourcentages inimaginables, ce sont des sensations assurées par un prix « service public «. Trop cool ! Je me suis surpris, comme d’autres touristes, à sourire allègrement à la vue de ce spectacle peu commun à tout point de vue. C’est Volvo qui fournit le matériel. Sacré pub !!!

 

2° jour : temps gris et bruine ; idéal pour tester ma première « levada ». Départ de Camacha retour sur Funchal (24km). Premier contact avec ce réseau de canaux d’irrigation qui fait le tour de l’île ; on dit plus de 2000km. De quoi faire ! C’est facile, il suffit de suivre : on suit les contours de l’île, on s’enfonce dans les vallées et peu à peu la civilisation s’efface pour laisser place aux forêts d’eucalyptus, aux maisons simples, aux terrasses cultivées. Toutes ! Pas une laissée en jachère, pas un espace abandonné car malgré les apparences, l’île de Madère n’est pas uniquement peuplée de riches. J’ai lu un article dans le journal dénonçant que certaines personnes avaient tout juste 20€par mois pour vivre.  Je comprends mieux l’acharnement à cultiver le plus de choses possibles sur ces petits lopins de terre. Survie en jeux ! L’eau, au moins, dévale gratuitement !

 

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J’arrive à Monte. L’attraction locale c’est la descente en traineau dans la rue en pente forte (toujours) mais à 25€ par personne !!!! Non merci ! Le jardin botanique, je visite pas. Je continue ma descente à pied à travers une forêt puis c’est de nouveau la ville et son quartier cossu.

Ce soir je dine au resto de l’hôtel ; une serveuse est brésilienne et nous avons sympathisés. Je l’ai reconnu à son accent trainant alors on se met à parler. Nous rions de retrouver des termes « tipicamente brasileiros » comme « geladeira » et non » frigorifico » et « Ta bom » plutôt que « ta bem ». Le patron aussi est sympa et la nourriture excellente. Pourquoi chercher ailleurs ?

 

3° jour : Cap à l’ouest : Cabo Girão

 

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Dans (sous) les vignes de Madère                                                       Ils savent faire des murs en pierres sèches ici

 

Plus haute falaise d’Europe (580m). Sa plateforme en verre offre de belles sensations pour ceux qui ont le vertige. Les cris fusent ….Je trouve un chemin parallèle qui évite la route et retrouve la levada plus loin. Un homme travaille à son jardin. Pour engager la conversation, je lui demande si je suis sur le bon chemin. Et la conversation s’engage donc naturellement. Il me raconte qu’il prépare la maison de ses parents.

«Ils habitent sur le continent. Mon père à 90 ans alors je l’aide un peu. Vous allez au bar ? (O Pinheiro)

« Oui »

«  Ah, ça fait trois heures d’ici. Si vous voulez, vous pouvez monter à Serra mais ça fait plus loin ».

« Je m’arrête au bar »

« Au revoir »

« Merci »

On se serre la main. Au fameux bar, je croise des touristes vus un peu plus tôt. Je descends. Un homme porte un immense fagot qui le cache presque entièrement. Je veux lui demander si je peux couper pour éviter la route. Il pose son fagot et commence à me raconter sa vie, où il vit (la maison d’en bas) avec sa femme et une chèvre …..Puis il me parle en français, pays où il a vécu 25 ans à faire tous les boulots possibles. Mais maintenant, il vit avec sa petite retraire de France. Il se débrouille.

« Oui, le chemin aboutit à la route et à l’arrêt de bus. Vous verrez ».

Je suis rejoins par les touristes du bar (ils sont descendus par la route….). Arrivés à l’arrêt, le temps de m’enquérir dans une maison de l’horaire de passage, les touristes se sont engouffrés dans le premier taxi qui passait. Quels cons, le bus suit à 2 mn ! Alors je prends le bus et il me ramène à Funchal. Tranquille !!!!!!

 

4° jour : Objectif Pico Ruivo

 

Il n’est pas facile pour un marcheur solitaire de rejoindre le point de départ de cette rando. Pas de bus mais des taxis et je ne veux pas renouveler l’expérience du premier jour alors je décide d’intégrer un groupe via une agence. Mal m’en a pris. Il fait un temps pourri et plus on approche plus c’est pourri et tout montagnard a déjà deviné que le sommet n’est pas accessible aujourd’hui.
Bizness is bizness,  vous savez bien. Alors, après nous avoir bien fait constater que nous ne « pouvions pas décemment vous faire marcher dans ces conditions » (mon cul !! après plus d’une heure de bus) nous faisons demi-tour et on nous propose une balade pour vieux fatigués. Il se fout de notre gueule ce guide mais les autres ont l’air d’accepter ça de bonne humeur… Au bout d’une demi heure de marche si lente que je me demande si je vais pas m’endormir et tomber dans un fossé,  au milieu d’allemands, d’américains découvrant les bananiers, la canne à sucre,  les ignames et autres plantes « incroyables », je m’enfuis  en courant et je dis au guide que je les retrouve à l’arrivée. Ouf !!!! Seul !!!! Plus de blablas et de sourires niais.

