Le voyage à vélo du mois d'aout 2023 - 4éme partie - LE CONVOI DE L’EAU – Ste Soline > > Orléans > > Paris -18/26 août 2023
AVERTISSEMENT : la lecture de cette histoire est totalement déconseillée aux personnes trop sensibles car il n’y sera question que de bienveillance, d’échanges, de gentillesse, de vélos à toutes les sauces et tous les âges, de réveil à 6h00 du matin, de musiques, de danses, de repas partagés, de douches froides quand il y en aura, de toilettes sèches, de luttes, de combats contre la voracité de certains au détriment de tous les autres, de l’accaparement des terres agricoles et de l’eau, de bonne humeur, de joie et de tout ce qui fait un moment unique dans une vie……….à peu près………...c’est parti………….
1er jour – Le Tallud > > Melle > > Lezay > > Jazeneuil
Pour rallier Lezay, le départ du Convoi, il y a 70km et les parcourir à vélo depuis Le Tallud n’est pas possible dans la matinée, de plus, Sandrine, qui n’a pas de vélo, souhaite assister au départ alors tout le monde dans le Combi par les petites routes pour éviter des éventuels contrôles de flics mais y’a dégun sur les routes..
Un premier arrêt à Melle pour la beauté du village et sa très très très belle église de St Hilaire (12éme). Il y a aussi un marché et c’est très animé ce matin. Petite pause donc.
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Église Saint-Hilaire de Melle - Wikipédia
Patrimoine mondial L' église Saint-Hilaire est une église catholique située à Melle, en France. L'édifice est classé au titre des monuments historiques le . L'église Saint-Hilaire est aussi ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Hilaire_de_Melle
Lezay...déjà du monde dans le champ qui nous accueille. Tracteurs, vélos, caravanes. Je m’inscris et je choisis le groupe Loutre en relation avec celle qui arrive de Parthenay. Nous l’installons sur une remorque, prises de paroles de la Conf’ et des Soulèvements
puis nous nous rendons au centre du village pour créer un cairn en hommage aux blessés de Ste Soline...les cailloux sont au sol et on en fait une montagne et c’est le départ joyeux...sonnettes, slogans et tout le tralala.
Tout le monde déteste les Bassines !!!!
ACAB… celui là je ne le dirai pas mais certains oui pour porter les stigmates de luttes. On peu comprendre.
Nous sommes tous des éco-terroristes !!!
La guerre de l’eau a commencé on se battra pour la gagner !!!
Siamo tutti antifascisti
et bien sur le fameux : NO BASSARAN
et roule ma poule
Il y un vélo très bizarre dans le convoi, en fait deux vélos cargos accouplés qui sont une sono d'enfer. On s'en apercevra bientôt en le suivant dans le convoi. C'est un gars super de Bréssuire qui a inventé tout ça. Parfois une D.jette (DJ Cawole) se tient sur la partie arrière et nous fait danser sur les vélos avec sa playlist géniale. que du bolheu total !!!
Participer à un convoi de presque 600 vélos est une expérience unique et même si le parcours jusqu’à Jazeneuil n’est pas très long, 25km départ tardif oblige, je me rends compte que je roule avec des gens formidables, super motivés et déterminés à faire cesser cette aberration des méga-bassines.
À l’arrivée à Jazeneuil, on s’aperçoit bien vite que le camping va être trop petit pour accueillir tout ce monde. Il y une partie « Mixité choisie » bien trop grande et certains sont tentés d’y planter leur tente mais ça râle. On réduit la surface mais pas beaucoup d’espace pour s’installer. J’apprendrai plus tard que l’agriculteur qui devait nous donner un champ a annulé sa proposition trois jours avant notre arrivée et que l’organisation a du un peu improviser. Mais le principal est là : les cantines et les bars. Ouf !!! Pour les douches, on verra un autre jour même si j’arrive à me jeter un sceau d’eau froide sur le corps...extra bien !!! Quelques prises de parole, repas, bière et dodo. On se retrouve demain.
