26 février 2020
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Corps et Âme – film de Ildiko Enyedi – 2017 – 1h56mn
Une jeune femme arrive dans un abattoir hongrois comme contrôleuse de qualité mais intrigue tout le monde par son mutisme permanent. Le responsable tente de l’approcher mais se fait rembarrer illico. À la suite d’un incident et de la venue d’une psychologue, ils s’aperçoivent qu’ils font exactement le même rêve, elle en biche et lui en cerf, à la recherche d’aliments à manger dans une forêt en hiver. Ça rapproche.
Alors que dès le début, le film nous balance en direct les séquences de mort, et la suite, des vaches qui vont devenir les steaks bienvenus aux carnassiers que nous sommes (sauf moi… ouf, mais j’en prends tout de même plein la gueule), petit à petit, il bascule dans une poésie magnifique où les images des animaux interpellent les deux protagonistes.
Mais comment faire pour transposer ce rêve dans la réalité quand on est pour elle, plutôt un peu autiste et effrayée par la vie, et pour lui handicapé d’un bras ?
Elle, Ildiko, nous propose un conte parsemé de trouvailles et délicatesse d’une subtilité et d’une inventivité réjouissante. On se laisse transporter dans ce rêve éveillé et le cheminement que vont parcourir ces deux êtres pourrait être tout aussi bien le notre dans ce cas. Bien sur que non car il est trop personnel mais on se prendrait à le rêver aussi. Du pur bonheur.
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Cinéma
26 février 2020
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16:58
Missouri, 1861, la guerre de Sécession fait rage et s’approche peu à peu des états du sud où la vie continue et où l’aristocratie blanche et bien élevée continue de festoyer sous des airs de valse. Des français y font commerce et bien qu’ayant libéré leurs esclaves, ce n’est pas sur que les ploucs du nord sachent faire la différence. Ça sent le roussi et la famille, un homme, sa femme, ses trois filles et la servante noire très belle, décide de décamper et de rejoindre la France en bateau mais avant, il faudra traverser le pays…. à pied.
Ce n’est pas du western, un peu mais sans indiens (ils ont déjà tous été massacrés ou presque), il n’y a pas de poursuite, si, mais au ralenti, il n’y a pas de saloon. Il y a des grands espaces, obligé. Il y a surtout un peu d’ennui et de beaucoup réflexions intérieures, d’introspections.
Les femmes s’en sortent mieux que les hommes qui portent des masques ou font semblant. Au bout du compte, on aura passé un moment à suivre des gens mais sans y attacher plus d’importance dans un grand mélange de genre et ce, malgré des images léchées mais parfois trompeuses. A vous de voir.
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12 février 2020
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15:28
Ce regard, c’est celui de Gilles Caron, photographe de l’agence Gamma, disparu au Cambodge en juin 1970.
Faire un film sur un photographe, cela paraît incongru. L’un fige les actions, l’autre les enregistre en plans courts ou lors de longues séquences. Mais c’est justement par sa façon de photographier les scènes qu’il observe que Gilles Caron nous rappelle ce que l’on a pu voir (ou rater suivant l’âge) dans ces quelques années qui ont marqué l’histoire. Guerre des Six-Jours, Mai 68 et la fameuse photo de Cohn Bendit fixant le flic, London Derry, guerre au Vietnam, Biafra, il était partout et le magnifique travail de Mariana Otero consiste, entre autre, à le resituer dans l’espace géographie du moment. Comment il a pu se faufiler, se faire admettre, se faire oublier pour être là exactement où il fallait et au bon moment même s’il a pu sentir la mort le frôler à maintes occasions.
A revoir ses photos on se souvient bien sur de les avoir vues dans les pages chocs de Paris Match (le poids des mots, le choc des photos, souvenez vous) et elle nous explique son travail et cela devient vraiment du cinéma. Trier 100,000 photos offertes par la famille. (Ah, ce plan fixe sur ce disque dur enfermé dans sa boite et son mystère !!!!!), les développer, les poser sur ses murs, retrouver l’ordre original………...plus de 10.000 planches contact numérotées…………un travail d’archéologue que Mariano Otero va faire sans faillir pour nous offrir un grand moment de cinéma avec des images qui resteront longtemps gravées dans notre rétine. Magistral !!!!!!!!!!!!!!!!
