13 février 2019
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Le film traite du combat des hommes et des femmes qui ont subi la torture et la répression durant l’époque franquiste et qui tentent de faire juger ceux qui sont encore vivants et qu’ils peuvent croiser dans les rues aujourd’hui car en 1977, après la mort de Franco, une loi d’amnistie générale a été votée aussi bien pour ceux qui se trouvaient encore en prison que pour ceux qui les avaient enfermés.
Ce combat dure encore car depuis, aucun gouvernement, qu’il soit socialiste ou de droite n’a voulu revenir sur cette décision.
C’est auprès de l’Argentine qu’ils s’adressent pour que la justice de ce pays fasse condamner ces coupables de crimes contre l’humanité. Mais l’Espagne refuse catégoriquement de rouvrir ces dossiers brulants de peur de raviver les tensions et de s’apercevoir que l’état est encore gangréné par ces odieux personnages.
Profitant de la lutte de ces survivants ou de leurs parents, les réalisateurs en profitent pour dénoncer les vols de bébés qui eurent lieu durant la même époque et qui continuèrent après la mort du dictateur que les puissants de tous les pays vinrent saluer protocolairement.
Fosses communes connues mais toujours closes (encore 100.000 disparus), rues portant le nom d’assassins ou de tortionnaires, c’est le combat permanent de toute un pan de la société espagnole que nous propose ce film poignant et qui démontre que les puissants règnent encore sur les sociétés et qu’il va falloir un immense sursaut de révolte pour que cela change.
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Cinéma
20 janvier 2019
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08:12
S’inspirant de Rêver sous le IIIème Reich, où Charlotte Beradt a collecté ce même matériel de 1933 à 1939 auprès de plus de 300 personnes, Sophie Bruneau s’intéresse cette fois à notre époque et plus particulièrement aux psychoses que provoque le monde du travail d’aujourd’hui. Douze personnes qui témoignent à travers leurs rêves de leurs souffrances passées ou actuelles. Peur, stress, envie de meurtre, désarroi, burn-out, font désormais partie du vocabulaire de celles et ceux qui son confronté.e.s aux lois de l’ultra libéralisme. L’humain disparait pour laisser place au rendement, aux cadences, aux statistiques, à la surveillance permanente des performances avec à la clef le diplôme du meilleur employé du mois créant de facto une concurrence interne destructrice d’humanité.
Les rêves sont présentés en face à face (3 fois) ou en surimpression dans de longs plans fixes sur des chantiers de démolition, des façades d’immeubles de bureaux vides, de plans d’eau ou de ciel zébré de trainées. Sophie Bruneau raconte de manière limpide un monde où le travail peut devenir un lieu de destruction.
En 2006, Sophie Bruneau, coréalise : Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés.
voici le lien pour le visionner
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Cinéma
29 décembre 2018
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09:20
Bâton Rouge, Louisiane, 2017. Un an après la mort d’Alton Sterling, tué par un policier, la communauté noire se mobilise pour demander aux autorités une véritable enquête sur ce qu’elle considère comme un meurtre d’autant plus que de nouveaux actes racistes se perpétuent et signé par le KKK et des symboles nazis peints sur les voitures et les maisons.
Une nouvelle section des Black Panthers sillonne les quartiers et se présente conne une milice d’auto- défense. Nous vivons avec les habitants de ce quartier confronté à sa gentrification et le sentiment confus d’en perdre sa possession alors qu’ils sont tous nés ici depuis des générations.
Jody, la tenancière du bar où tout se passe. Une mère qui tente de faire comprendre à ses deux garçons que seule l’éducation les sauvera. Nous suivons les Black Panthers, menés par une incroyable Krystal Muhammad qui tiennent les carrefours, distribuent des tracs, demandent justice, vont de maisons en maisons pour se présenter et tenter de mobiliser leur communauté.
Avec beaucoup d’humilité et de justesse et après un long travail où il s’est fait accepté par cette communauté, Roberto Minervini nous fait vivre sa rage permanente devant l’insolence permanente de la classe blanche dominante. Les discours sont scandés et nous rappellent ceux de Malcom X. La réalité des propos qui s’expriment en permanence, les histoires dramatiques qu’il nous présente sont contrebalancées par les images douces des préparatifs du carnaval où des hommes cousent patiemment des perles sur les futurs habits des défilés tout en entonnant des chansons. Appuyé par un noir et blanc somptueux, le film est bouleversant et dénonce sans détour la façon dont on traite cette communauté dans le pays et plus particulièrement dans ce sud raciste.
