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Le blog de didier falleur pensées nomades

SOIRÉE AVEC CRAIG JOHNSON A LA LIBRAIRIE LETTRES VIVES

zedid
SOIRÉE AVEC CRAIG JOHNSON A LA LIBRAIRIE LETTRES VIVES
SOIRÉE AVEC CRAIG JOHNSON A LA LIBRAIRIE LETTRES VIVES

Voila, je suis chargé de récupérer Craig, sa femme Judy et la représentante des éditions Gallmeister à Avignon et comme je vais animer le débat de ce soir, cela va ma permettre de faire connaissance avec le père du shérif Longmire. Le cow-boy descend calmement les marches de l’hôtel et doit bien se baisser pour rentrer dans la voiture. Il ne quitte jamais son Stetson. Tout de suite j’engage la conversation et Craig se montre très aimable.

J’ai passé la matinée et une partie de la journée d’hier à visionner différentes vidéos sur ses interventions lors de rencontres dans des libraires lors de ses passages en France. J’apprends ainsi que c’est son seizième voyage ici et que sa femme lui a bien spécifié qu’en cas de refus de sa part de voyager dans notre pays il risque le divorce. C’est entendu ! C’est donc une véritable histoire d’amour entre cet écrivain et notre pays et cela devrait très bien se passer car c’est lui qui a choisi la Provence pour cette tournée promotionnelle qui fête la sortie du nouvel opus des aventures du shérif. Tant mieux pour nous !!!!

J’essaye de mettre à profit ce trajet pour définir un peu les termes de notre futur échange et je lui fais remarquer qu’en général, les questions se répètent et qu’il doit être un peu lassé de dire tout le temps la même chose ce qu’il acquiesce. Je lui dis aussi que j’ai bien ri quand le truand qui tente de se racheter confond mousquetaire et moustiquaire. Il me dit :

» Ah oui, Sophie (la traductrice) s’est vraiment cassé la tête pour trouver cette blague mais elle est extra !!!! ».

J’essaye aussi d'imaginer ce que ferait Walter s’il était confronté à un drame comparable à celui qui s’est passé à Colombine et il me répond :

» Well, Il y a peu de chance que cela arrive dans le Wyoming qui est un des états le moins violent du pays. Bien sur il y a des armes, mais c’est normal, ici tout le monde chasse. Mais une balle reste une balle et elle peut faire très mal. Je préfère m’intéresser au meurtre d’une personne plutôt qu’au massacre de 37 car cela permet à Walter d’aller dans les détails et de se focaliser sur des éléments plus fins et en rapport avec la vie. » On peut dons penser que Walter Longmire n’aura jamais à élucider ce genre de cas.

On arrive à Tarascon et Craig et sa femme s’extasient sur le château. Je leur fais un rapide historique et ils jurent qu’ils reviendront pour le visiter. Je leur assure qu’ils seront toujours les bienvenus.

18h30, la librairie est bien animée et des gens sont déjà là à attendre. Ça promet !!!!! On fait les présentations puis le débat commence. Je fais une rapide présentation de l’état d’où vient notre hôte : 251000 km², 563000 hab. ce qui fait 2.2 au km². Ça rappelle un peu la Lozère mais en beaucoup beaucoup plus grand… Vous imaginez une Lozère qui ferait la moitié de la Fran ??? On peut rêver. Il enchaine directement en notant qu’il y a dans la pièce deux fois plus de gens que dans sa ville qui en compte 25 et que le fait que lui et sa femme soient ici a fait baisser le nombre d’habitants de Ucross de 7%. Tout le monde se marre…je demande à Ekatarina des Editions Gallmeister qui les a mis sur la piste de ce Shérif et elle me répond simplement que c’est un agent. A ce sujet Craig nous dit que la traduction française et vraiment la plus fidèle à tel point que Sophie (la traductrice mais vous le savez maintenant) peut passer plus d’un mois chez lui pour s’imprégner de l’atmosphère locale. C’est dire le lien qui les unit et qu’elle peut aussi se chamailler plus d’une semaine avec Oliver (le patron des éditions) sur la traduction d’un mot. C’est dire l’implication.

Pendant plus d’une heure et demie, les échanges seront de ce type sans oublier de parler du dernier livre et des aventures pour ne pas dire des mésaventures du shérif. On évoque bien sur le coté mystique de cet épisode avec le retour de Virgil, ce géant Crow de 2.20 mètres et qui va épauler Walter dans sa poursuite.

Je lui fais remarquer qu’il fait subir à son héros des épreuves véritablement cauchemardesques et je lui demande jusqu’où il va aller dans ces épreuves ?