Pour avoir travaillé 6 ans dans une agence de presse photo mais plus centrée sur les gens du spectacle, travail que Gille Caron faisait aussi et son commentaire sur ce monde est pas mal, j'ai revécu plein de moments tellement excitants comme l’arrivée des pellicules à l'agence, pellicules que j'avais récupérées des mains d'un passager qui arrivait en avion depuis là ou ailleurs ou de celles du photographe qui continuait sa planque et je devais rentrer à l'agence le plus vite possible car on se tirait quand même la bourre avec les motards des agences concurrentes . Sacré métier. J'ai senti que je devais arrêter quand un pote est mort devant moi sur le périf. Ce monde n'existe plus bien sur, remplacé par internet et les téléphones portables. Mais il a bien existé et Gilles Caron vient à juste titre nous le rappeler. Merci
en plein taf............avec Daniel Angeli, le boss........et les motos des potes
https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Angeli
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29 janvier 2020
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07:55
Se retrouvant à N.Y. avec un visa périmé et sans ressources, Lillian décide de rentrer dans son pays natal, la Russie mais à pied et par le détroit de Béring. Elle suit la trace d’une autre femme qui a tenté elle aussi de faire le même trajet mais en 1927.
Elle quitte N.Y. avec un dernier regard sur Manhattan et elle commence à marcher et s’enfoncer à l’intérieur du pays. Dormir dans un mobil home abandonné, se laver dans les toilettes d’une station service, se servir dans des magasins d’occasion ou profiter du linge qui sèche dans un lav-o-matic, sa vie durant ce long voyage silencieux (on n’entendra jamais le son de sa voix durant tout le film) ne sera qu’une lutte permanente faite de rencontres et de fuite.
Ce long cheminement nous fait traverser un pays aux grands contrastes. Plus Lillian s’enfonce vers l’ouest, ce Far West si connu, plus les paysages et les villes ressemblent à des fantômes et des déserts. Villes abandonnées à la suite de catastrophes climatiques ou sociales, grandes plaines agricoles.
Au hasard du tournage, elle va aussi rencontrer des peuples en lutte comme les Indiens Lakotas et leur combat contre un gazoduc. Elle en profitera pour faire des provisions pour la suite.
Mais plus elle se dirige vers ce détroit, plus les conditions climatiques se font rudes comme les risques de marcher le long des routes désertes.
Alors que nous côtoyons les esquimaux et leur pêche à la baleine, nous ne savons pas si Lillian à réussi à traverser. Un objet nous fait penser à elle.
Des images magnifiques, une actrice sublime (Patrycja Planik), un voyage hallucinant qui nous prend aux tripes. Une grande réussite !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Du coup, le gars de 'Into the wild' parait bien sage même s'il ne s'en sort pas très bien.
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28 janvier 2020
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21:19
Ouaga de Ouagadougou, Burkina Faso. Nous sommes au CFIAM, Centre Féminin d'Initiation et d'Apprentissage aux Métiers et nous allons suivre trois jeunes femmes entre 16 et 22 ans qui vont tenter de passer le diplôme en Carrosserie/Peinture.
Le film commence par une présentation d’un des professeurs qui n’oublie pas de rappeler que si elles sont là, c’est bien grâce au travail réalisé par Thomas Sankara au moment de l’indépendance de leur pays (ancienne Haute Volta pendant la colonisation française). Des images de TV rappelleront par la suite l’histoire du pays et la révolte qui a chassé Blaise Campaoré après 26 ans de pouvoir (dont on soupçonne l’implication dans l’assassinat de Sankara).
Quatre années d’apprentissage, de stage chez des professionnels dont une femme, pas peu fière d’avoir des hommes sous ses ordres et qui sort elle aussi de cette école pour faire des métiers d’hommes mais que des femmes peuvent faire aussi. Nous les suivons dans leur quotidien, ponctué de sorties, de visite chez la psychologue quand ça ne va pas où que la solitude pèse trop. Chantale n’a pas de parents même si elle sait que sa mère vit au Togo. Une autre donne naissance à un bébé qui suit les cours avec elle (magnifique image du professeur le prenant dans ses bras durant un devoir).
