Encore un jour pour de l'art...de rien
Temps libre plus train à un euro faut en profiter c’est ce que je fais
Montpellier d’abord avec l’exposition : Jakob Tuggener, Fabrik, une épopée industrielle au pavillon populaire. Déjà le nom de cet endroit consacré à la photographie me plait.
S’il y a bien sur des photos qui représentent des machines de toutes sortes, de la plus petite pièce jusqu’aux énormes rotors de turbine (sans oublier les munitions même si nous sommes en Suisse), le travail de JT se concentre surtout sur les hommes et les femmes de ce monde du travail. Ouvriers pour la plupart, visages, muscles tendus sous l’effort, main burinée et noircie par la poussière tenant dans sa paume de minuscules vis.
Et puis, il y a Berti, la coursière qui parcourt l’usine les bras chargés des plans et des directives tout juste sortis des bureaux des ingénieurs. Elle fait le lien entre les différents ateliers et on la suit et même si on sait que JT a composé ses photos, rien n’est figé mais bien au contraire emprunt d’une poésie magnifique. La photo de l’exposition la montre en train de courir (elle est en retard) mais son visage doux et serein tranche avec l’âpreté du monde des machines. Des photos vibrantes, vivantes, d’autres bien différentes qui montrent un peu plus le travail abstrait du photographe
Au centre d’une salle, le livre Fabrik est exposé dans son intégralité et remarquable pour son époque, il ne propose qu’une suite de photos sans textes ni explications ce qui le rapproche plus à un manifeste qu’à un catalogue.
Des tirages argentiques exécutés par JT lui-même, quelques films muets, font de cette exposition un moment particulièrement exceptionnel. (Jusqu’au 18 octobre, qu’on se le dise).
Le ciel est gris mais il ne pleut pas, je profite de vélo pour parcourir la ville. Une autre expo, aussi vite sorti que rentré : Jonone au Carré St Anne. Rien à dire la dessus sinon un gros bof !!!!
Train pour Sète…ça roule…Arrivé dans la ville je fais le tour des canaux et je tombe sur un splendide trimaran amarré. Emotion, 60 pieds, Tour du monde, courses multiples ; c’est bien une bête de course que j’admire et j’ai de la chance car il vient d’arriver à Sète. Ca envoie……Derrière lui, le cargo Rio Tagus parait bien paisible comme s’il vivait ses derniers jours. Il est à vendre si vous désirez, mise à prix 100.000 euros mais enchère descendantes…..A vot’ bon cœur.
CRAC maintenant avec l’expo de Fabrice Hyber : 2716,43795m²
Parcours chronologique sur son œuvre depuis son premier tableau peint en 1981 : « le mètre carré de rouge à lèvres » (hommage à Frantisek Kupka : le rouge à lèvres – 1908. Tiens je ne connaissais pas ce peinte. Encore un à découvrir…) Quelle surface peut-on peindre avec un rouge à lèvre ? Et comme l’artiste était fasciné par la forme carrée, il en a utilisé 27 je crois pour remplir cet espace. Comme un trait continu, une expression ininterrompue, l’exposition présente plus de 300 toiles, dessins, plus ou moins inachevés mais importantes pour comprendre le cheminement et le travail de l’artiste. Impressionnant, et si on peut passer devant certaines toiles anecdotiques, d’autres sont vraiment très fortes et délivrent un message magnifique. Il y en a beaucoup et qui traitent de sujets très différents. Environnement, société, nature, les concepts proposés sont intéressants et pas uniquement intellectuels mais ils cherchent à donner un sens à une idée précise. La dernière toile est peinte avec du pétrole brut d’île de France. Je parle avec les filles du ventre que je commence à connaitre. On échange des perceptions, des idées ; toujours passionnant.
Un fort vent de sud recouvre la ville d’une bruine salée ; on se croirait en Bretagne et la peau prend cet air moite bien connu et pas si désagréable aussi. Mais vous n’êtes pas sans savoir bien sur que Sète et aussi la ville de feu Le Général Alcazar (ça m’a fait bizarre d’apprendre sa mort cette année alors qu’il a disparu en 2013) et j’ai envie de savoir où il habitait et s’il est enterré ici. Au CRAC (boum hue cette fois ci,) personne n’est capable de m’en dire plus. Je fonce au MIAM et là aussi, même si son nom est connu, aucune information alors qu’il a participé à des moments forts du musée avec son pote Pascal Comelade. Ça commence à craindre. Je file à l’office du tourisme alors à c’est le pompon. Carrément inconnu. Je ne manque pas de dire à ces gens qu’ils font bien peu de cas d’un artiste de leur propre ville. Vélo aidant je parcours les rues de la ville haute (on m’a laissé croire que…) et je tombe sur un bar où je me suis déjà arrêté et je suis sur qu’on va me renseigner. Ça rate pas. Bonne pioche ! La patronne me dit qu’il venait boire une bière ici et qu’une petite place porte son nom 50 mètres plus haut. Je m’y rends donc fissa. Petite place humble qui ressemble bien au bonhomme. Mais il parait qu’il n’est pas enterré ici…je retourne au café prendre une bière…heu, deux mais de la Jup’ évidemment !!!!
La ville est animée, je la sillonne en long et en large. Deux gros bateaux de croisière ont déversé leur flot de vacanciers. Je refais le tour des canaux et je peux m’approcher de très près du Rio Tagus. Vraiment rouillé.
Petit détour par la pointe courte. Bon, c’est l’heure de rentrer, mon train à un euro va partir. Ciao Sète. J’aime vachement cette ville.