Il me faut aussi évoquer un élément principal du convoi : l’atelier vélo. Vous imaginez bien que tous ces vélos ne sortent pas d’un magasin la veille du départ. Oh que non, et la plupart ont été sortis de la cave et ne sont pas tout neufs. Dés vélos avec vitesses sur le cadre, d’autres un peu trop petits, certains du père ou du grand-père. Certainement ! J’en ai vu même un sur un BMX durant deux étapes. Le dingue ! Alors forcément, ils ne sont pas tous prêts à faire le périple et l’atelier volant va avoir BEAUCOUP de boulot lors des étapes : dérailleurs à régler, câbles et gaines à changer, pneus crevés et j’en passe mais le type qui s’occupe de l’atelier est formidable. Il ne compte pas ses heures et termine souvent la nuit à la frontale. Si vous avez un problème sur le trajet, la voiture balai vous embarque et on répare le soir. Un autre bénévole fait les courses en ville et revient avec les pièces neuves. Mais il y a aussi de beaux vélos qui roulent bien comme ce Peugeot Course à cadre Reynolds 531 et cet autre Raleigh Pro. Un Brompton qui se fera bien chier avec son pneu arrière mais c’est normal , c’est un Brompton. Une alsacienne avec un Canyon tout neuf, une palanquée de Fharrad, et les B’Twin d’usage qui font aussi le job. Tout ça, ça fait un beau convoi et c’est ce qui compte à la fin.
LA CAMPEMENT PAS TRÈS GRAND DE JAZENEUIL
Jour 2 – Jazeneuil > > Migné-Auxanges / Le Pré-Sec (Poitiers) // Comprendre et déjouer l’accaparement des terres - 35km
Le jour se lève à peine quand nous sommes réveillés par un air de guitare sommaire, pas plus de 2 notes et une complainte drôle :
« Bonjour, il est 6h30, c’est l’heure de se réveiller, je sais que je vous fais chier mais je suis payé pour ça, Il faut se lever…. » et puis ça continue durant un long moment dans des délires de paroles sur Darmanin entre autre.
Je sors de ma tente et je vois une drôle de figure qui déambule dans le camp. Un trans à la carrure d’athlète et jupe. Tout le monde se marre peu à peu des conneries qu’il enchaîne. Ambiance festive dès le matin.
Je plie le matos et j’essaye d’atteindre la cantine mais visiblement y’en a beaucoup, comme au Larzac, qui sont nazes tant qu’ielles n’ont pas bu leur breuvage préféré : LE CAFÉ. Je fais demi-tour. Je verrai plus tard. Le Vélo-sono nous berce avec du Debussy.
Compter deux heures et demie pour que le convoi soit prêt à partir. Faire bouger 700 personnes n’est pas chose facile. Vers 9h00, 9h30 ça s’ébranle. On nous a prévenu, ça va cogner, pas les keufs mais le soleil. Prévoir de l’eau et se protéger.
Je suis le Vélo-sono qui donne la pèche pour rouler. Quand la route est étroite, le convoi s’étire sur près de 3km. C’est magnifique à regarder. Dans les villages traversés, les gens applaudissent, les enfants dansent. Les projets de méga-bassines concernent vraiment la population locale. Tout le monde a la banane !! Il fait très chaud et à la pause, on se ravitaille à la cantine vagabonde et son eau fraîche avec distribution de fruits, de légumes et de sandwiches. Tout cela à prix libre bien sur. A Poitiers, je suis de nouveau hébergé chez Hélène ainsi qu’un autre couple qui rejoint le Convoi. Un dernier lit avant un bon moment. Jérôme a aussi trouvé un hébergement et nous nous envoyons des photos, peinards dans un vrai plumard et nous plongeons dans une grosse sieste réparatrice. Pendant ce temps, au campement, Eléonore prend la parole ainsi que les acteurices impliquées dans les luttes locales. Je reviens avec Hélène pour ces moments et nous rentrons vers 22h30....dodo
Jour 3 – Mixé-Auxanges - l’épisode du golf – Coussay-les-Bois // L’élevage paysan, une voie de résistance face l’agriculture industrielle. 55km
Je rejoins le convoi tôt le matin mais bien trop tôt car c’est encore le réveil pour beaucoup. Départ 9h30. Je continue de préférer Vélo-sono à la remorque qui diffuse trop de rap à mon goût. La pause est prévue près d’un lac où il est aussi interdit de se baigner à cause des microbes dans l’eau . Au moment de partir, nous sommes bloqués par les flics car il paraît que certains ont fait une incursion dans le golf adjacent pour y laisser la trace des Soulèvements de la Terre sous forme de gazon tondu. D’autres auraient endommagé une vanne en tentant de prendre une douche. Ouahou...ça vaut bien la pendaison pour de tels crimes !!!!
