On repart en voyage

Pour ceux qui croient que les vacances c’est ne rien faire, cela s’adresse à celles et ceux qui vont dans une agence de voyage et disent :

« Je veux ça et ça et puis un peu de ça aussi, une pincée de ça et ça ira bien »

«  Voilà, ça fera 3500€ »

«  Ah bien, merci »

Maintenant, si c’est vous qui occupez vous même de votre voyage, vous verrez bien la différence. C’est vraiment un travail.

Mais je ne fais pas mon Julien Blanc-Gras local, je ne fais pas un livre de mon voyage, juste des petites anecdotes de voyage. Ça suffit.

Alors, encore l’Espagne, c’est juste à coté et il y a des trains qui y vont et la gare est à 500m de chez moi. Parfait !!!

Et puis j’y ai des amis depuis un long moment. Gonzalo, sa compagne Brilli et leur fille Olivia. Gonzalo est un producteur argentin que j’ai rencontré lors du Forum Social Mondial de Dakar en 2011. Il cherchait des col-laborateurs pour enregistrer des interviews de personnalités. Quelques règles et notions élémentaires à respecter, le matériel mis à notre disposition et voilà.

On avait bien sympathisé et il m’avait invité à Valencia ou il habite. Premier contact avec cette ville au charme indéniable.

Deux ans plus tard, retrouvailles au FSM de Tunis, une vrai réussite qui fête les printemps arabes. En 2015, de nouveau Tunis mais la fête est presque finie : attentat du Bardo et tensions politiques. La suite on connaît.

Gonzalo vient à Nîmes pour l’université d’été d’Attac et passe un moment chez moi avec sa compagne. Du coup, je vais presque tous les ans à Valencia.

Je connais un autre couple dans cette région. Joseph et sa compagne Silvia et leur fille Iara. Je les avais rencontrés lors d’un voyage à vélo entre Valencia et Cadix et ils se trouvaient sur le parcours à Turis, lui Belge et elle Valencienne. Ça colle aussi entre nous et comme ils ont déménagé à Lliria, à 15 km de chez Gonzalo c’est bien pratique de les voir en même temps mais pas ensemble alors je dois me partager entre les deux lieux sans les fâcher et même si j’ai bien tenté de les faire se rencontrer, ils n’ont pas vraiment les mêmes vies et ce n’est pas évident.

Il faut une douzaine d’heures en train pour rallier Beaucaire à Valencia en comptant les correspondances……. 1 heure à Nîmes, deux heures à Barcelone plus une petite heure de métro pour Lliria depuis Valencia. 

Une semaine chez Jo, Silvia et Iara… il travaille dans son jardin et dans sa maison, elle est assistante sociale et Iara va à l’école mais une école genre Montessori, une prof pour 3 élèves et 3 jours par semaine. C’est pas tout à fait légal mais c’est leur choix.

Je dors dans une caravane…..c’est cool. Leur maison est un lieu alternatif sans eau courante et électricité. Pour l’eau, ils vont la chercher à une fontaine dans la montagne locale. Pour l’électricité, des panneaux font l’affaire et l’eau chaude permet une douche quand il fait soleil ce qui est souvent le cas dans cette région mais c’est nouveau. Avant on mettait des bouteilles d’eau dans le four solaire et avec trois litres on prenait une douche. Joseph fait du pain au levain, des galettes et tout ce qui tourne autour de la pâte et il y a toute une variété d’herbes, de fleurs et de plantes sauvages dans le jardin pour la salade. Les voisins offrent les oranges et les pamplemousses. Y'a des poules pour les œufs.

Les journées sont tranquilles. Un après midi, j’emmène Iara au Rocodromo pour un peu d’escalade. Elle se débrouille bien même s’il faut un peu la canaliser et l’aider à mettre ses pieds au bon endroit. Du coup elle passe les difficultés sans problème. Il y a aussi une tyrolienne de dingue qui vous envoie valdinguer en l’air à la fin du parcours. Il faut vraiment s’accrocher. Pas pour les moins de 7 ans je dirais et encore bien téméraires !!!! Ça la fait mourir de rire !!

Le dernier jour, Joseph m’emmène voir (revoir mais je ne me souvenais pas) l’aqueduc romain de Calles. Travail de fou, de romain où plutôt des leurs esclaves pour tailler dans la roche. Nous sommes en semaine, ce n’est pas les vacances et peu de monde. C’est de la belle ouvrage mais il y a quand même le Pont du Gard à 15km de chez moi, c'est assez réussi dans le genre. Sur le chemin du retour, Joseph me dépose chez Gonzalo et une autre semaine commence, absolument différente de la première mais c’est une autre histoire.

Casinos. Si la ville est répertoriée depuis belle lurette pour des occupations ibères et romaines, ce qui fait sa renommée aujourd’hui, c’est bien la fabrication du Turon et des dragées. On pense que des gens de Alicante se sont déplacés à Casinos pour la qualité des amandes au début du 19ème siècle. Au mois de novembre, une grande fête du Turon fait venir des foules dans la ville en vue des fêtes de Noël.

Je profite du temps libre pour organiser une randonnée pour mon anniv’. J’aimerais bien retourner un peu en Lozère et vers l’Ardèche où je n’ai encore jamais marché, juste à vélo lors de mon passage au Gerbier de Jonc mais bon c’est encore loin mais je prends des marques sur les cartes.

A chaque fois que je viens à Casinos, je me dis que j’aimerais bien envoyer des cartes postales de la ville mais cela n’existe pas. Je dis à Gonza :

« Et si nous en fabriquions ? »

Ni une ni deux, il me dit ok :

« Prends les photos et je m’occupe de les créer »

Deux séries pour l’instant, les fabriques de Turon et dragées et une série de belles portes qui ornent les maisons.

Lors de mon séjour chez Joseph et Silvia nous nous sommes rendus chez un de leurs amis qui vit à un centaine de km au sud. Il a vécu la DANA  (acronyme de depresion aislada en niveles alto, ou dépression isolée à niveau élevé en français) et la maison qu’il louait a été assez touchée pour devoir la quitter et nous sommes passés par les lieux les plus affectés par la catastrophe : là un pont détruit, là encore une voie de chemin de fer arrachée. 227 morts et disparus.

Aujourd’hui, nous sommes allés à Bugarra, une petite ville au bord du rio Turia et alors que la dernière fois nous avions pique-niquer le long du fleuve sur une berge riante et bordée d’arbres, cette fois ci le spectacle que nous voyons est vraiment triste. Tous les arbres ont été arrachés, un pont parti, des énormes lames d’acier totalement tordues sous la pression de l’eau, la terrasse du bar recouverte de détritus et de boue séchée. Ça ne ressemble plus à rien sinon au désastre après une catastrophe. Les branches accrochées à plus de cinq mètres montrent le niveau de l’eau lors de la crue. Nous repartons rapidement. Combien de temps avant que tout reprenne un aspect accueillant ? Les priorités sont certainement ailleurs et le président de la région est toujours en poste, un certain Mason accusé d'avoir préféré un petit repas avec une belle nana que de prévenir la population de la catastrophe qui arrivait. Son procès devrait se tenir bientôt.