De Beaucaire à Grasse à vélo avant la tempête - 300km et 4194m+
Départ 9h15, j’ai du mal à démarrer mais dès que les roues commencent à tourner, tout va bien. Maillane,…. Eyrargues, je connais cette plaine où les ouvriers s’affairent dans les serres et les champs. Petite côte avec point de vue magnifique sur les Alpilles. Le ciel est sombre mais là où je me rends c’est bleu. Tant mieux. Un pont pour vélos et piétons enjambe l’autoroute et la ligne TGV et permet d’atteindre Cavaillon sans encombre. Ce petit plan égoïste est réjouissant.
Peu avant Robion, la voie verte du Calavon est déjà là est des gens travaillent à la prolonger. Impek ! Je l’emprunte fissa et elle m’emmènera jusqu’à Apt, mon étape de ce soir. Elle passe par de vielles gares oubliées comme celle de Goult où celle de Bonnieux accaparée par cet enfoiré de Pierre Cardin qui, non content de se croire le maître de Lacoste transforme aussi la gare en lieu d’exposition luxueux. Je squatte une de ses tables (en marbre, svp) pour mon picnic.
Il a aussi des vieux ponts de chemin de fer en fer magnifiques, un dolmen découvert lors de crues et reconstitué près de la voie, merci les copain. Il y a des petits canyons creusés dans la rocher pour laisser passer le train et la rivière qui coule en bas, silencieuse. Il n'y a plus de trains mais des vélos qui passent sur cette voie loin du bruit, loin de la route qui passe au dessus mais il manque encore des kilomètres de voie verte à construire et cela prend un temps fou. Pourquoi si long ?
Je vais trop vite où je ne sais pas si le vent me donne un bon coup de pied au cul mais j’arrive à Apt vers 15h30. Qu’est-ce que je peux faire ???? Chai pas quoi faire ??? Bon déjà monter la tente au camping, y’a presque dégun. La terre c’est comme du béton et je demande à un couple de danois en camping-car s’ils n’ont pas un marteau. Si, ils ont un et me disent que c’est pas la première fois qu’ils rendent ce service. Ça me va.
Et puis je fais un tour dans la ville qui est bien sympa. Au détour d’une rue je tombe sur le cinéma, ils jouent, entre autre, le film japonais : Dans un jardin…..je me rue. Cérémonie du thé à toutes les sauces et les saisons. Belle réflexion sur le temps qui passe. De très beaux bols et des gâteaux qui font envie.
Je sors du cinoche et ça caille un peu. Arrêt Orval dans un pub. Il ne la donne pas (6.5€) mais c’est pas si souvent de rencontrer cette pépite en chemin alors je ne me prive pas bien qu’elle n’ait pas le temps de maturation idoine. Là aussi je dis rien enfin si mais je la bois quand même.
C’est pas le tout mais ça grouille dans le ventre et il va falloir penser à combler ce manque. Y’a un resto qu’est bien noté alors je tente….. NUL !!!!! encore un qui confond végétarien et anorexique : quelques légumes qui nagent dans un bouillon autour de deux cuillères de purée. Je lui en fais la remarque et le mec le prend très mal.
« Je peux vous rajouter du riz » qui me dit
Alors pourquoi tu ne le mets pas de suite du con ? C’est compliqué ? Ça je ne lui dis pas mais c’est bien ce que je pense.
Du coup j’ai perdu l’appétit, je paye et je me casse. Je me venge d’une crêpe beurre/sucre dans un bistrot à côté. Je suis un peu plus calé. Je pense au resto de Sète. J’en rêve.
Mardi matin, je vais régler. La fille de l’accueil est sympa et me remplit mon thermos d’eau chaude. Elle fait du café aussi. Non mais je rêve ou ne vois-je pas d’autres Orval dans le frigo. Elle me dit qu’il y a beaucoup de belges ici. Ceci explique donc cela. Ah mais quel pays !!!!
En attendant que la tente sèche je fais un petit tour dans la ville. Quelques achats dans le petit magasin bio et du vin pour on ne sait jamais. La vitrine de la librairie Fontaine est belle avec toute cette rentrée littéraire affichée. J’avais postulé à une époque mais ça n’avait rien donné. Bon c’est l’heure de décamper.
