Voyage à vélo vers le Grand Est avec quelques péripéties en plus
Ca commence à déconner dès la gare d’Avignon. Au moment de monter dans le train et alors que la contrôleuse demande à tous les cyclos de montrer la réservation vélo pour y accéder, je lui montre celle que j’ai faite via le site SNCF et elle me répond que ce n’est pas la bonne, il faut la réservation AURA. Non mais c’est quoi ce bazar ??? J’insiste mais rien n’y fait, elle me plante sur le quai et le train se barre….je suis fumasse et ce n’est pas fini car à l’espace vente pour tenter d’acquérir ce fameux sésame, qu’est ce qu’on me montre ? Un QR code !!! et qu’est ce que j’en fais de ce truc ???
Je préviens L. qui m’attend à Mâcon vers 19h00 pour lui dire que ce sera plutôt vers 22h00 mon arrivée et depuis chez elle, elle m’obtient cette résa qu’elle m’envoie par SMS….ouf !!!!
Trois heures à glander à Vignon, je vais rendre visite à mon pote Ric qui habite à coté de la gare… impek !
Enfin dans le train avec tous les ausweis nécessaires. Lyon puis Mâcon. Me vla rendu !
Cette étape à Mâcon est importante car le point de départ d’un rassemblement prévu dans le Puy de Dôme contre un nouveau projet de méga-bassines à Vertaizon ; 15 hectares d’eau pompée depuis l’Allier pour alimenter des cultures de maïs qui viendront nourrir des méthaniseurs ou partiront pour l’export et tout cela au profit de Limagrain, le 4éme semencier mondial. Il n’y a pas que Michelin dans le Puy de Dôme.
Vendredi départ pour Clermont où nous avons rendez vous chez des militants de notre association. Elle n’est pas la plus représentative de cette manifestation mais nous nous devons d’être présents au cotés de la Conf’ et des Soulèvements de la Terre.
Samedi matin, nous nous approchons doucement du point de rdv mais des keufs sont déjà disposés aux carrefours. Nous prenons un chemin de traverse pour arriver à une gare située juste avant Vertaizon.
Dix minutes de trajet et nous débarquons au milieu d’une foule déjà nombreuse, une ambiance du tonnerre et nous nous mêlons à ce beau bordel ambiant...Après deux heures de prises de paroles et de consignes, le cortège s’ébranle doucement et la vue des ces méduses géantes se balançant dans le ciel, des libellules et de l'anguille géante de 20 mètres et le bleu comme couleur de la manifestation, est un grand moment de bonheur. Des flics postés au carrefour que nous dédaignons et nous commençons notre longue déambulation dans la campagne. A quoi servent ces pantins ?
Nous nous dirigeons lentement vers l’endroit prévu pour la construction de la bassine, un champ légèrement en creux. L’idée est de l’encercler et les 6000 personnes présentes y arriveront en sachant qu’un terrain de 15 hectares représente une distance de 1,5km environ. L’autre idée géniale de la Conf’ est de planter des arbres et des graines qui rendront le maïs prévu impropre à la récolte car « contaminé « ! La lutte s’enracine au plus profond de la terre avant son soulèvement !
Un hélico gaspille du kérosène à nous surveiller et des flics ont sorti leurs jouets du garage comme ces motos trail qui sillonnent les sentiers sans jamais s’approcher. Tout se passe dans le calme et une atmosphère bon enfant. Qu’en sera-t-il si le projet prend forme ? Un autre Ste Soline ?
Le soleil tape fort, les peaux crament et nous nous réfugions à l’abri d’un bosquet pour une pause fraîcheur bien méritée.
Le retour à Vertaizon se fait doucement, le cortège s’étire sur des kilomètres...Retour au bercail.
Dimanche
Mon amie L. fait partie d’une association ciné à Mâcon et elle m’invite à la projection du film : » Le mal n’existe pas ». J’avais beaucoup aimé son précédent « Drive my car » et celui a l’air d’enthousiasmer et je confirme, film magnifique !!! C’est bien pour un dimanche matin.
Après midi balade dans la campagne et retour juste avant l’orage. Ouf !!!
La pause Mâcon s’achève tranquillement et il est temps de reprendre la route. Adios !!!
Lundi :
Le long de la Saône et sur la voie Bleue entre Mâcon et Tournus. C’est tranquille et j’ai même un petit vent dans le dos qui me pousse gentiment. Quelques cyclos mais pas plus. A Tournusss, visite de l’Abbaye St Philibert (Art roman XI et XII) et pause picnic à une table de resto fermé. Y'a aussi un étoilé à 130 balles le repas mais j'ai pas la tenue idoine.
Je quitte la voie bleue qui va vers Chalon que je veux éviter et la route traverse une campagne tranquille, défilé de bois, de champs et de pavillons, c’est la France rurale. J’arrive à Verdun sur le Doubs pour mon étape de ce soir. Chambre d’hôtes où les hôtes se feront invisibles ou presque. C’est pas dans le concept mais je n’ai rien trouvé d’autre. C’est lundi et tout est fermé et heureusement, la petite capitainerie du port offre de quoi se restaurer et la bonne bière triple locale me fait un grand bien.
