La semaine commence bien même si un brouillard persistant fait ressembler la Provence à la Bourgogne pouilleuse, contrée que j’ai bien fréquentée durant ma jeunesse et cela m’a marqué.
Mais le soleil arrive à pointer un bout de nez dans l’après midi et projette un peu de nos ombres sur le sol.
J’en profite pour aller rouler avec Vélo. J’invite J. à cette balade. Direction les Baux de Provence et le Val d’Enfer….belle petite cote où on retrouve une flopée de cyclistes et quelques unes belles comme des vélos de course…
Face sud c’est soleil mais dès passé le col, le brouillard nous retrouve et la fraîcheur. Ça fera tout de même un bon 55kil.
Le soir je reçois un cycliste. Timothé qui va rejoindre sa famille en Chartreuse, courageux le gamin. 21 ans en troisième année d’archi qui roule en short et baskets sur le magnifique Sunn chromé de son père et il a l’air de bien rouler car arrivé de Montpellier dans la journée. Ça fait tout de même 100 bornes. La soirée est consacrée, entre autre, à de beaux échanges sur nos voyages à vélo et les meilleures véloroutes mais c’est bien la première fois que je reçois un cycliste masqué. Putaing de Covid !
Le lendemain, alors que Timothé part vers Montélimar pour encore une bonne centaine de km, je reprends vélo pour une belle balade jusqu’à Fontvieille, Barbegal et sa meunerie Romaine, les étangs de la Gravière, Pont de Crau, Arles et retour. Encre un bon 50km pour se dérouiller les gambettes.
Le soir j’avoue une petite fatigue et dodo à 21h30.
Le vélociste qui voulait devenir capitaliste
Il était une fois un marchand de vélo à Tarascon (con)
qui vendait des vélos dans un petit magasin (zin)
on allait lui rendre visite quand on passait par là (la)
c’était bien sympa (pa)
puis les affaires ont marché et de mieux en mieux
et il a déménage pas très loin
juste à coté (té)
c’était un beau magasin avec tout ce qu’il faut
des vélos des vélos et encore des vélos (lo)
des vélos de course genre Colnago (go)
ou des vélos pour la montagne même si ici
il n’y en n’a pas beaucoup
même qu’on l’appelle la Montagnette (nette)
mais des vélos de rando pas trop
mais peu à peu on lui a fait comprendre
que ça existait aussi (si)
un jour il me dit : je vais m’agrandir
je vais acheter le magasin d’à coté (té)
pour vendre des bicyclettes à l’électricité (té)
et puis un jour on a vu un panneau sur la porte
j’ai déménagé mais pas juste à coté (té)
mais bien très loin dans la zone industrielle
mais qu’est-ce qu’il a donc été faire dans cette galère
je vais vous esspliquer
ses clients en effet ne roulent pas à vélo
ils font du vélo de course
sur leurs Colnago, Bianchi ou autres trucs à 3000 boules
au moins sans compter les options
alors forcément, ils ne viennent pas au magasin à vélo
mais bien avec leurs voitures, grosses en général
et le parking du petit magasin était bien trop petit
pour les recevoir
et ils l’ont fait savoir
alors il a déménagé
dans la zone industrielle
fini le petit magasin de vélo dans le centre ville
et quand vous déposez le votre
et bien vous rentrez à pied
j’ai fait deux fois le trajet
une fois pour rentrer chez moi
et une autre pour revenir le récupérer
et on ne m’a même pas proposé un vélo de prêt
ça vous apprendra de ne pas posséder
une grosse bagnole pour transporter
votre vélo
et puis une fois
il a monté une couronne de plateau
à l’envers sur mon vélo
mais j’ai payé 35 balles
j’m’en souviens encore
je vous dis pas la galère
pour grimper un col
ça voulait pas marcher
c’est normal c’était à l’envers
heureusement y’avait pas loin
un vélociste qui me l’a remis à l’endroit
ça marchera mieux comme ça
qui m’a dit
quand je l’ai dit
s’est même pas excusé
alors j’y vais plus
j’aime pas les parkings de bagnoles qui puent
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Les tégévés sillonnent la plaine
dans un feulement reconnaissable
les gens vont et viennent
dans ces fusées roulantes
bleues, grises ou blanches
ça dépend de la compagnie
mais ils foncent sans savoir où ils passent
mais moi je les vois bien
j’ai le temps
je roule à vélo
ce vélo qui me ramène chez moi
ou m’emmène ailleurs
c’est toujours du bonheur
le ciel est bleu même s’il est pâle
la température douce avant les prochains
soubresauts de l’hiver
il va falloir se planquer
ça va souffler sévère
on va la jouer pépère
C’est Noël
les navigateurs se déguisent en Père
et décorent leurs bateaux
surtout les filles d’ailleurs
elles nous font bien rire
avec leur regard décalé sur la vie
des baleines frôlent les frêles esquifs
même si c’est beau
ça doit foutre les chocottes
c’est balèze ces bestiaux
si ça vient à se frotter à la carène
ils sont loin
elles aussi
approchant le point Némo
c’est là qu’on est le plus loin de toute vie au monde
au milieu de l’océan pacifique
soit un peu au milieu de nulle part
Trop de vent pour rouler
j’en profite pour marcher
Cap sur l’Aiguille, ça frôle les 126 mètres
le bouc solitaire est toujours là
il vient renifler mes affaires
dès fois qu’il aurait quelque chose à glaner
mais j’ai rien apporté pour toi je lui dis
tans pis, il ne se vexe pas
Revenir à la ville
elle qui ne se refuse pas
mais pour y faire quoi
quand les musées sont fermés
et les cinémas obscurcis
par des ordres iniques
alors déambuler
chercher un livre
que je ne trouve pas
en faire le tour
pour s‘occuper, sortir
ne pas rester enfermé
voir des gens à qui on n’est pas obligé de parler
des devantures de magasin
où on n’est pas obligé de rentrer
mais on peut, si on veut
même la ville paraît endormie
elle aussi par la pandémie
et les regards ne sont plus les mêmes
comme si l’autre pouvait être
un éventuel suspect
qu’avons nous fait de la vie
Le matin, je me connecte au Vendée Globe
pour prendre des nouvelles de mes ami.e.s
on peut dire ça de gens dont j’ai des nouvelles tous les jours
c’est pas toujours le cas
les filles sont extras
Clarisse Cremer, la plus jeune de la flotte (30 ans)
qui parfois semble à la limite de craquer
on ferait pas trop les fiers à bras
à sa place tout seul au milieu des océans
Isabelle Joschke (43 ans et 7éme au classement général)
Pip Hare (46) et son accent anglais so british
ou encore Alexia Barrier (41)
ont plus de bouteilles (à la mer)
et semblent appréhender cette course plus calmement
même si elles avouent se faire bien secouer
et négliger leur tenue
elles n’inviteraient personne à déjeuner sur leur bateau
si on prend leurs histoires en cours de route
tout cela peut paraître bien abscons
mais si on a suivi leurs périples depuis le premier jour
le récit de leurs aventures prend toute son intensité
et on est content de savoir qu’elles vont bien
qu’elles profitent d’un moment de répit pour se reposer
ou prendre soin d’elles
Une dernière promenade à vélo pour conclure la semaine
retour aux Baux par le vallon de l’enfer mais dans l’autre sens
quelques vélo mais beaucoup de bagnoles
mais des belles de sortie :
Mustang au V8 rageur et R8S jaune qui s’la pète dans les virages
tout le monde s’amuse
ça caille grave et il faut au moins quatre couches de vêtements pour se protéger
ça va j’ai ce qu’il faut
bonne nuit