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Le blog de didier falleur pensées nomades

Sao Paulo

didifricotin

J’ai pris mon sac et Roger m’a déposé dans le drôle d‘immeuble en coin : intérieur hôpital de carreaux bleus et blancs. Ils étaient là et on a diné ensemble : lasagnes à la mode vite fait puis des amis de Tony sont arrivés pour le chercher, des gens de théâtre. Je suis sorti avec eux. J’avais envie de me changer les idées, de voir d’autres têtes. Nous avons re-diné, des pâtes de nouveau et un peut de vin rosé que j’avais acheté. Puis le bar gay : « Chopp Escuro » et pas seulement le bar, c’est toute la rue qui vit comme ça. Une boite: « Homo-Sapiens ». Tiens, Marcio est là aussi ; il m’avait dragué sec chez Sheyla. Je me tape deux batidas de maracuja de quoi s’envoler un peu. Je suis bien. Nous rentrons, Tony et moi.

Tony est différent des autres danseurs, plus doux, plus intéressé aux évènements extérieurs. Je me laisse faire par son charme et sa tendresse, sa façon d’être et les caresses arrivent naturellement. Cela ne m’a rien fait même si mon sexe a répondu à son désir. L’homosexualité ne me tente pas mais il est des fois ou le relâchement autorise des possibilités. On s’est couché.

Le lendemain, la sonnette retenti et c’est la divine surprise. Sheyla (visiblement, je ne dors plus chez elle) est là tralala et qui je ne vois pas dans son dos : Christophe !!! Nous passons la journée à se promener dans Sao Paulo ensoleillée ce dimanche après-midi. Ibirapuera ; les motards barjes se font la course sur un parking et des trikes vévés font de roues arrière.

Nous quittons vite la Capitale pour Belo Horizonte ; pas fâchés de laisser ce monde un peu creux pour le passé du Brésil et sa culture. J’ai hâte de faire connaitre ce pays et mes amis qui y vivent à Xof. Voyage en bus dans le vent et l’été approchant ; la route superbe tourne dans une campagne merveilleuse et souriante. Peu avant d’arriver à Belo, c’est l’orage terrible et la route submergée en un instant. Le bus passe avec précautions. C’est le déluge et les éclairs nous entourent de toutes parts. C’est grandiose et immense comme le Brésil sait se défoncer.

Miguel nous accueille avec son sourire radieux. Kleber s’empresse de nous proposer un bon petit repas. Nous sommes à Belo Horizonte, capitale de l’état du « Minas Gerais » et pour changer,  je ne voyage plus seul. Xof’ nous donne des nouvelles de là-bas, de l’hiver qui arrive, des gens, de sa vie, de sa famille. Mais je suis loin de tout ça. Ma vie est ici en ce moment.
Ouro Preto (Or Noir). Dans le resto caverne ou nous dinons avec Xof’ Miguel et Milton, je deviens fou, je perds la tête. Elle est en face de moi, belle et désirable, me fait des signes et des sourires à faire bander le plus froid des innocents, son mec assis à côté. La caïpirinha m’a levé la tête dans des sphères célestes et lointaines. Je ne suis plus nulle part, je flotte dans une atmosphère de lucre. Femme énigmatique, je n’imagine que des moments de volupté avec toi. J’ai envie de te suivre dans les rues merveilleuses du village envahi par la nuit.

Je dormirai seul cette nuit, comme beaucoup d’autres nuits depuis longtemps vides.

Ouro Preto, les rues qui montent et qui descendent. Il n’ya que des rues qui montent et qui descendent dans cette ville. Finie  la platitude habituelle et quasi générale du Brésil. Les vieilles maisons conservées ou restaurées, les églises si richement parées d’or, sculptées, si différentes. Joyau d’architecture baroque de l’ère coloniale du brésil, le temps où l’or coulait à flot et venait enrichir les caisses des usurpateurs portugais.

Monter, descendre les rues pavées, les marches et les escaliers, les chemins escarpés et les églises de tous les côtés.

Nous trouvons refuge pour la nuit dans une « République étudiante ». Le lendemain, balade jusqu’à la « cascade des hirondelles », par un ruisseau qui nous rafraichit déjà, à travers des broussailles et un marais, puis enfin, au loin, nous apercevons des gens autour d’un point d’eau : c’est là …Et à la vue de la nature délirante nous nous extasions tous !!! Des rochers qui s’avancent dans le vide, de l’eau qui tombe dans des cavernes ou on pénètre pour se faire secouer par les chutes. Moment fort de communion entre nous et cette nature si généreuse. Le retour est plus facile par le chemin que nous avions manqué à l’aller. La Republica nous accueille et Ouro Preto pour le dernier soir tous ensemble. Xof repart demain seul pour continuer son voyage et la découverte du Brésil.

Sao Paulo - Décembre 1981

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