C’est la détermination qui frappe en les voyant vivre et même si des ricanements peuvent surgir parfois parmi des hommes, elles aussi ‘se sentent fortes’ et prêtent à affronter leur monde.
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28 janvier 2020
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09:23
En 2010, Renaud Barret nous avait époustouflé avec un documentaire retraçant l’aventure d’un groupe de musique de ce pays : Benda Bilili et qui avait permis une reconnaissance et une tournée mondiale. Espérons qu’avec ce nouveau documentaire, les artistes présentés puissent également suivre la même voie.
Nous sommes de nouveau à Kinshasa et Renaud Barret va nous faire rencontrer le milieu artistique de cette ville. Cela fait cinq ans qu’il travaille à ce sujet et l’on comprend bien que ce n’est pas en débarquant comme ça à l’improviste que l’on pourra faire un sujet de cette force. Ces artistes vivent plus souvent dans des ghettos que dans des villas cossues et ne sont pas toujours faciles à approcher tant leurs façons de créer est loin des schémas traditionnels. Étudiant sdf déambulant vêtu d’une combinaison du ‘Kongo Astronaut’, sculpteur un peu reconnu et qui fait vivre une dizaine ‘d’assistants’ grâce à ses revenus, femme peintre, performeur surgissant d’un coin de rue et tournant sur lui même une bible à la main, la ville chaotique donne naissance à une énergie incroyable et multiforme.
Mais on dénonce aussi la corruption, la richesse du pays qui s’en va en matières premières et qui reviennent sous formes de (nos) déchets et quand Freddy Tsimba , le sculpteur, construit une maison en machettes soudées et qu’il l’installe sur un carrefour, les langues se délient mais la police vient rapidement mettre fin au rassemblement. Les plaies sont encore ouvertes. Lui aussi doit fuir un moment pour se faire oublier.
Ce film nous transporte dans une autre réalité mais pas du tout virtuelle celle là. Celle qui vivent les habitants de ces quartiers où la notion de survie est omniprésente. Système K, Système Kinshasa. Une véritable pépite.
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28 janvier 2020
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08:26
Alors que la tension sociale prend des allures extrêmes, un groupe de militants activistes décident de kidnapper une grande partie des dirigeants du CAC40 lors d’une réunion privée donc très discrète.
Forts de cette richesse, ils vont obliger le gouvernent de Macron à change radicalement de politique : renationalisation des grandes entreprises, revalorisation des salaires, taxation des revenus du capital, annulation de la dette des pays du tiers monde, régularisation de tous les sans papiers. Ils donnent un an au nouveau gouvernement, dont les noms leur ont été fortement suggérés, à opérer ce virage avant de proposer un référendum aux citoyens afin de juger de cette nouvelle politique.
Pendant ce temps, les kidnappés vont devoir s’adapter à leurs nouvelles conditions de vie, celles qu’ils imposent aux travailleurs de leurs entreprises et à chaque fois le patron va se voir expliquer le détail de son enrichissement.
Et ça marche, lors d’un discours, Macron expose les nouvelles règles et cette politique va faire boule de neige dans d’autres pays. Mais comment va réagir le monde capitaliste devant cette révolution qui émerge ??? Vous le saurez en allant voir le film ou en invitant son réalisateur à venir le projeter chez vous.
pour tout contact : Christian Fraigneux - christian.fraigneux@yahoo.fr
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28 janvier 2020
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08:25
Après ‘Lunchbox’, où l’on suivait le parcours d’une gamelle repas à travers la ville de Bombay comme 200.000 autres tous les midis et la rencontre improbable de celle qui l’avait cuisinée et un comptable, Ritesh Batra choisit cette fois celle d’un photographe modeste posté devant La Porte de l’Inde et une jeune femme de classe moyenne. Elle accepte de se faire photographier mais part sans payer. Sa grand-mère vient lui rendre visite et il demande à la jeune fille qu’il retrouve si elle veut bien se faire passer pour sa fiancée.