Après d’âpres négociations, nous repartons une heure plus tard. Sur le chemin, un deuxième arrêt, prévu celui-ci, pour dénoncer la création d’une ferme usine afin d’engraisser 1200 taurillons. Les vélos sont abandonnés sur la route et un convoi s’y rend à pied accompagné d’une belle fanfare. Beau moment de tous ces vélos sur la route sur des centaines de mètres.
Nous arrivons assez tard à Coussay mais sous un tonnerre d’applaudissements et des jets d’eau pour nous rafraîchir. Génial, on dirait une arrivée sur un col du Tour de France ..en mieux !!!!!!!!!!!!!
On plante les tentes , on se douche avec un sceau, on boit une ou deux bonnes bières locales, on mange, on danse un peu et puis on se couche. A demain.
Jour 4 – Coussay-les-bois > > Dolus-le-sec – Coopérative paysanne de Belêtre – Quelles alternatives collectives au système agricole dominant ? 50km
Paloma nous fait son sketch au réveil….6h30… comme d’hab et la journée se passe sans incident. Arrivée à la ferme assez tôt pour avoir le temps de planter la tente dans un immense champ, de prendre une douche autrement qu’avec un sceau mais à l’aide d’un tuyau qui verse de l’eau froide sur les corps surchauffés. On peut se mettre à poil car il y a des cabines pour hommes et femmes. Conférence sur l’histoire et le fonctionnement de cette ferme/Amap/Boulangerie. J’arrive même à acheter un des derniers pains disponible. Chance totale car vachement bon. Il y a une immense toile qui raconte l’histoire du convoi et chacun.e peut y déposer la sienne. Ma grande surprise est d’y voir dessiné un épisode qui s’est passé hier au bord du lac. Je vois un vélo crevé et je demande un haut parleur portatif pour prévenir celui où celle concerné dans ces termes :
« Allo ! Allo ! On recherche la personne qui a un vélo avec une guitare pour lui dire qu’il a crevé et qu’il ne va pas aller bien loin ». Comme personne ne réagit, je vais fouiller dans sa sacoche de guidon et je trouve son nom. Je répète le message en le nommant. Cette fois ci, il arrive et il me dit qu’il le savait.
« Ah bon ? Et tu ne fais rien ? »
« J’ai tout le matos » et il s’y met. N’empêche que peu de temps avant le départ, il n’avait toujours pas terminé de réparer. Je dis ça mais je dis rien non plus.
Et c’est exactement cette phrase que je vois reproduite sur la toile. Ça me fait bien rigoler.
Alors que je m’écroule un peu sur un matelas installé à coté d’une petite hutte en bois, j'entends deux gars parler de leur envie de continuer le trajet jusqu’à Paris plutôt que d’arrêter à Orléans comme c’est prévu. Je me branche sur leur conversation en leur disant que ça m’intéresse aussi et que j’ai évoqué cette possibilité avec un certain Martin qui pédale sur un vélo cargo et qui ne peut donc pas le mettre dans un train. C’est ainsi que naît la formation du groupe qui rejoindra Paris à vélo et nous serons 60 à la fin. Youpiiiii !!!! Sur ce, la nuit tombe et il est l’heure de dormir.