Mardi :
Je quitte le gîte sans regret et bien trop cher pour ce qu’il prétend et je reprends la voie Verte/EV6 vers Seurre et St Symphorien où je quitte définitivement cette voie cyclable très empruntée (20.000 cyclistes par an : Nantes/Budapest). A Chamblanc, une grande banderole m'intrigue pas le message qu'elle offre : « Même blessé par mes voisins, je continuerai à vous nourrir ». J’ai fait des recherches sur internet sur ce village mais je n’ai trouvé qu’une histoire remontant à 2017 concernant des meules de foin brûlées ????????
Une petite départementale pour éviter un grand détour inutile de la VV que je rejoins à St Seine en Bâche...Auxonne, ville de garnison et c’est la pluie qui sonne à la porte. Je m’habille en conséquence et pour éviter un autre détour de la VV par la campagne, je décide de suivre la Saône et je tombe dans un véritable traquenard car la piste se transforme rapidement en véritable bourbier où je m’enfonce de 20cm...alors que je pousse vélo, je passe à coté d’un champ où paissent de belles rousses et les voilà qui viennent me voir accompagnées de leurs chef balèze. Trop drôles toutes ces têtes qui me fixent.
Je sors de la boue un peu avant Pontailler et j’appelle la dame du gîte de ce soir qui me dit qu’il n'y a rien dans le village pour faire des courses ou se restaurer mais qu’elle me laissera libre accès à sa cuisine. Je fais donc quelques courses dont une bonne bière de Sens que je connais déjà. La flotte m’accompagne jusqu’au bout de la route et j’arrive trempé mais je suis bien à l’abri pour la nuit. Papier dans les godasses et tout à sécher. Repas solo et dodo
Mercredi
Il a plu toute la nuit ou presque et encore ce matin mais ça ce calme et après un bon petit dèj, je peux repartir sous un soleil timide. Je retrouve la Voie Verte le long du Canal entre Champagne et Bourgogne où, à part trois cyclistes dames, je ne rencontrerai plus personne de la journée. Je suis encore en Cote d’Or et je vais passer en Haute Marne à Champlitte mais ce ne sera pas tout à fait comme prévu car à un petit croisement (pas sur ma carte) je me trompe et je me retrouve encore une fois dans des chemins de traverse mais pas aussi durs que la veille. Ça passe mieux et soudain je croise un chevreuil en train de traverser un champ et il se fige et me fixe durant de longues minutes. J’en profite et voyant qu’il ne bouge pas, je continue mon chemin.
Je sors de ce passage magique un peu avant Montigny où je fais ma pause déjeuner dans le parc de la Mairie avec l’accord du maire qui me dit : « Mais bien sur, c’est toujours ouvert ».
Champlitte, arrêt chez un viticulteur bio où j’achète un Pinot noir pour mon hôte WS de ce soir.
Encore des petits villages, un vieux panneau qui m’indique que je repasse en Hte Saône et la pluie qui revient avant d’atteindre le micro village d’Ouge où un cycliste m’accueille ce soir. Encore une belle journée
Jeudi :
Après ce bel interlude passé chez Robert, dans sa belle maison de 1749 où le Godin est mis à partie pour palier aux températures glaciales de la région, un cycliste hors pair capable d’enquiller ses 240 bornes dans la journée pour rendre visite à sa fille à Caen et son ami allemand de 84 ans bien sympa aussi qui revient d’un tour du monde assez décalé, je peux repartir sous un ciel gris mais sans pluie. Il y a une belle croix du moyen-âge mais peu de document la concernant : la croix de Saint vital. Je vais rentrer dans les Vosges et même si ce n’est pas celles des cols, c’est bien vallonné et les cotes sont là pour le rappeler.
Je continue de visiter cette France profonde et ses villages déserts ou presque sans oublier les anciennes abbayes cisterciennes abandonnées (Morimond - 1115) et je rejoins la Meuse à Doncourt où elle ne ressemble encore qu’à une petite rivière innocente. Je retrouve là une voie verte mais qui ne suit pas la rivière car non navigable et sans chemin de halage. Je retente le coup de la suivre le plus longtemps possible et à part un passage en forêt où j’ai du pousser le vélo dans une belle montée, j’ai pu tout faire en pédalant et rencontré de nouveau un chevreuil qui a détalé devant moi sans demander son reste.
La dernière partie se fait malheureusement sur une grosse départementale sans charme jusqu’à Neufchateau où j’achète une autre bonne bouteille pour mes hôtes cyclistes de ce soir (Pinot noir bio). Il ne me reste plus qu’à emprunter une voie verte toute neuve puis me taper une solide cote pour rallier Soulosse sous Ste Elophe (j’invente rien) et trouver, difficilement, la maison de mes hôtes. Ouafff,,,,104km et 800m+ , ça suffira pour aujourd’hui !!!!!
Très belle soirée passée avec cette famille de cyclistes…mais les nouvelles du temps ne sont pas fameuses pour ne pas dire catastrophiques : alerte rouge pour les départements de la Moselle et de la Meurthe et Moselle et c’est pas de pot, c’est justement là où je vais.
Vendredi
Je décide de rallier Metz en train et je ne suis pas le seul à la vue des cyclos qui ont envahi les gares de Neufchâteau puis Nancy….abandons en pagaille sur le tour du Grand Est…...mes amis de Metz sont prévenus, et je suis attendu………
A bientôt