Une nouvelle plongée dans le monde indien et ses paradoxes. Les hommes doivent se marier et on continue toujours de choisir celui qui va épouser la fille de la famille par des rencontres organisées.
Ces deux là vont se connaître peu à peu, obligés, en faisant comme si que, de se fréquenter par la présence intrusive de cette grand-mère.
Tout en délicatesse, douceur, silences, regards, le réalisateur nous propose un film d’une grande poésie. Visiblement ces deux êtres se plaisent mais restent paralysés par la force des traditions de leur pays. Il y a bien sur deux mondes (ou plus) qui se côtoient, se rencontrent parfois mais peuvent difficilement se mélanger. Ritesh Batra nous le montre avec toute la pudeur que les deux protagonistes se doivent de respecter bien que nous aimerions les voir enjamber le fossé. Mais nous sommes de l’autre coté de l’écran et dans l’impossibilité d’intervenir. Ne ratez pas.
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19 janvier 2020
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16:46
Alors qu’on fête l’anniversaire de Marcos, un coup de feu retentit sur la place de la ville, Contagem, dans la banlieue de Belo Horizonte (BH en brésilien et on prononce Béaga). Mais celui qui est mort n’est pas celui qui devait mourir.
Dans une chronique très amère d’une société brésilienne à la dérive, nous allons vivre au jour le jour avec les protagonistes, leurs familles, leurs amis, leurs amants et surtout leurs désillusions.
C’est tout un pays qui part à la dérive, où le flingue prend la place de l’album de souvenirs dans l’armoire de la chambre, et les amitiés contaminées par le fric et le désœuvrement.
On se débrouille tant bien que mal à survivre et à tenter d’améliorer ses revenus en devenant un ou une Uber dans son temps libre. Il a aussi le coup fumeux qu’on vous promet et qui vous fera partir au cœur du monde.
Le film est décousu et manque de caractère un peu comme ses acteurs qui passent beaucoup de temps à fumer des joints, mais ça fait partie de la culture de ce pays, ce qui les rend un peu indolents ou peut-être insensibles à la douleur et au malheur ambiant et même si cette chronique nous montre ce brésil déraciné, il n’arrive pas vraiment à nous le faire partager. La fin tragique ne fait rien pour croire au futur de ce pays en proie aux incendies allumés par un président débile et qui perd peu à peu de sa magie. Une tragédie !!!!
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19 janvier 2020
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10:09
J'avais bien vu ce film au programme mais je n’y avais pas prêté plus d’attention mais quand j’ai appris qu’il avait réalisé ‘Policier, adjectif’ que j’avais bien aimé et qu’en plus le film se passait en partie sur l’île de la Gomera, alors je n’ai plus hésité et j’ai foncé. Bien m’en a pris.
Christi, un flic pas très clean est envoyé sur l’île par ses supérieurs en vue d’enquêter sur un gros trafic. Le bateau accoste sur l’île sur la musique d’Iggy Pop ‘I’m a passenger’. Le ton est donné. Il est accueilli par des locaux qui sont chargés de lui apprendre un langage local appelé ‘El Silbo’, une langue sifflée dont se servaient les bergers pour communiquer de vallée en vallée et une brune pulpeuse. Il est toujours utilisé mais plus pour entretenir une tradition que pour vraiment communiquer. C’est pas évident pour le flic mais avouez qu’apprendre un langage avec un doigt replié dans la bouche avec un angle correspondant à celui d’un flingue demande un bonne dose de concentration. Mais il va s’y plier même s’il ne sait pas vraiment, comme nous d’ailleurs, à quoi cela va bien servir. On verra plus tard.
Par des flash-back et des allers et retours continuels entre l’île et la Roumanie, le réalisateur va nous faire, un par un, le portrait des protagonistes. Il faut suivre mais le puzzle se met en place doucement. Nous sommes entraînés dans un suite rocambolesque où les véritables identités se révèlent au fur et à mesure et nous plonge dans un étonnement constant. C’est totalement palpitant et parfois même hilarant et d’un humour vraiment caustique. Un pure merveille !!!!!
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