Jour 5 – Dolus > > Tours > > Lussault-sur-Loire // Au nom de la Loire !!!! 60km
Ambiance feutrée ce matin alors que le jour se lève. Musique douce, yoga et salutation au soleil pour certain.e.s, queue au café pour beaucoup. La première étape est Tours où nous sommes accueillis par le maire et un député EELV. Chemise blanche mais à vélo ! Nous nous dirigeons vers le centre dans un joyeux bordel bruyant. Devant la mairie il y a une fontaine et qu’est ce qui se passe à votre avis ? Tout le monde dedans! Quel délire ! Puis nous nous rendons devant le palais de justice, juste à coté pour soutenir des camarades de Dernière Rénovation qui passent en jugement le jour même pour avoir aspergé de peinture orange la préfecture en réaction face à l’immobilisme du gouvernement devant l’urgence à rénover le parc immobilier. C’est pas bien ça. Il faut sévir !
SonoVélo distille la musique douce du matin.....le jour se lève...la température est fraiche...tout va bien
La deuxième étape se fait au bord de la Loire afin de nous informer de son état déplorable et bien qu’il soit notifié que la baignade est interdite et qu’un petit cheminement tout mignon avec parasols, transats et verres prêts à boire avec la paille, on se rend compte que les verres informent sur les différents polluants que l’on peut trouver dans ce fleuve, sidérant !!! Au moins la moitié de pédaleurs foncent dans l’eau….trop tentant...et moi de même. Que ça fait du bien !!!! Je ne reste pas deux heures non plus.
Mais il y a quand même un beau moment de poésie et de musique et d’informations sur ce Parlement de Loire et leur lutte contre la main mise de l’eau sans considération de sa valeur universelle.
Départ pour Lussault.
Départ pour Lussault où le camping nous attend au bord de la Loire. Re-baignade mais c’est vaseux et je ressort un peu collant. Il me faudra une vraie douche pour me sentir propre.
ça nous a fait rire ce monsieur avec cinq assiettes devant lui. il nous dit attendre sa famille qui.....ne vient pas....
Ce soir, lors du dîner je vais faire la connaissance d’André, un fameux cycliste tourdumondiste (Traversée des US d’est en ouest, Alaska/Pérou...France/Kirghizistan A-R pour manque de visa à l’entrée en Chine, eh ben faisons demi-tour!!!!), Espagne de long en large, Maroc et j’en passe. Éleveur en 2Chèvres, il laisse sa ferme tous les 5/6 ans pour partir un an avec son épouse qui a l’air d’envoyer du sérieux aussi. Un monsieur incroyable. Puis il y a Fred qui, après 3 bières, nous raconte sa vie entre le Chnord et la Charente et son pote Didier, un Breton tout mince mais aussi très drôle. Je vais chercher une bouteille de ce très bon vin bio de Loire et de Lussault même. Vraiment du local. Très belle soirée donc qui se termine avec un karaoké géant où tout le monde chante en même temps.
ANDRE
Jour 6 – Lussault > > Blois > Mer > Lestiou // La Loire à vélo, c’est béton !
Hier soir, Paloma nous a dit qu’une réclamation avait été faite auprès de l’organisation pour quelle ne nous réveille pas ce matin. Non mais je rêve!!! Entrave à la liberté d’expression. Quoikikess ? Qui sont ces peinajouir ? Ces grincheux. Heureusement, elle est là car nous avions décidé de hurler :
« On veut Paloma ! » dès le réveil. Tout est normal donc.
