Le château de Spirou et Fantasio, boite à livres où je dégotte un Christian Gailly du tonnerre, le parc à huîtres de Gouville, et un vent d’est qui se lève et que je vais prendre dans le pif jusqu’à Coutances. C’est bien ma veine à la fin de cette longue journée. Je pousse tout de même jusqu’à la Pointe d’Agon mais faut laisser le vélo pour aller au bout et j’ai une belle flemme d’en rajouter. Soirée WS chez Camille et Benoît, deux jeunes en formation vers l’agriculture bio. Je ne fais pas long feu...Adios los amigos
Boite à livres et Parc à huîtres de Gouville
Jour 17 : Coutances > Caen en train
Comme j’ai déjà fait ce trajet il y a deux ans, pas la peine d’en rajouter, le train fait très bien l’affaire et puis ça repose bien de regarder le paysage défiler sans avoir à pédaler. Mais avant je fais changer le boîtier de pédalier à l’Intersport de la ville car le mien donne des signes de fatigue bien qu’il ait été changé avant de partir. Mauvais montage ou pièce défectueuse ? Quien sabe ? Le gars me prend tout de suite et j’en profite pour acheter un casque neuf, le mien tirant une sale gueule. Poubelle direct !!! Super service et je peux repartir tranquille.
Caen et le retour vers Paris............ça donne Campari
Mais à Caen, le cycliste en voyage n’est pas à la fête : pas d’endroit sécurisé pour le laisser pendant que vous visitez la ville et pourtant il y a de quoi : les Abbayes aux Hommes et de celle des Dames bien plus modeste tout de même. Pas de campim, ni d’Auberge de Jeunesse. Ah si, elle est fermée car les angliches ne viennent pas encore. Je crois m’étouffer quand j’entends ça de la bouche de la fille de l’office du tourisme :
»Pardon ? Vous voulez dire que c’est les angliches qui font la loi ici ? Non mais c’est une blague ? Les angliches c’est mort, madame, ils ne font plus partie de l’Europe, faut plus compter sur eux, et nous alors on ne compte pas??? »
Pas de campim à mois de 15 bornes, le plus prêt est à Ouistreham, pas de rien même si j’ai bien tenté d’aller squatter dans une institution religieuse, pour un fois que ça peut servir à quelque chose, mais non, que dchi, je dois prendre un hôtel si je veux rester en ville. No choice ! Celui de Bernières ma paraît idoine en plus, c’est le moins cher (50 balles tout de même). Bon accueil, le vélo peut être remisé dans la buanderie, ça me va, parfait.
Du coup j’ai le temps de me balader dans la ville et je visite tout ce que j’ai prévu. L’Abbaye au Dames présente deux beaux tableaux flamands et la Poste un bel exemple d’Art Déco mas c’est pas le tout, l’heure tourne et j’ai comme une petite soif, pas si petite que ça en fait.
Le long du port qui pénètre dans la ville (oh oui oh oui), il y a une série de bars où l’on rigole joyeusement. J’en dégotte un un peu plus loin qui s’appelle « La Caen Bruxelles » ça me parle direct. Je m’installe à une table et la Paix Dieu me fait de l’œil. Après toutes ces abbayes, il faut au moins ça. La soirée avance et la terrasse se remplit d’une faune qui parait ignorer totalement les gestes barrières. Ambiance de folie !!! Je pense être dans le meilleur bar de la ville.
Une petite faim se fait également sentir et avec la deuxième Paix Dieu, je commande une assiette de fromages. La Paix Dieu descend miraculeusement de la tireuse mais pas les fromages...à mandonné je m’en inquiète et le patron s’excuse :
« Je vous offre une autre Paix Dieu? »
« Oufti vous savez y faire vous !!! »
Le retour à l’hôtel se fait tranquillement, faudrait pas que je me prenne une prune pour excès de vitesse ou conduite hasardeuse… de toute façon, j’ai pas vu un keuf dans la ville.
