Centauro V10 - 1ère partie - lettre à Louis

Le Guzzi revit

Laissé à l'abandon ou presque depuis 4 années dans un garage offert à tous les vents et aux rigueurs du climat, il attendait patiemment, se chargeait de poussières et se ridait peu à peu.

Alors, tu dois le savoir, fatigué de voir notre bébé à l'arrêt, j'ai pris la décision de m'en occuper, Avec un ami motard de Beaucaire (il roule en Harley mais personne n'est parfait mais il est très sympa quand même, la preuve, il accepte de transporter une italienne), nous somme venus la chercher avec sa camionnette et hop, direction Boussagol dans le Lauraguais. Boussagol c'est le nom du concessionnaire Guzzi et le Lauraguais c'est la région où il habite, pas loin de Rodez. Je n'avais jamais mis les pieds dans ce coin de France, le Rouergue !!! tu parles, le bout du monde ou presque.

D'après ton père, Alain Boussagol est «Le» spécialiste Guzzi et plus particulièrement du Centauro qui demande des connaissances spéciales. Alors, je lui laisse, et je lui donne tout le temps qu'il faut pour le remettre en état. Ce qu'il fit donc.........

Un jour je reçois un message qui me dit : «Votre Guzzi est prête». Ouah !!! mon cœur a bondi, mes yeux ont frétillé, mes poils se sont hérissés sur ma peau. J'allais enfin pouvoir récupérer la bête après cette opération à cœur ouvert.

J'avais d'abord envisagé de faire le voyage avec des amis afin de fêter dignement l'évènement du style on part ensemble, on passe une nuit sur place et le lendemain on fait la route du retour. Mais bon, pas facile d'accorder l'emploi du temps de tous et après de multiples tergiversations , j'y suis allé seul.

Départ un train vers 7h00, un changement à Toulouse où j'en profite pour prendre un verre avec un ami Ducatiste car le train suivant ne part que dans une heure.

Deuxième train pour Capdenac-le -Haut, tranquille, voie unique, qui se prélasse doucement dans le campagne verdoyante du printemps. J'arrive vers 15h00, on vient me chercher car pas de transport depuis la gare.

Voilà, le Centauro est là, prêt à rugir de nouveau, un coup de démarreur et le son rugueux du twin se fait entendre... Super !!!! Le temps de régler la note, d'acheter une sacoche de réservoir car il n'y a rien de prévu pour les bagages sur ce pur-sang, de remercier vivement Alain pour son super boulot, c'est à moi de jouer.....

300 bornes pour rentrer; je prends peu à peu mes marques, la position de conduite légèrement sportive un peu penché sur l'avant. Le moteur est rempli, les sensations arrivent vite et la confiance aussi et je me surprends à enquiller les grandes courbes à bonne vitesse. Tout baigne... (et le disque d'embrayage aussi qui doit recevoir de l'huile du spi de vilebrequin et ça patine vers 4/5000 trm).

Le viaduc de Millau apparaît au loin telle un goélette blanche flottant dans la vallée. Alors qu'à l'aller il se dévoile au dernier moment, au retour il se voit de très loin et c'est d'autant plus beau. Je le franchis respectueusement, conscient de l'insolence de naviguer entre le ciel et la terre au milieu des haubans majestueux.

Je quitte l'autoroute pour le route cévenole typique : bosses et virolos à souhaits. Le V10 se comporte honnêtement; un petit tout droit me rappelle à l'ordre. Cette moto demande de la brusquer un peu.

Je fais une pause au Vigan pour me restaurer, biscuits et tablette de chocolat bios. Je vais rentrer directement même si j'avais envisagé de faire le trajet en deux étapes mais il n'est que 19h00 et je serais chez moi vers 20h30. Il reste à peine 100km. Il fait beau et doux et j'ai tout mon temps.

Entre Le Vigan et Beaucaire, la route est facile à part Nîmes à traverser. J'arrive, des copines prennent un pot à la terrasse; je les rejoins et m'offre un bonne bière à côte deV10. .....Oufti, ça fait du bien....

Ce premier voyage s'est bien passé et en appelle déjà d'autres. Il ne me reste plus qu'à rallier Moulin de Redon pour présenter la bête aux compères.