L’orga nous a prévenu, nous rentrons dans le Loir-et-Cher, des terres hostiles dominées par des pro FNSEA. LA BEAUCE. Et nous voyons assez rapidement que la paysage change, « grand horizon de terres plates marquées par la monoculture céréalière intensive » fief de Maurice Leroy, Jacqueline Gourault et Marc Fesneau et c’est qui Marc Fesneau ? Le ministre de l’agriculture. Putaing !!! Mais le Loir-et-Cher c’est aussi les centrales nucléaires qui consomment les plus grosses quantité d’eau et rejettent des quantités de produits chimiques SENSÉS se diluer dans le courant. Et maintenant, ce sont des immenses entrepôts logistiques qui viennent manger le peu de terres agricoles encore disponibles : 100.000 m² à Mer et 15m de haut soit 80 hectares et 2000 camions jour. 44.000 m² à Romorantin et 27.000 sur 18 hectares de prairies dont 4 en zone humide. Lamotte-Beuvron 67150m² sur une site de 16 hectares de forêts. A Salbris, un projet de 60 .000m² classé Sevezo sur 16,5 hectares.
Mais les luttes portent leurs fruits. A Mer, sur les 7 projets, 5 sont à l’arrêt et à Lamotte-Beuvron, le promoteur à jeté l’éponge grâce à la lutte de l’association « A bas le béton ».
C’est ici qu’on a entendu sur notre passage des gens dire assez fort pour l’entendre. « Connards d’écolos de merde », « Branleurs » et autres gentillesses. Changement d’ambiance radicale. Le paysan qui nous reçoit, un sacré résistant, délimite bien le terrain de camping pour que nous ne marchions pas sur des terres ennemies...mines et glyphosate (on rigole).
Je discute un moment avec un hollandais qui pédale avec UNE jambe sur un vélo électrique (l’autre est juste posée sur une mini pédale qui tourne toute seule) puis avec le propriétaire du merveilleux vélo en bambou qui vient de rejoindre le convoi. Fabriqué au Ghana, il est monté en Allemagne avant de recevoir son homologation TUV. 2400€ si ça vous dit… Moi ça me dit vraiment mais TREK fonctionne encore très bien… Qu’est ce que je peux faire ? Chai pas quoi faire ? André fait demi-tour, il a trouvé une camionnette pour le ramener lui et son beau Koga jusqu’à chez lui. On se dit au revoir.
Jour 7 – Lestiou > > Orléans // Agence de l’eau Loire-Bretagne > Bou
Dernier tronçon du Convoi. Nous empruntons des grandes routes au grand dam des automobilistes et camionneurs bloqués sur les cotés. Il faut faire preuve de diplomatie et leur expliquer ce que nous faisons en leur distribuant des tracts et à part quelques excités, ça se passe bien.
L’arrivée à Orléans se passe bien, toujours encadrés par les motards et la police mais on a un plan secret. On ne leur dit pas tout. Nous avions rdv demain avec les responsables de l’agence de l’eau mais nous apprenons que l’agence sera fermée et qu’ils ne nous recevront pas. C’est pas du tout réglo alors………….alors que nous passons près d’un pont pas protégé, le premier tracteur vire subitement à droite pour changer de parcours à la grande stupéfaction des flics qui attendent devant. Grand moment de rigolade et le convoi de se faufiler dans la ville, bien aidé par les locaux pour arriver devant l’agence déjà gardée par une petite escouade de robocops. El là, bien sur, devant la grille fermée, il est décidé de RESTER SUR PLACE ET DE CAMPER JUSQU’À ÊTRE REçU. Ça plaît pas beaucoup à ceux qui se sont fait berner. Mais tout le planning est chamboulé : prévenir les gens qui attendent au camp de ce soir, rapatrier la cantine, les affaires des gens qui voyagent dans des fourgons (on peut choisir de tout transporter ou de les mettre dans des camion dédiés, comme ça on voyage léger), les toilettes sèches et on apprend que les flics bloquent tout. Ils se vengent comme ils peuvent. La tension monte d’un cran.
