Voyage à vélo 2018 – Première partie - En descendant la Meuse : St Mihiel, Verdun, Charleville jusqu’à Givet
Premier jour : Commercy >> St Mihiel – 30km par Marbotte et le Saillant
Je me réveille vers 4h00. Les jours de grand départ c’est fréquent. Alors je traine un peu, je vérifie si pas oublié ci, si pas oublié ça et hop c’est parti. Pas de grève aujourd’hui et les trains sont là. Dans le tégève, deux autres cyclistes. Retour chez eux à Macon après le canal du Midi. Ça se voit aux roues crottées. Macon, texto à Laurence. Beaune, texto à Lise. Après Dijon, le train traverse un très beau paysage, vallons, forêts, près et vaches en pagaille. Faudra revenir. Neufchâteau, j’ai le temps de dire bonjour à Christiane qui m’avait accueilli l’année dernière. Surprise !!! Toujours aussi radieuse. Encore deux trains et j’arrive à Commercy et c’est ici que le voyage commence réellement.
La Meuse a été un des lieux où les combats de la guerre de 14/18 ont fait le plus de victimes et la région en est la mémoire vivante. Peu après Commercy je me dirige vers le fameux Saillant de St Mihiel. Marbotte, une chapelle, un cimetière, nécropole nationale (2500 tombes) et la tranchée de la soif. Déjà 30.000 morts. La route devient vite chemin dans la forêt puis longue descente vers St Mihiel où je m’arrête ce soir. Je retrouve Jean et Monique, les parents de mon amie Françoise, un couple de retraités extra et professionnels de la gaufre. Le lendemain visite de la ville, bibliothèque des Bénédictins, expo de peinture (fresque de 30m sur la guerre par le peintre pastelliste Jean-Marie Lorson) et le sépulcre de Richier.
Jour 3 : St Mihiel >> Esnes sur Argonne – 56km par la Butte de Vauquois
La Meuse n’a toujours pas sa voie verte alors que le chemin de halage s’y prête magnifiquement. Alors la route mais elle est calme et encore plus quand je passe en forêt. Premier renard très surpris de me voir ici. Souilly, je longe la Cousances. Clermont en Argonne : en 1940, 112 hommes déportés après une attaque de la résistance qui tue un officier SS. Seulement deux reviendront. Butte de Vauquois ou « La guerre des mines ». Les deux armées se faisaient face à moins de 10 mètres et creusaient des tunnels pour y placer des mines. Les cratères, dont certains font 100m de diamètre, en attestent encore (15.000 morts pour une butte). J’arrive à Esnes vers 16h00 où Edwin et Aurélie m’accueillent ce soir (WS). Ils sont amoureux et ont de beaux chevaux et deux chiens fadas (Eclair et Nobel).
Jour 4 : Visite de Verdun et des sites mémoriels
Edwin ne travaille pas aujourd’hui et se propose de m’emmener visiter les lieux importants de Verdun. Super ! L’ossuaire pour commencer. Il est tôt et pas beaucoup de monde encore. Une nécropole de 15.000 tombes et 130.000 hommes, enfin ce qu’il reste d’eux c'est-à-dire des os, entassés sous un immense bâtiment. Quand on monte à son sommet on peut voir un alignement de croix sur la pelouse verte. Il y a aussi le mémorial, plutôt un musée des objets de cette guerre (véhicules, armes, vêtements, cartes, etc…..), la citadelle de Verdun où se tenait le commandement (www.citadelle-souterraine-verdun.fr/la-visite-de-la-citadelle.php). On la visite dans une petite voiture électrique guidée et on plonge dans la vie qui y régnait à l’époque. Des scènes de théâtre reconstituent des dialogues entre les officiers et osent dire le ressenti de certains sur les conditions de vie des soldats du front. Pas mal. Puis c’est le fameux fort de Douaumont (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fort_de_Douaumont) où règne une ambiance pesante et où l’eau coule de partout. On termine par la Butte de Morthomme et encore 10.000 morts pour un caillou. Ça donne une vision assez incroyable de ce qui a pu se passer ici durant 4 années.