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29 décembre 2018
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09:11
Tiré du roman éponyme de Richard Ford écrit en 1990, le film nous décrit le lent délitement d’une famille américaine dans les années 60. Mais la caméra de Paul Dano s’attache plus particulièrement sur le fils unique, un ado qui regarde ses parents tout en essayant de comprendre ce qui se passe. Il est de tous les plans et son regard en dit long sur le désarroi qui le préoccupe quand son père au chômage va s’engager pour lutter contre un feu qui ravage les collines et quitter le foyer et sa mère qui, se retrouvant seule, va devoir elle aussi trouver du travail et s’émanciper.
Le film est juste, lent, comme les sentiments du garçon qui naissent peu à peu devant cette nouvelle situation. Les images de l’incendie rappellent les feux intérieurs et le dénuement assez violent n’est que le résultat des tensions que cette famille a subies. L’image finale est très belle.
Pas un chef d’œuvre mais un film intimiste tout de même réussi.
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24 décembre 2018
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14:10
David, 24 ans vit sa vie dans l’appart que lui prête le propriétaire de l’immeuble en échange des services rendus avec les locataires qui débarquent du monde entier. Proche de sa sœur, il l’aide quand il va récupérer sa fille à l’école même si parfois il arrive en retard, mais leur amitié est au dessus de ces anicroches. Pourtant, un jour sa vie va basculer quand elle va mourir dans un attentat qui a lieu dans la capitale. On pense bien sur à novembre 2015 mais le réalisateur le déplace dans le bois de Vincennes ce qui nous empêche instantanément d’en faire le rapprochement. C’est mieux ainsi.
Sa sœur élevant sa fille seule, l’administration va vite demander à David s’il compte devenir le tuteur de la petite Amanda. Un profond dilemme va se poser sur lui quant à sa manière d’y répondre.
Tout en abordant un sujet aussi grave, Mikhaël Hers va pourtant réussir à nous le présenter d’un manière extrêmement douce et subtile grâce à la complicité qui va naitre petit à petit entre David et Amanda complicité aussi directe que les reproches qu’elle lui fait pour avoir fait disparaitre la brosse à dents de sa mère où les crises d’angoisse qu’elle peut avoir le soir dans son lit.
De son coté David va parfois craquer dans le souvenir et l’abrupte réalité de la disparition mais nous vivons tous ces moments sans pathos ni exubérance. Tout est justesse et délicatesse dans ce film admirable où l’optimisme prend le dessus car la vie continue même après les douleurs les plus extrêmes et nous pouvons en sortir vainqueurs et plus grands encore.
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Cinéma
24 décembre 2018
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14:08
Dans une petite maison qui résiste à l’invasion immobilière vit une famille composite. Il y a une grand-mère, un homme, une jeune femme, une autre encore plus jeune et un jeune garçon. Chacun mène sa vie comme il peut. On bricole dans des métiers divers, on fauche dans les magasins à l’aide de codes et de débrouilles.
Un soir ils entendent un couple s’engueuler dans l’immeuble voisin et recueillent l’enfant désemparée. Comme personne n’a l’air de se soucier de sa disparition, ils vont la garder. Ça ne fera qu’une personne de plus dans la maison.
Nous allons vivre avec eux jusqu’à ce que ce bonheur apparent se brise après un acte délibéré du jeune garçon et nous allons ainsi apprendre la réalité qui se cachait dans cette maison.
Palme d’or à Cannes cette année, le film de Kore-eda est un pur moment de bonheur cinématographique tant ses compositions sont parfaites. La simplicité des plans, les dialogues aussi naturels que ceux que l’on peut partager avec ses intimes, l’histoire de cette famille et ses secrets qui dénonce également les travers d’une société nippone qui laisse sur le coté une partie de son peuple, tout nous laisse pantois devant ce petit chef d’œuvre.
Courez-y dare-dare….
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Cinéma
10 décembre 2018
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07:37
Leningrad (pas encore redevenue St Petersburg) fin des années 80, Brejnev tente encore de faire croire à une Union Soviétique fidèle aux principes mais le rock traverse les frontières et la jeunesse russe na passe pas à coté du déferlement punk. Les murs des jeunes musiciens se couvrent des affiches de Bowie, des Sex Pistols, du Velvet et de tous les autres. Mais ces jeunes artistes ne se contentent pas de copier et tout en s’inspirant des maitres vont créer une musique rock typiquement russe qui ne traversera pas ou très peu la frontière de ce pays. Il faut dire qu’il y a assez de public pour les apprécier. Cela me rappelle les paroles de Zakar Prilepine qui dit : « Quand je sors un livre, il est tiré à 5 millions d’exemplaires ». Ça fait rêver. Alors pour la musique, il y a assez de jeunesse russe pour s’en enivrer.
Mais nous ne sommes pas en Angleterre ni ailleurs et pour se faire entendre il faut passer par une commission qui examine les paroles et tente d’en déceler les fourberies mais on arrive un jour à monter sur la scène du Leningrad Rock Club, graal absolu même si des agents surveillent ceux qui auraient trop envie de montrer leur passion pour cette musique.