Ceux qui le désirent peuvent continuer jusqu’à Bou, jusqu’au bout donc mais sans leurs affaires c’est compliqué. Comme j’ai tout avec moi j’y vais car je n’ai pas envie de vivre un affrontement avec les flics. On devait être une soixantaine et je vais me retrouver seul car j’apprends en arrivant que la situation s’est débloquée, que les flics ont décampé. Putain, j’ai la honte. En même temps je suis super bien accueilli à Bou et les gens comprennent même s’ils sont frustrés de ne pas voir débarquer 800 cyclistes chez eux alors qu’ielles ont tout prévu. Je les comprends. On m’offre une bière bien fraîche. Je prends. Du coup il feront la fête entre eux en essayant d’écluser les 30 fûts de bière prévus pour la soirée. Je ne sais pas s’ils ont réussi mais ils feront bien du bruit.
Jour 8 – Orléans – Poussay - (20+) - 83km – 14h45/19h00
Il me faut revenir à l’Agence pour retrouver les cyclistes avec qui je vais à Paris par un très beau voyage le long de la Loire. Je suis avec d’autres qui m’ont rejoint depuis le campement et ils connaissent bien le parcours. Je trouve les potes sur place qui m’ont demandé où j’étais ? J’étais au bout de BOU. Ça s’organise, je fais la connaissance des membres du Team « Outarde » qui ne me monte pas au nez celle là. C’est un oiseau. Des jeunes pour la plupart et super motivés et il va falloir car il nous reste 160 bornes à faire en deux jour et il est 14h40 quand nous partons salués par une fanfare et une haie d’honneur. Géniale encore une fois cette ambiance de ouf !!!!
J’ai la carte mais les jeunes ne connaissent pas cet outil et font confiance à leur GPS. Cela nous vaudra par deux fois de nous retrouver devant un champ alors que j’avais préconisé d’aller à gauche à un carrefour. Mais pas de stress, tout le monde rigole. En route, Clémence qui reste connectée aux messages Telegram du Convoi nous apprend que pendant que la délégation négocie le moratoire à l’Agence de l’Eau, un nouveau chantier de Bassines vient de commencer. C’est la goutte d’EAU qui fait déborder le vase, un vrai foutage de gueule et la délégation quitte l’ Agence et c’est le départ pour Paris. NO BASSARAN !!!!!
Bel arrêt à Neuville-aux-Bois où une boulangerie du tonnerre aux prix ultra démocratiques nous régale de ses produits. Y’a les becs salés et les becs sucrés. Chacun sa spécialité ! Nous rattrapons le groupe parti devant nous mais c’est du à une crevaison alors on leur pardonne. Ça pédale sec et nous sommes toustes contents de rouler à un bon rythme avec des pointes à plus de 40 dans les descentes...Vamos !!!!
Arrivés les premiers à la ferme qui nous accueille ce soir à Pussay au nord d’Angerville et quel accueil !!!!! Super repas concocté par eux mêmes et les quatre producteurs associés à cette AMAP. Avec même un petit concert d’un des fistons de 12 ans qui joue à la guitare comme un dieu..Bière locale et barbecue et c’est là qu’on s’aperçoit assez vite que la plupart des végétariens du convoi changent radicalement de régime...Vive les saucisses !!!!! et bonne nuit.
Jour 9 – Pussay > Paris Champ de Mars - 78km de 7h45 à 13h00
Réveil comme d’hab vers 6h30...tout est trempé...départ vers 7h45. Il reste des bornes. On accueille un nouveau dans le groupe mais on perd Adèle qui reste ici. Ce n’est pas du tout plat dans le coin. Merobert, Richardville, Dourdan, Orsay, puis la Clouée Verte jusqu’aux portes de Paris..ça fait vraiment bizarre d’arriver à Paris à vélo par ce chemin mais ça a l’avantage d’être balisé et sécurisé. Arrêt à Montparnasse pour remettre nos drapeaux du convoi, photo de groupe et la Tour Eiffel. Nous sommes suivis par une bagnole de flics que nous arrivons à semer dans un marché. Arrivée au Champ de Mars à grands renforts de sonnettes et cris. Applaudissements de la foule en délire !!! (même pas tant). Du monde mais tant que ça non plus mais cela ne m'étonne pas. Le problème des Bassines n’intéresse pas les parisiens et puis c'est encore les vacances et la ville appartient encore aux touristes. Ils seront juste surpris de voir leurs bus bloqués aux carrefours par une bande d’allumé.e.s qui crient NO BASSARAN!!! Ils parlent quelle langue ?? Ça veut dire quoi ?
