De l’enfer au paradis en trois coups de pédale
Je traverse le pont sur le Rhône
Je mets mon bras pour signaler que je tourne
Une connasse en Twingo le portable à la main
M’injurie en me demandant de me pousser
Pas de pot
Cinquante mètres plus loin
Elle est bloquée à un carrefour
Je ne peux m’empêcher de la traiter de connasse
Et le flot d’injures se met à jaillir
C’est le genre gitane mal élevée
Ou plutôt pas élevée du tout
Qui se croit reine sous prétexte qu’elle a une bagnole
N’en pouvant plus de ses jérémiades
J’arme ma main tel un flingue
Et je lui fais poum dans sa gueule
Evidemment ça plait pas
Alors pour en finir je lui dis
Casse toi tu fais chier tout le monde
Ça plait toujours pas
Elle finit par dégager le rond point
Ça c’est l’enfer
Un peu plus loin
Un peu plus tard
Sur le chemin des agriculteurs qui nous nourrissent
Un magnifique oiseau décolle au dessus de moi
Avant de se reposer un peu plus loin
Il répète plusieurs fois
J’ai le temps de voir ses merveilleuses plumes turquoise
Peu après, c’est un grand héron cendré qui s’élève majestueusement dans les airs
Sans compter les ragondins qui plongent dans la roubine à mon passage
Juste au dernier moment
Un vélo ça ne fait pas de bruit
Je retrouve les gens, les sourires, les légumes et les fruits
Le petit Antoine qui pousse
Sur le chemin du retour
C’est une grande buse qui surgit sur la coté
J’ai le temps de voir ses yeux, son bec
Tout ça c’est le paradis
Pas très loin de l’enfer quand on y songe
Mais si en fait, très loin
