Double Peine
Je te quitte
elle me dit
et dès lors, nos chemins amoureux se sont séparés non sans provoquer
la grande tristesse de l'oubli de ses moments intimes.
Après une période de répulsion
mais tout de même modérée, le choix n'étant pas le mien
j'admettais sans objection profonde ma part de responsabilité dans ce nouvel état de fait,
des contacts furtifs furent renoués.
Des tentatives de reconstructions couplémentaires échafaudées
avec des personnes rencontrées ça et là lors de surprises ou des parties de jambes en l'air sans lendemain.
Mais pour moi, cela sentait le réchauffé ou le brusquement refroidit si bien que je revenais à la case départ
c'est à dire : seul.
De son côté, trimballée dans un amour impossible avec un flamand trop attaché à son patrimoine,
elle finit par renoncer à la possibilité d'une île outre quievraine et rapatrie ses billes dans la capitale parisienne.
Notre relation prend alors un nouveau départ; une amitié fraternelle, mélange de soutient, de dialogues,
de point de vue échangés et magnifiés par les voyages et les randonnées si nombreuses
que les kilomètres parcourus ensemble semblent plus forts que leurs absences.
Et je me sens bien dans ces moments distanciés mais jamais vraiment car il me suffisait d'appeler ou de recevoir
un appel pour me retrouver auprès de cette amie de si longtemps et il n'était déjà plus question de corps enlacés
mais bien d'esprit ou de pensées communes.
Le dernier voyage en Roumanie nous a enchanté : si loin de tout, de nos références, de nos rythmes et pourtant à un vol d'oiseau de l'Europe opulente. Nous avions déjà projeté sa suite vers l'Ukraine après une timide approche de sa frontière insolite.
Et voilà que paf ! dans la gueule ! Octobre 2011, la phrase qui tue : "Nous devons mettre une distance dans notre relation".
Une distance ? Mais quelle distance ? Nous habitons déjà à 700km l'un de l'autre, nous nous voyons à peine plus de 3 ou 4 fois par an et il faudrait mettre encore plus de distance ?.
Je te quitte une deuxième fois mais la punition est sévère. Autant notre relation de couple ne se justifiait plus autant notre relation amicale ne semblait pas présenter de drame.
Mis devant le fait accompli, la décision unilatérale de rompre le dialogue, je me sens de nouveau puni injustement.
C'est comme si on m'empêchait de parler avec mon meilleur ami. Déjà que je n'en avais pas des tonnes et cela me manque à tel point que j'ai l'impression de me refermer encore plus. Le pire c'est que je suis assez discipliné pour respecter sa décision : je n'appelle plus, ne prends plus de nouvelles.
Comment peut on accepter la disparition de quelqu'un qu'on aime alors que l'on sait qu'elle n'a pas disparu ????