Je ne vais pas très loin et je me rends compte vite que ça va faire trop court et comme les W.S. de ce soir ne sont pas là avant 19h00 je change de plan. Je vais directement à Ste Croix en Verdon. Je les préviens qu’ils ne m’attendent pas. J’appelle celui de Castellane pour le prévenir que j’arrive plus tôt. C’est bon pour lui. J’appelle Jean pour lui dire aussi. Il va s’arranger. Manosque, picnic dans un parc au calme. Balade dans la ville, mais je n'ai pas le temps de visiter la maison de Giono, ce sera pour une autre fois. Arrêt à l'église St Sauveur où un panneau annonce un orgue du 17°. Je ne peux résister. Tout ça aussi parce qu'on annonce un temps pourrave dès vendredi et je ne veux pas traverser les gorges du Verdon sous le mauvais temps. Pas question !!!!
Après Manosque, ça descend et puis ça remonte jusqu’à Gréoux los Baños. On dirait une ville d’opérette avec ses petites maisons et leurs petits jardins mignons. Après la cure, les gens peuvent bien sur claquer leur pognon dans le casino. C’est dingue ce monde !!!!
Encore une petite montée pour le plateau, décor vide et austère de la Haute Provence et de champs sans rien dessus. J’imagine lavande ou céréales. Atteindre St Martin de Brômes et Allemagne en Provence où la famille Castellane (François et Melchior, XIII° et plus tard) a construit un beau château.
Je continue vers Montagnac et Ste Croix en Verdon, l’étape du soir. La surprise vient du fait que le camping est au bord du lac c’est-à-dire EN BAS d’une cote de 15%.......qu’il va falloir bien sûr se retaper demain. Mais demain est un autre jour et en attendant on me taxe de 15,5 boules pour la nuit, le tarif demandé aux camping-cars….. Mais je ne suis pas un camping-car !!!!!! Na fout….faut raquer sinon demi-tour. J’obtempère….me voilà arrivé. 18h00. Belle journée. Monter la tente, douche et grimper jusqu’au village pour voir ce qu’il y a pour se refaire une santé. Un resto c’est tout, pas le choix mais ça sera le bon.
Une pinte de Méteor pour commencer assis à la terrasse devant le lac. Y’a plus moche comme spectacle. Pour le repas un wok de légumes me parait convenable mais je dis juste cette fois que je viens de faire 80km à vélo et que j’ai faim. « Avec un risotto au parmesan ça ira ??? ». « Parfait », réponds-je. Mais quand l’assiette arrive c’est tout rikiki comme portion et à ma vue déconfite la patronne me demande si c’est bon mais je réponds gentiment que oui (ah…. ça s’améliore) mais que j’avais envisagé ça plus conséquent. Elle me répond derechef : « Vous en voulez encore ?? La même chose ??? Et je dis un grand oui. Et on me sert une deuxième assiette…. Pour le prix d’une…. Me v’la calé.
Entre-temps, la lune s’est levée et se reflète merveilleusement sur les eaux calmes du lac. Classieux comme pestacle du soir. Je reste un moment. Descente au camping, un peu de Zeniter et dodo mais il tarde à venir et il vient enfin.
Mercredi matin, tout est trempé comme d’hab. Pas de bar pour un café. Camping de camping-cars avec touskifo. Je demande à des voisins de l’eau chaude pour mon thé et ils reviennent avec un quignon de pain. Sympas les gens du nord. Je devrais tenir jusqu’au prochain village. Vers 10h00 tout parait sec et je me casse. Ah oui…. La cote !!!!!! mais à part les premiers mètres vraiment raides le reste se fait en pédalant. J’arrive sur en plateau qui longe le lac avec vue grandiose sur l’enchaînement Lure, Lubéron et Ventoux au fond. Vraiment grandiose sous un ciel absolument bleu. Que demander de mieux ? Un café et quelque chose à grignoter. Moustier, pas avant, mais pas facile de trouver à manger dans le village. Que des boutiques..Enfin une boulangerie-café-restaurant. Pause.
Je peux filer. L’entrée dans les gorges se fait par un passage étroit et époustouflant. Tout le monde s’arrête pour la photo. Trois petits cols : 675, 711 et 1030 pour la Palud sur Verdon. Je double un couple d’allemands super chargés. On cause en pédalant. Ils pensaient à l’Asie mais Covid en a décidé autrement. Ils ne savent pas vraiment ce qu’ils vont faire. Rentrer et attendre l’année prochaine et des moments plus sereins ? J’avance.
Pause au temple mondial de l’escalade et les voitures et fourgons garés dans les virages et le village en attestent ; 38, 73, 74, que des départements de montagnes et les autocollants PETZL en rajoutent une couche. Cette route est une des plus belles que j’ai pu emprunter, tout est sublime et incite à la contemplation. Encore 25km. J’ai tout le temps et je m’arrête partout et avec le vélo c’est plus facile qu’en voiture ou moto. Je me régale du Verdon vert pâle qui coule au fond des gorges, des cluses, des roches creusées pour faire la route, des vieux ponts, des tunnels, des vues, des panoramas. C’est tellement beau qu’il faut en profiter un MAX !!!! Quelle belle journée !!!!!!!!!!!!!
