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Le blog de didier falleur pensées nomades

Le ciel sur la tête et Quartier charogne – deux Nan Aurousseau pour le même prix

didier falleur
Le ciel sur la tête et Quartier charogne – deux Nan Aurousseau pour le même prix
Le ciel sur la tête et Quartier charogne – deux Nan Aurousseau pour le même prix

Le premier livre nous entraine dans l’univers carcéral des mineurs autour de quelques garçons enfermés pour des délits divers. Du plus léger, trois mois pour trafic de stup à la fac alors que la juge avait décidé trois mois avec sursis mais la greffière a mal noté alors trois mois ferme. Trois mois c’est pas très long lui dit-on. Pour d’autres, en revanche, les peines sont plus longues mais ils se retrouvent tous au même endroit et une mutinerie va les plonger dans le quartier disciplinaire des adultes en isolement. Un éducateur va faire son possible pour les en sortir car c’est contraire à la loi mais de la loi en prison il n’en est pas toujours question.

Nan Aurousseau parle d’un lieu qu’il a connu lui-même et ses paroles viennent directement frapper le lecteur par leur acuité et le vécu qu’elles transpirent. Le manque de moyen, l’état qui abandonne ces jeunes promis à un avenir plus qu’incertain après ces séjours plus ou moins prolongés à côtoyer d’autres détenus décidés à en découdre avec la société.

Le livre est âpre comme la vie de ces jeunes qui refusent de courber l’échine devant une société qui ne leur laisse pas souvent d’autres alternatives que la révolte.

Dans le second, Nan Aurousseau nous raconte sa vie dans ce quartier de Paris, la tranche de ses six à quinze ans, de son arrivée dans les années 50 rue des Maraîchers dans le XXe, le quartier Charonne et ses débuts de délinquant.

Un père absent qui, malgré un travail d’ouvrier spécialisé, préfère se noyer dans l’alcool et battre sa femme, lui laissant l’éducation des enfants. On pense à tort que cela n’existe que dans les livres mais Nan Aurousseau nous prouve bien le contraire. Alors, on ment, on s’acoquine avec les petites frappes du quartier et on se fait du fric facile en braquant des commerces car faudrait être con pour bosser alors qu’on peut se remplir les poches facilement.

C’est un Paris qui n’existe plus ou qui s’est déplacé dans les cités que nous raconte Nan Aurousseau, le Paris des gamins de la rue. On pense à Doisneau évidemment mais pas celui des amants qui s’embrassent ou des enfants qui sautent les flaques la baguette sous le bras mais le Paris de la misère, de la crasse et des murs noircis par le charbon. Du coup, c’est Les 400 coups de Truffaut mais version voyous. C’est magnifique des amitiés qui naissent, des parties de rigolades au volant des DS 21 (celles qu’il préfère voler car elles tiennent bien le pavé ces merveilles), de la sensation d’être libre et de niquer la société même si ça va mal tourner mais en attendant on profite à fond de la vie.

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