 

5° jour : les sommets, enfin !!!!

 

Ca y est, le ciel est dégagé, on voit les sommets. Je vais enfin rencontrer les montagnes de Madère !!! Bus 9h00, avec Horarios de Funchal (la compagnie…). Le chauffeur est super sympa et comme il voit le sac à dos, il me demande où je vais et m’indique alors le meilleur endroit de départ (qui s’avèrera ne pas l’être mais bon….). Ah,  il faut que je vous raconte une histoire sur ce chauffeur de bus. D’abord  il est sympa et c’est peut-être pourquoi il se fait contrôler par deux « fiscais » sur le trajet. Eux sont gros et laids. Car durant le trajet dont un dépassement en côte d’un autre bus (les moteurs Volvo en ont dans le coffre je vous disais bien….) je m’aperçois qu’il ne fait pas forcément  payer les vieux qui montent et qui descendent au prochain arrêt pourtant, ils tendent leur monnaie au chauffeur. Je le lui fais remarquer et il me répond :

«  Bien c’est normal non, c’est un service. Ils sont vieux et ne peuvent pas marcher longtemps et les contrôleurs ne viennent jamais si loin. Quand ils vont loin, ils payent mais pas là »

« Très bien » je dis…..Il est trop cool ce chauffeur. Il me dépose à Curral das Freiras

 

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Maintenant c’est la montagne. Le sentier part tout de suite raide dans une immense forêt d’eucalyptus. L’odeur est forte et envoutante. J’arrive à un col et je vois le Pico Ruivo sur ma droite mais je vais à gauche vers le col d’Encumeada. Faire l’AR me prendrait trop de temps. Tant pis pour le sommet de l’île. Une autre fois (faudra que tu reviennes alors….). Le temps se couvre sur les sommets. Ambiance majestueuse. Solitude apaisante. Panorama grandiose. Fantastique journée !!! Je tente quelques rahouèttes mais la carte n’est vraiment pas assez précise. Je rentre en stop. Très peu de bus dans cette région.

Dernière soirée au Syrius, demain je change d’hôtel en vue du départ matinal du surlendemain. Pas question de me faire arnaquer de nouveau et  je me rapproche le plus possible de l’aéroport. Filet de « Espada » accompagné de bananes cuites et le patron m’offre un verre de son « aguardiente ». Vache, ça arrache son truc !!!

 

6° jour : São Lourenço

Je dépose mon sac à l’hôtel de  Santa Cruz. Charmante bourgade si tranquille à coté de l’agitation de Funchal : plage de galets noirs, petit marché couvert, terrasses accueillantes : le bonheur total ! Je prends le bus pour la pointe : plein à craquer !!!! Je ne vais pas être seul !! Mais même si elle attire les touristes,  cette pointe désertique est une pure merveille. On se sent vraiment au bout du monde et les vues sur les « Desertas » (îles au loin) ainsi que celle de Porto Santo (autre île, habitée celle là) vaut le coup. Cela fait une très belle balade au milieu de l’océan.

 

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7° jour : Porto da Cruz par Boca do Risco

A  lire le topo guide que j’ai, cette rando est « super engagée » et » vous mets les tripes à l’envers ». Ah bon ? Intéressant! Renseignements pris auprès de quelques guides rencontré(e)s (t-shirt ‘la Balaguère’ ou autre) elle ne donne pas de souci, juste ne pas être trop sensible au vertige car la falaise est escarpée. Bon ben on y va alors.

Un bus pour rejoindre le point de départ (je commence à connaitre le coin) et c’est parti. Au col, la vue est immense sur une grande partie de la côte nord de l’île ; c’est grandiose !

 

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En effet on devine le sentier qui court le long de la falaise mais cela n’a pas l’air trop effrayant ! C’est même tranquille à part peut-être un petit passage où il s’est effondré, le sentier ne présente aucune difficulté pour quiconque a un tant soit peu l’habitude de la montagne. Génial du coup, j’en ferai l’aller et le retour. Mais surtout l’arrivée au village de Porto Cruz est un grand moment de bonheur. On plonge tout à coup dans le siècle passé avec des constructions qui rappellent encore l’époque coloniale et une ambiance apaisante. Je casse la croute sur la plage de galets. Je croiserai le groupe de randonneurs de mon hôtel avec la guide qui n’avait pas voulu me dire ou elle allait exactement. Cachotière va !!!!!

 

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Dernière soirée sur l’île. Demain réveil à 3h30 pour l’avion. Bye bye Madère. Au plaisir de se revoir.

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