jour 18 : Caen > Merville > Cabourg (35km) (560)
Quitter la ville par la piste cyclable à l’est et un peu le parcours du combattant… elle disparaît comme par enchantement pour ne pas réapparaître mais au bout d’un moment je la retrouve au niveau du pont de Colombelles les une église ou pas. Le mieux est de longer le canal à l’ouest et de traverser la rivière au Pont Pegasus si vous allez vers Cabourg. Je vais le voir d’ailleurs ce fameux pont libérateur. C’est qu’un pont mais symbole tout de même de la libération de 44 . La voie verte longe le canal jusqu’à l’estuaire de l’Orne mais est coupée un moment. Je passe les barrières pour voir si ça ne passe pas tout de même car je croise des cycliste qui en viennent. Eh bien figurez vous que cette voie verte/GR36 tout de même, est coupée car il y a 10 mètres de digue qui se sont UN PEU effondrés et ça depuis le mois de novembre 2020. Oui, vous liez bien, 8 mois pour ne PAS réparer 10 mètres de piste. L’excavateur est en train de rouiller sur le chantier. Je ne peux m’empêcher de taguer soigneusement l’arrêté du préfet en interdisant l’accès. C’est un véritable scandale !!!
Je repère un campim au bord de la mer mais je pousse jusqu’à Cabourg pour voir. C’est tout vu, aucun campim et bord de mer interdit aux vélos. Maisons bourgeoises, restos et boutiques de souvenirs. Je m’installe aux Dunes pour un picnic bien mérité puis retour au campim pour le reste de l’après midi. Les campim-cars ont squatté les meilleures places, celles qui ont vu directement sur la plage. Ça fait un mur de laideurs mais ils le voient pas, ils sont dedans. Baignades et farniente….l’eau est délicieuse, des vraies vacances !!! A Franceville, je réserve une table pour le soir car j’ai bien l’intention de me farcir ma douzaine d’huîtres avant de quitter la cote. C’est la fête ce soir !!! et j’ai bien fait car le patron refusera du monde toute la soirée. Je m’installe avec vélo bien en vu et je déguste ; des huîtres de Granville……… délicieuses, un verre de blanc, une portion de frites cuites au four, c’est à dire non grasses et un Far en dessert super bon…. Un festin total...retour au campim pour coucher de soleil……… mais il met un temps fou à se coucher ce machin alors je regarde le trafic maritime au loin. On dirait bien des portes containers qui se déplacent sur l’horizon, comme des gros buildings. Dodo !!!!
Les Dunes.......les maisons bourgeoises de Cabourg........la plage de rêve avec La Havre au fond et le campim
Jour 19 : Merville > Cabourg > Véloroute des Marais > Voie Verte Le Mesnil Mauger Livarot/Vimoutiers > Orbec (90km) (650)
Finie la cote, bonjour la Normandie profonde. Une véloroute part de Cabourg (j’ai mis du temps à la trouver) pour s’enfoncer à l’intérieur du pays par une zone de marais jouxtant la Dive : ragondins, foulques, buses et famille cygne au rendez vous avec papa qui refait soigneusement le nid posé sur le sol en remettant des brindilles. C’est chouette ! Puis c’est la campagne jusqu’à Mézidon Canon. J’aurais bien vu écrit :
« Remets zy donc un chti canon au gars, il l’a l’air sympa! » mais vu l’heure matinale, faut mieux pas.
Une Voie Verte commence là, visiblement une ancienne voie de chemin de fer. Elle m’emmènera jusqu’à Vimoutiers. Ça tombe bien j’ai l’intention d’y aller. Mais les voies vertes se ressemblent et sont souvent ennuyeuses : c’est tout plat, droit et entouré d’arbres. On ne voit pas grand-chose. Parfois ça s’ouvre et on peut voir : c’est tout vert et cultivé, le bocage.
