14h30, il fait déjà chaud mais j’ai connu pire. La petite route qui longe la grande depuis la gare évite de se faire doubler par les voitures. C’est calme et ils ont commencé à dégager les abords. Plus facile de voir si quelqu’un arrive en face. J’aperçois un chien un peu plus loin sur le bas coté. Je vois tout de suite qu’il a un problème. Dès qu’il se lève, il s’écroule, ses pattes de derrière ne le soutenant pas. Je m’arrête et je lui parle. C’est un Labrador. Je retourne sur mes pas vers la première maison, je sonne la cloche et un balèze de chien genre Beauceron vient m’accueillir. Pas du tout agressif. Un jeune homme noir sort de la maison et je lui demande si un chien Labrador ne lui appartient pas. Je lui raconte l’histoire et il enfourche son vélo pour me suivre. Labrador n’a ni tatouage ni médaille d’identification pour savoir à qui il appartient. Ça va pas être facile. Il décide de le ramener chez lui en attendant. Je repars. À l’autre maison je tente de savoir si le chien ne vient pas d’ici. Je frappe aux fenêtres, à la porte mais personne ne répond. Je tente de l’ouvrir et elle s’ouvre. Je me retrouve dans la cour. Un autre chien gris aboie mais sans plus. Je frappe à la porte de la maison et une femme en sort enfin.
« Vous m’avez fait peur. Mais qu’est-ce que vous faites chez moi ? » me demande-t-elle.
Je lui explique que je n’ai pas trouvé de sonnette ni de cloche et elle me dit :
« C’est fait exprès ! Non, MES chiens sont là ». Elle semble donc rassurée.
En l’espace de cinq minutes, j’ai pu voir deux comportements totalement opposés. Un jeune homme soucieux de la santé d’un chien et une femme qui n’en a visiblement rien à foutre. Le tout à deux cents mètres de distance. Deux mondes.
Un peu plus loin, un paysan sur son tracteur avec un drôle de bazar. Je pense tout d’abord que c’est pour débroussailler mais je vois vite un nuage en sortir. Le fumier est en train d’asperger les bas cotés avec de l’herbicide. Je lui demande ce qu’il répand.
« Qu’est ce ça peut vous foutre » me répond-t-il. Oh le con !!!! Je lui répond que ça me fout que j’en prends plein la tronche avec le vent en le suivant. Le conversation prend vite un caractère tendu et je le double en le traitant de pourri.
Encore un peu plus loin, c’est un autre agriculteur qui fait la même chose sur ses vignes et le vent ne s’empêche pas bien sur d’éparpiller ce nuage tout autour…...elles sont loin les recommandations des ‘sages’ sur la distance à respecter entre les épandages et les zones d’habitation. Là je vois bien que le vent s’amuse à répandre cette pourriture bien plus loin des recommandations…...bullshit que tout ça….Petit vent de face ….je l’aurais dans le dos au retour. C’est toujours ça de pris.
La suite du parcours se fera sans autres anicroches à part les jeunes filles gitanes qui campent depuis des années près du fleuve. L’une d’elle fait semblant de mettre un bâton dans mes roues. Semblant simplement mais avec le sourire. Mais qu’elle drôle d’idée. A chaque fois que je passe près de leur campement, je me dis que c’est tout de même une autre vie. Voitures défoncées, caravanes démontées comme les appareils ménagers et aussi les détritus qui jonchent le sol et les abords. Une vie entière dans cet environnement ???
Arles est très calme sans les hordes de touristes qui normalement la sillonnent…..mais qu’est-ce que la normalité aujourd’hui ? On ne peut pas rentrer dans la médiathèque, juste récupérer sa commande à l’accueil. Ça devrait être fini bientôt me dit-on. Une glace pour le moral et retour.
En passant devant, je m’arrête à la maison où Labrador a été accueilli. Il se promène en claudiquant dans le jardin. Ça à l’air d’aller mais personne pour m’en parler. Je rentre.