Jour 5 : Esnes sur Argonne >> Laneuville sur Meuse – 57km par la Butte de Montfaucon et le cimetière américain de Romagne
Départ 9h30 après avoir dit au revoir à mes hôtes, aux chevaux et aux chiens. Cote 304, encore 10.000 morts, de la pure folie et la Butte de Montfaucon où les américains entrent en action comme le décor qui est vraiment américain. Une colonne de 60m accessible gratuitement pour s’imprégner du paysage et qui marque le début du repli de l’armée allemande en 1918 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Monument_am%C3%A9ricain_de_Montfaucon). 15 km plus loin, le cimetière de Romagne rend hommage sur 51 hectares aux 15.000 morts américains et là c’est vraiment encore plus américain. Tout est grand et nickel : pelouses, bassins, allées, bâtiment musée et voiturettes électriques. On a l’impression d’être de l’autre coté de l’atlantique. A Brieulles, un petit cimetière allemand rend hommage à ses 11.277 morts mais sur une surface beaucoup plus petite. D’autres jeunes envoyés à l’abattoir. Après Dun, je passe par le petit village de Mont devant Sassey et sa magnifique petite église (fermée) du 12° mais on peut tout de même admirer son splendide tympan roman.
Arrivée à Laneuville vers 16h00. Véronique (WS) m’annonce qu’on va à Stenay (en face) pour un concert du Bagad de Lann-Bihoué. J’ai 5mn pour prendre une douche et me changer. Vamos et marchons en suivant ce bagad au rythme de cette super fanfare. J’en profite ensuite pour visiter le musée de la bière justement crée par le compagnon de Véronique et déguster quelques spécialités locales et justement Dominique revient me serrer la main attiré par la sacoche vélo posée sur la table. On s’en boit une et on rejoint sa maison. Il est à la LPO et la soirée sera bien animée à parler de vélo, de bières qu’il fait lui-même et d’oiseaux….Soirée magnifique.
Jour 6 : Laneuville >> Charleville Mézières par Mouzon et Sedan – 70km
Après un petit déjeuner sur la terrasse accompagné de chants d’oiseaux et de la visite du jardin en permaculture, je reprends la route. Petits villages le long de la Meuse, petites routes tranquilles et même si nous ne sommes plus à Verdun et que les champs de batailles s’effacent peu à peu, tous les villages gardent en mémoires les combats et les bombardements meurtriers qui s’y sont menés et obligé ses habitants à l’exode. Des panneaux me montrent des photos des avants et des après. Mouzon, très belle abbatiale et Sedan, très gros château fort. La voie verte ne débute qu’à Romilly. Il ne reste pas beaucoup jusqu’à Charleville. Place Ducale et musée Rimbaud et je retrouve Feyyaz et sa femme Arielle (WS) qui m’accueillent ce soir. Lui, immense gaillard turco-allemand-français (vélo type XXL) et président d’un club cycliste de la ville. Il vient de rallier St Jacques de Compostelle en 20 jours (2000km)….Respect.
On va boire une petite bière sur la place Ducale et nous rendons visite à leurs amis qui sont entrain de mettre leur miel en pot. Pas de pot c’est pas prêt. Retour sous un énorme orage de grêle et de pluie. Ouf, arrivé à temps.
Repas en tarte turque et glace et soirée télé avec « L’armée des douze singes ». Une paye que je ne l’avais pas vu. Feyyaz ronfle sur le canapé.
Jour 7 : Charleville >> Hastière – 98km par la voie verte le long de la Meuse, la centrale nucléaire de Chooz et Givet
Super, ciel légèrement voilé, pas de pluie mais une fraicheur idéale pour rouler. La voie verte est magnifiquement verte et serpente au gré des méandres de la rivière. Tout autour, les coteaux abrupts sont recouverts de forêts. Surprises à tous les virages : les 4 fils Aymon, Monthermé et la confluence avec la belle Semois, les Dames de Meuse, Fumay, Givet, belle petite bourgade logée dans une sorte de grande plaine ouverte où disparaissent subitement tous les coteaux et surmontée d’un immense fort qui marque bien la frontière entre les deux pays et enfin la Belgique mais plus de voie verte pour commencer. Il fait très chaud, heureusement plus que 10km pour arriver et retrouver mon pote belge Thierry, grand cycliste lui aussi et sa petite maison douillette dans les bois. Étape du soir et de demain.