Après un chassé croisé avec les BRAV-M qui tentent vainement de nous bloquer mais à vélo c'est facile et rapide de les contourner, je me lasse un peu de ce petit jeu et après le blocage de la place de l'Odéon, je quitte le convoi définitivement pour un repos bien mérité chez une amie............mais on a foutu tout de même un bon bordel à Paris durant plus d'une heure avec seulement quelques centaines de vélos disséminés un peu partout. Ça me suffit.
MEZO, CLÉMENCE, MATHIS, PAULO, RENN, MESH, PEDRO....la bande à vélo
Julien la Guet
LE REPOS DE L'ECO TERRE-EAU-RISTE
ÉPILOGUE
Un des plus beaux voyages à vélo que j’ai pu faire par la variété des paysages traversés. L’Aveyron, le Cantal et ses montagnes, La Corrèze et le Parc Naturel de Millevaches, la Creuse pendant 10km, m’ont offert des grands moments de pédalage parfois très intensifs. De rares moments de pause dans leurs vallons aux pentes bien raides. J’ai pas trop aimé la Hte Vienne sauf la ville de Poulidor car à part Limoges, cela parait bien désert. La Vienne revient avec sa belle rivière et la magnifique ville de Poitiers. J’ai cru entendre parler de la Charente Limousine à Confolens...Deux Chèvres, Indre et Loire et leur belle campagne.
Mais le nectar a quand même été ce Convoi de L’Eau qui m’a transporté dans un monde de folie et d’énergie incroyables. Énergie qui m’a nourrit et qui m’habite encore après plus d’une semaine, le corps enveloppé dans un nuage de bienveillance et de motivations maximum à changer ce monde qui va vers le néant. Une parenthèse unique dans une vie. Il faut avoir vécu au milieu de 800 cyclistes durant 8 jours et plus de 500km pour s’en rendre compte. Les sourires, les rencontres magiques, la dénonciation permanente de l’absurdité d’une Agro-industrie qui accapare les terres et ravage la bio diversité le tout dans une ambiance festive malgré la gravité des constats et de la réalité.
A Ste Soline, 4000 gendarmes ultra armés ont blessés et mutilés des gens pour protéger une piscine en plastique. Cette fois ci, ils nous ont ouvert la route (visiblement pas les mêmes).
Mais ce gouvernement continue de nier l’évidence que l’eau, avant tout un bien commun, ne doit pas servir à quelques gros pollueurs mais bien à celles et ceux qui cultivent la terre de façon respectueuse où se voir interdire de la boire (Poitiers) car infestée de microbes comme certains lacs.
Autre chose, cela me fait bizarre maintenant de jeter de l’eau potable quand j’appuie sur la chasse d’eau chez moi après 8 jours de toilettes sèches. Encore une incohérence comme Borne qui vient de se faire pincer à effectuer un vol de 38mn en avion alors que le trajet en train lui aurait pris 1h38mn…mais le train c’est pour les autres on dirait et puis je travaille moi comme on a entendu sur les routes par des gens bloqués..."Nous travaillons pour le futur" je leur répondais et nous leur proposions de faire demi-tour.
Toutes les photos ne sont pas de moi. Pas facile d'en prendre pendant qu'on fait du vélo et je n'ai jamais su lâcher le guidon en roulant. Je les ai récupérées sur le site du Convoi et Télégram alors merci à toutes celles et ceux qui ont participé à cette belle fête pour leurs beaux clichés. NO BASSARAN !!!!!!