Castellane : le temps d’une tarte aux amandes et meringue souple et un vichy cassis au café et Maxime, le W.S. de ce soir arrive.
J’espère simplement qu’il n’habite pas là haut…ça ferait un peu chier….non ça va, place de la mairie et quelle belle rencontre. Lui c’est plutôt le kayak version extrême mais quand une tendinite le prend lors du tour de l’île sud de la Nvelle Zélande et que son pote casse son kayak en deux, quoi de plus naturel que d’acheter des vélos pour continuer ce voyage. Pas question de rentrer si tôt. Et c’est de cette histoire que sa passion pour le vélo est née et, dès rentré en France, il s’inscrit sur W.S. d’où ma visite. Il a même reçu il y a quelques jours Katarina, l’allemande qui est restée un moment chez moi en attendant que le mauvais temps passe. Le monde est tout petit je vous dis. La soirée se passe en échangeant nos expériences et en arrivant au même constat : il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour connaître l’aventure. Sa petite entreprise marche pas mal mais en hiver c’est plutôt mort et les seuls endroits où pratiquer son sport se trouvent dans l’hémisphère…………..sud….allons-y et c’est pas les endroits qui manquent : Patagonie, Dolpo, Afrique équatoriale….il y a des rivières dans le monde entier…..quand on aime on ne compte pas………..air connu. Parfois il fait dans le plus simple comme le Tarn entre Pont de Monvert et Florac mais c’est classé 5 et réservé aux pros. Le Verdon invisible aussi avec la championne du monde de ce sport extrême. Y’a des boulots plus chiants. Spa ?????
Dernier jour, je quitte Castellane un peu plus tôt, y’a rien à faire sécher ce matin. Un premier col à 725m suivi d’un autre à 1054 (Luens) et un dernier à 1169 (Valferrière) plutôt faciles car la pente est continue. Le paysage est toujours aussi splendide avec la vallée bordée de falaises incitant à à la grimpe permanente. C’était avant….. La petite chapelle de N.D. de Gratemoine (ce que tu veux..ça fait du bien) est située sur une ancienne voie romaine comme en atteste la borne milliaire transformée en bénitier de grenouilles. (La chapelle Notre-Dame-de-Gratemoine est un vestige du prieuré bénédictin qui occupait ce site au XIe siècle. Ce nom viendrait du latin grada camina, le chemin qui monte, Séranon était alors une étape importante sur la voie romaine qui reliait les Alpes au littoral. Cette chapelle était à l’origine beaucoup plus importante et seule la dernière travée de la nef a été conservée. Elle est tout ce qui subsiste d’un ancien prieuré de l’abbaye de Lérins).
Au dernier je quitte la route Napoléon pour une petite route vers Mons
Arrêt boulac pour aider le petit commerce : cake aux fruits esstra pour 3€ et croquant à oune balle ? Ça ne se refuse pas. Je me pose sur la grande terrasse qui domine toute la cote et la mer. C’est pas dégueu. Un couple m’aborde pour me demander d’où je viens et quel voyage. La discussion commence par le vélo pour se terminer sur un Maramu de 13,80m. Pour ceux et celles qui ne savent pas, le Maramu est le grand frère du Kirk, comme le capitaine , le bateau sur lequel j’ai navigué autour de l’Espagne en 78, mais beaucoup plus classieux. Un ketch…..comme quoi le vélo mène à tout. Sympa ce couple.
Longue descente jusqu’à la Siagne et belle remontée vers St Cézaire…..à partir de là, je vais retrouver la dé-civilisation et ses bagnoles partout et une zone abandonnée qu’on dirait ailleurs et pourtant c’est bien là, à quelques kilomètres de la fameuse Côte D’azuuuuuuur !!!
Je pense avoir vu plus de voitures en une heure que durant tout mon voyage…ce n’est vraiment pas une région faite pour nous mais les plans vélos n’ont pas l’air d’intéresser les élus locaux à part quelques tronçons perdus et sans continuité.
Je fais bien d'arriver aujourd'hui car le jour suivant apportera des malheurs pour certains et je serai bien content d'être à l'abri. Dernier tronçon tout en cotes pour Grasse et le train qui me ramène chez moi après un week-end de repos.