Je double un fille bien chargé sur un Faradd tout neuf et tout l’équipement Ortlieb impek. J’engage la conversation. Elle vient de partir de Caen dans l’intention de rallier Chamonix. Un GPS lui indique la direction par des phrases monocordes et je sens bien vite qu’elle préfère rester seule ( elle me le fait comprendre) et je la laisse. Je m’arrête dans un petit village pour mon cafe matinal. Elle passe sans s’arrêter. Adios chica !
Livarot, bien trop tôt pour s’arrêter. Je fais des courses à la boutique bio locale : Fromage du même nom et jus de pommes. À la boulac, le flan local pour le dessert. Il crachine un peu mais je trouve un endroit sympa dans le parc de la maison de retraite pour le picnic.
Vimoutiers, je repasse dans l’Orne. Camembert n’est pas loin et c’est le nom de la Médiathèque . Des femmes super sympas me laissent utiliser l’ordinateur et je peux faire des recherches d’hébergement pour les jours suivants. Mais c’est encore trop tôt pour s’arrêter. Je file vers Orbec ( et ongles). Sur la route, un chemin en hommage (déjà) à un ami de Beaucaire qui vient de mourir et un belle école Jean Jaurès.
Orbec. Église avec vitraux du 16°, orgue magnifique et plafond bateau. Le campim est tout en haut de la ville et je ne me vois pas redescendre pour dîner et remonter ensuite. Je choisir le menu du Carrouf juste à coté : salade grecque 342gr, j’ai tout pris ce qui restait, tapenade bio, yaourts de brebis sur lit de châtaigne, palets breton et carré de choco… festin. Crêpes et crème de marrons (bio) pour le petit dèj de demain matin. Pas de bière, ça fait pause. Il n’y a personne à part deux ouvriers qui vivent dans leur tente pendant leur chantier. Un couple de hollandais en combi à coté. Tarif ? 5,50€. Démocratique !
Jour 20 : Orbec > St Victor de Chrétienville via Bernay (35km) (695)
Le matin, un des ouvriers sympa me fait chauffer de l’eau pour mon thé. Il fait frais et c’est bien venu. Opération séchage au soleil qui se pointe et on y va. Si je voulais, je pourrais arriver avec les croissants chez mes hôtes de ce soir alors je vais faire quelques détours et traîner un peu. Je repars vers La vallée de l’Orbiquet qui m’avait tant plu hier aux confins de l’Orne où m’attendent trois biches tranquillement installées dans des allées d’arbre fruitiers. Les oreilles se dressent mais pas de panique, le vélo est silencieux. Tiens, une autoroute qui n’apparaît pas sur ma carte qui date de 1990. M’en fiche, je n’y vais pas, juste un petit détour pour la traverser.
Montreuil l’Argilé est le début des la vallée de la Charentonne ou du Guiel. Il y a même une voie verte jusqu’à Bernay. L’église de Broglie (on dit Breuil il paraît) est très belle avec son appareillage à deux couleurs et les écussons des différents seigneurs qui ont vécu ici sans parler du magnifique orgue et de la boutique superbe de l’ancien réparateur de cycles avec qui je fais un brin de causette.
Bernay, très belle ville embouteillée par plein de bagnoles. Je me faufile. Picnic accompagné d’un excellent flan pâtissier. Ça ne rigole pas en Normandie !!!!
Encore 10km pour atteindre St Victor de Chrétienville ou je suis accueilli juste avant la pluie par Lucie, son bébé dans le dos, Attilio le jeune garçon, deux woofers en vacances loin de Paris, un autre type occupé au jardin et un menuisier dans son atelier. Ça ressemble à un belle communauté. Je serai bien à l’abri dans cette belle maison perdue dans la campagne alors que la pluie ne va pas cesser de tomber jusqu’au lendemain…. Ouf, encore sauvé par des WS !!!
Lucie est une mécano vélo qui a décidé de quitter Paris pour se dédier à ses enfants et à la dernière qui a deux mois. Son compagnon Albert est conteur. La maison est un vrai capharnaüm mais cela n’a pas l’air de perturber. C’est comme ça. Elle tente de créer une communauté de gens désirant vivre autrement et même si des gens sont intéressés, ils ont du mal à s’investir attendant peut-être que tout soit fait par d’autres. Air connu. Beau repas végé partagé et discussions passionnantes.