C’est autour du chanteur Mike Naumenko de Zoopark et du jeune compositeur de 19 ans Tsoi que le film va se construire. La jeune est belle Natascha, femme de Mike, ne va pas rester insensible aux charmes très troublant du jeune et talentueux eurasien et une sorte de ménage à trois (très amour collégien, comme l’avoue Natascha à Mike) va s’installer entre eux sans pour autant détruire leur amitié. Mike va aider Tsoi à se produire et le lancer sur la scène russe et devenir une star.
Le film est ponctué de scènes irréalistes où les passagers des trams, des trains participent à la pagaille subite en entonnant les chansons des héros des artistes locaux. C’est totalement jubilatoire et visuellement magnifique.
Kirill Serebrennikov est assigné à résidence depuis un an mais cela n’a pas empêché son film d’être présenté au dernier festival de Cannes où il a remporté le prix de la meilleure musique. Le magnifique noir et blanc qui le compose n’est pas sans rappeler le film Control et la vie de Ian Curtis de Joy Division mais c’est plutôt la joie et l’enthousiasme qui débordent ici et c’est très contagieux.
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4 décembre 2018
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10:56
"Les riches ont dans l'idée que les pauvres n'ont rien à voir avec les affaires du pays....."
Ah bon ???
On va changer ça........................
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correspondance
2 décembre 2018
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10:19
Nous sommes en Iakoutie, au fin fond de l’arctique Sibérien. Tout est blanc ou presque, tout est glacé durant toute l’année. Un couple vit dans une iourte isolée dans cette plaine laissée aux vents. Lui passe ses journées à la pêche ou à la chasse mais les prises sont de plus en plus rares. Quand la tempête fait rage il faut empêcher la pauvre tente de s’envoler.
Un jour, le fils passe les voir avec sa motoneige antédiluvienne pour leur livrer un peu de bois de chauffage et du pétrole pour les lampes mais les paroles restent rares. Il donne aussi des nouvelles de leur fille qui travaille à la mine de diamants puis repart.
Le chien est là, immense husky placide qui fait le boulot sans rechigner. Nous vivons au rythme lent des ces dernières personnes libres dans la contemplation des immenses espaces immaculés mais pour combien de temps encore ?
Sous le rythme lancinant de la 5° de Malheur provenant de la petite radio puis enveloppant l’image toute entière et qui fait dire au chasseur : » Cet homme a du être très triste pour écrire cette musique », les images magnifiques du réalisateur nous entrainent dans ce conte où la fin d’un monde idéal s’approche peu à peu. Le plan final est d’une pure beauté. Merci Monsieur Lazarov.
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30 novembre 2018
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1940, la guerre sino-japonaise fait aussi ses ravages de l’autre coté de la planète et le lieutenant Kurokawa revient dans son village mais pas vraiment comme il en était parti. Bardé de médailles et des éloges de la presse pour son courage et son dévouement à l’Empereur, son corps par contre est amputé de ses bras, des jambes et d’une grande partie de la parole mais il est devenu un soldat dieu.
Sa femme, tout d’abord atterrée de retrouver un mari à moitié va tout de même, aidée par les villageoises qui lui offrent de la nourriture, prendre soin de ce corps immobile.
Dans l’esprit de cet autre film admirable qui traite du même sujet, Johnny s'en va-t-en guerre de Dalton Trumbo (1971), où le soldat devient un instrument de recherches de médecins odieux, le film de Wakamatsu nous décrit la vie de ce soldat dans son milieu familial. Sa femme qui redevient femme et tente tout d’abord de lui faire et de lui donner le plaisir qu’il demande et le passé qui va revenir en force et les souvenirs de leur relation ancienne prendre le pas sur le présent. Elle va se révolter devant ses caprices.
Tourner en 12 jours, le film est cru mais nous montre sans complaisance les dégâts causés par les guerres. Qu’ils soient humains ou matériels. Des images d’archives violentes ponctuent le récit.
Koji Wakamatsu (1936-2012) fait un peu de prison à ses 17 ans, rejoint un clan Yakusa et décide ensuite de faire du cinéma et de dénoncer la société japonaise du siècle dernier. Il est surtout connu pour ses films érotiques mais ses deux derniers film, United Red Army et celui-ci, ont été récompensés au Festival de Berlin. Il est mort écrasé par une voiture alors qu’il préparait un film sur Tepco et le lobby nucléaire après la catastrophe de Fukushima (je dis ça je dis rien).
Merci à la médiathèque d’Arles qui m’a permis, une nouvelles fois, de découvrir un nouveau réalisateur.
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