Mon train est à l’heure
Mais pas l’avion de mon ami Jean
Il arrive enfin
Cannes est une belle ville
Mais qui ronronne en dehors de ses rendez vous élitistes
Un certain festival en fait sa renommée
Mais je veux parler d’une petite fiesta
Qui a eu lieu quinze jours avant mon arrivée
Et bien je n’y ai même pas été invité
Il faut dire qu’il s’agissait de présenter aux riches
Les moyens d’optimiser encore mieux sa fortune
Entendez dans optimiser une façon ironique de dire
Ne pas payer ses impôts
Il s’agissait de : sécuriser des actifs et créer des flux de trésorerie....cool....
Ou encore de : l’ouverture de comptes bancaires dans des pays très développés.....au choix, les Bahamas, les Caïmans, Jersey, Malte, Singapour et j'en oublie.
1000 balles le ticket d’entrée avec champagne à volonté
Mais Cannes en hiver c’est aussi le calme d’une Croisette abandonnée des touristes
Où les habituées se baignent malgré une eau à 16°
Et où on peut boire un café ou une bière les pieds dans le sable
Au loin les yachts battant pavillon Maltais
Se dandinent sous le clapot des flux financiers
Ici point de reflux, il n’y a pas de marée
Qu’elle soit humaine ou dédaigneuse
L’arrière pays est tortueux
Et couvert d’autoroutes
De pénétrantes et de routes
Qui font la part belle aux voitures
Les gilets jaunes montent la garde aux carrefours
Mais tout est calme avant la tempête
Il faut du temps pour retrouver la nature
La maison de mon ami est tout en haut
Et surplombe la vallée d'où on peut voir la baie de Cannes
Qui luit sous le soleil
Il a acheté un petit voilier
Où on a pris le déjeuner
Il m’a proposé de faire une virée
Je lui ai demandé de rentrer
Avant de tout dégueuler
C’est dommage de gâcher de la nourriture
J’ai mis deux heures avant de retrouver l‘équilibre
C’est vraiment plus mon truc le voilier
Je préfère rester les pieds sur terre
Le soir on a sillonné la campagne
Sur des routes qui ressemblent à la montagne
A la recherche d’un concert de jazz qui n’existait pas
On aurait pu terminer chez le toubib du coin qui donnait une fête
Mais on n’a pas osé
On a fait des feux de cheminées
Regarder la pluie tomber
Manger des plats gratinés
Le train qui me ramène
Et après avoir quitté mon ami
Cette fois dans le jour qui se lève
Et le froid glacial du matin
Longe la cote qui se dit d’azur
Elle ressemble bien à ça
Dans la lumière rasante du soleil
Il suit ses méandres
Et tout est encore calme sur les routes
Puis il s’enfonce dans les terres
Derrière les ocres de l’Esterel
Pour réapparaitre dans les villes
Encerclées de bétons
Qui la contraignent