Jour 21 : St Victor > Bernay > Evreux > Le Plessis Grohan (75km) (770)
Pluie au réveil… ça fait 16 heures que ça drache. Faire un tour dans le jardin, sortir les poules de leur boite en attendant le nouveau poulailler et puis ça se calme vers 10h00 et je peux y aller. Merci tout le monde. Bernay, je récupère le pain commandé la veille, quelques courses et j’achète 2 brosse à légumes japonaises introuvables ailleurs. Cool ! Je continue la Charentonne jusqu’à Serquigny puis petit café à Nassandre sur Risle car ça caille un peu quand même pendant que les autres sont déjà au pastis et à la bière. Ça prend l’apéro très tôt dans le coin. Dans la montée vers Goupillières, je récupère un oisillon minuscule sur la route qu’a pas l’air en forme. Je le mets dans un masque et le range dans la sacoche de guidon. On verra bien. Au Neubourg, je demande au magasin biovrac s’il y a quelqu’un de la LPO dans la coin. Que nenni mais un véto à la sortie de la ville. Il n’ouvre qu’à 14h00. Le temps de picniker et c’est bon. Je remets la petite chose fragile entre ses mains et il me dit qu’il a un collaborateur qui connaît les oiseaux. Je pars rassuré.
Voie verte jusqu’à Evreux, pas mal, dégagée et vent dans le dos. Ça fonce un max. la ville ne présente pas beaucoup d'intérêt et je continue ma route vers Le Plessis Grohan ou un couple de cyclos m'attendent pour ce soir. Vu le temps moyen au dessus de moi, c'est pas plus mal. Danielle et Pierre m'accueillent admirablement. Il faut dire que c'est un sacré couple de voyageurs et Pierre à lui même été jusqu'en Kirghizie où, refoulé par les autorités chinoises, il s'est juste contenté de faire demi-tour. En effet, la Kirghizie faisant frontière avec le pays des Ouïghours, les chinois ne laissent plus passer personne, Circulez, y’a rien à voir ! Je ne parle pas non plus de son périple depuis la Colombie jusqu’en Patagonie. Sa « Vagabonde » affiche 82000km et lui aussi donc. Retraités céréaliers, ils fournissaient la farine bio de Biocoop. Danièle me fait visiter l’immense installation. Je ne pensais pas qu’il fallait toutes ces machines pour faire de la farine. Impressionnant !!! Ils font boutique Biocoop et j’achète un bonne bière locale et du fromage pour ce soir. Je ne vous dis pas la qualité des échanges qui suivront durant le repas. La FNSEA en prendra plein la tronche et nous y trouverons grande joie.
Les Vagabondes et le Hase Pino
Il a aussi un pressoir à pommes de 1784 que je visite lentement le lendemain.
Nuit tranquille dans mon nid douillet. Après le petit dèj, Pierre décide de m’accompagner. Nous roulerons ensemble plus d’une heure et je sens bien que c’est parce que Danielle lui a demandé de rentrer pour midi qu’il fait demi tour. Premier arrêt à Marcilly sur Eure où le café à 1,60€ me reste en travers de la gorge car on me refuse les toilettes pour cause COVID. Je ne m’empêche pas de leur crier bien fort que je viens de traverser la France et que c’est bien la première fois qu’on me sort cette connerie. Le pire troquet du voyage. Mais le voyage reprend vite. Je descends jusqu'à Montreuil par une petite voie verte pour traverser l’Eure et remonter vers Anet par les bords de cette rivière. Il y a un beau château mais surtout un rassemblement de V8 qui me chatouillent les oreilles en passant devant moi : Mustang, Camaro, Dodge, un truc de dingues….quelques Porsche mais on s’en fout. Mes amis ne sont pas là avant 17h00 et j’ai le temps, je fais des détours par des petits villages avant d’arriver à Tilly…. Tout le monde est là et repos pour le weekend.