« C’est vrai, nous répond –il, et c’est pourquoi je l’ai fait grand et costaud sinon cela n’aurait pas été possible et à ce sujet je reçois des courriels de mes lecteur me suppliant de l’épargner un peu comme quoi tout le monde se fait vraiment du souci pour Walt et c’est tant mieux. En fait les lecteurs s’impliquent vraiment dans mes romans car ils leur arrivent de me demander plus de ci, plus de ça et même parfois plus de chien car une fois alors que je quitte la voiture en le laissant de dans je lui de ne pas tripoter les boutons de la radio mais en m’éloignant je lui dis aussi qu’il peut le faire s’il en a envie ».

Sur le coté protecteur du shérif qui tente par tous les moyens d’épargner ses collègues, il nous répond cela :

«J’ai visité plus de 20 bureaux de shérif avant de commencer à écrire cette série et ce qui m’a frappé le plus quand je parlais avec ces représentants de la loi c’est qu’ils disaient ‘mes gens’ (my people). «

De la différence entre le cadre du polar urbain et celui de la campagne profonde du Wyoming,

« Si quelqu’un se fait tuer dans une ville de 4 millions d’habitants personne ne va en faire écho ou si peu mais un mort dans une ville de 300 personnes c’est un drame car tout le monde ou presque connaissait cette personne c’est pourquoi l’enquête devient aussi personnalisée ».

Je lui parle de la liste de livres qu’il propose à la fin, enfin que Walter propose et que tous ses collègues vont proposer à Saizarbitoria (son fameux collègue basque) de lire. Il y a un très bel échantillon de littérature européenne de Zola à Dumas en passant pat Tolstoï et Dickens. Mais il y a aussi un très beau choix de littérature dite ‘Western’ comme Lonesome Dove et Enterre mon Cœur à Wounded Knee et je ne peux m’empêcher de faire l’éloge de cette littérature qui nous a tant appris et qui continue de nous apprendre sur l’histoire de ce pays fascinant.

« J’aime beaucoup ces livre et je suis d’ailleurs en contact permanent avec les écrivains comme Larry McMurtry et vous vous rendez compte, il a écrit son premier chez d’œuvre à 23 ans !!!!! Ouahou !!!! »

Une lectrice lui demande si Tony Hillerman a beaucoup compté pour lui ?

« Tony Hillerman a effectivement énormément compté pour moi. Il fut mon mentor. A ce sujet j’ai une anecdote à vous raconter. Dans le dernier ivre je parle du hibou comme un oiseau très important pour les indiens car il est une sorte de messager et donc très respecté par sa façon de voler la nuit et totalement en silence. Or, un soir alors que nous étions dans la maison avec Judy (sa femme) elle me dit soudainement de regarder dehors car il se passait quelque chose d’extraordinaire. Un hibou était posé sur les ramures du tipi de notre jardin en plein dans le centre que faisait la pleine lune et nous savions qu’il était entrain de nous transmettre un message. Le lendemain matin, nous recevions un coup de téléphone de la fille de Tony Hillerman nous annonçant son décès. Nous ne somme dans ce pays que depuis une centaine d’années ou guère plus. Les indiens, eux, depuis des millénaires et ils ont forcément beaucoup de choses à nous apprendre». On reste un peu scotchés.

Encore des propos sur l'humour, indispensable à la vie pour lui et tellement visible dans ses écrits et le temps qui file, déjà une heure et demie de discussion, Eric vient me le rappeler et nous passons aux dédicaces et les gens présents ne vont pas rater cette occasion pour échanger quelques mots avec Craig.

21h00, nous fermons la librairie et nous nous dirigeons vers notre cantine du soir, le MEO l’excellent restaurant étoilé de Tarascon. Toutes ces émotions nous ont ouvert l’appétit et ce que va nous offrir le chef va tout simplement nous éblouir. Quelques exemples :

L’endive braisée dans son jus, pâte d’herbe fraiche, cuisson montée à la truffe noire.

La pêche de ligne des petits métiers (filet de rascasse) cuite au charbon végétal, Komatsuna Bio de Raitestu San, parfum de Cîmes.

Le filet de pintade de M. Pons étuvé au foin d’Auvergne, crosnes à la noix, émulsion à l’ail fumé d’Arleux pour les ceusses plutôt viande.

Un peu de fromage tout de même.

Le Chocolat noir à la noisette sur un sablé muscovado mousse légère au gianduja et glace crème brulée

Le tout accompagné d’un toujours splendide Romanin 2001.

Voila…….On peut appeler ça une soirée très réussie. Merci Craig, les Editions Gallmeister et la Librairie Lettres Vives pour ces beaux moments. On remet ça quand ???????????????

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