Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 08:20

La première étape passe par la mort, après il ne faudra plus passer que par une résurrection pour accéder au nirvana et c’est bien ce qui est prévu.

On oublie Achille pour un temps et on se concentre sur le bonheur d’être dans cette ville.

J’ai rendez vous dans le 20° avec la femme qui m’héberge ce weekend. C’est une des pratiques de notre Asso que de proposer aux militants qui se déplacent de dormir chez ceux qui sont là. Ça rend un grand service et on se connait un peu même si on ne s’est jamais vu, on partage les mêmes idées.

Donc en attendant de rencontrer Sophie je fais un tour au cimetière du Père Lachaise. Sur le mur qui longe ce parc aux endormi.e.s, une fresque en métal de plusieurs centaines de mètres porte les noms des dizaines de milliers de morts parisiens (presque 100.000) disparus durant la grande guerre, 1914-1918 et jusqu’en 1923. Des gens viennent chercher le nom de leur aïeul.

Dès l’entrée, je me dirige vers la petite guérite où deux gardiens discutent et je demande où se trouve la tombe de Bashung. Un des deux me dit tout de go : «  Bashung ? Mais c’est le plus grand. Venez, je vous y emmène ». Sur le chemin, nous évoquons ce chanteur disparu et nous nous accordons sur le fait que personne ne pourra jamais le remplacer.

« Je découvre encore des mots cachés », m’avoue-t-il. Tout comme moi.

Nous passons par la tombe de Jim Morrison où des amerloques s’adonnent à des cérémonies d’adoration que nous sommes priés de ne pas commenter.

« Je ne les supporte plus », me dit-il.

Puis voici le carré où se retrouvent Bashung, Higelin, Mano Solo et Desproges. Parmi eux se faufilent les tombes de Chabrol et Chopin, entre autres.

Paris, la preuve par quatre - Première partie
Paris, la preuve par quatre - Première partie
Paris, la preuve par quatre - Première partie
Paris, la preuve par quatre - Première partie
Paris, la preuve par quatre - Première partie
Paris, la preuve par quatre - Première partie

Il est 17h30, le cimetière va fermer et je monte à pied jusqu’à Gambetta où j’ai rdv avec Sophie qui arrive avec son vélo, un beau Batavus à boite de vitesses, " une merveille me dit-elle". Elle me donne une paire de clefs, je dépose mon sac puis je file à  Radio France pour assister à un concert en hommage à la fin de la guerre de 14/18.

Le Tombeau de Couperin et le Concerto pour piano et orchestre « pour la main gauche » de Ravel suivi d’une création mondiale de Philippe Hersant : Sous la pluie de feu. On termine avec Igor Stravinsky et une Symphonie en trois mouvements. Pascal Rophé à la direction.

Les deux œuvres de Ravel nous transportent, magnifiquement interprétées par l’orchestre et le jeu flamboyant de Nelson Goerner au piano. Grosse claque !!!! Il faut bien l’entracte pour reprendre pied sur terre.

La création de Philippe Hersant est une œuvre splendide, tout en retenue et douceur et les solos de violoncelle et violon viennent avec quelques frottements et pincements accentuer l’impression de respect offert à tous ces morts. C’est peut-être dans l’interprétation de la partition stravinskienne que l’orchestre a péché par quelques départs un tout petit peu hésitants et l’on voit bien que c’est dans les œuvres françaises qu’il est le plus à l’aise mais à leur défense, je crois que cette symphonie est vraiment plus exigeante. Mais le tout fut d’un très haut niveau et ce concert restera comme un grand moment de musique. Nous nous trouvions juste à coté de l’orgue soit en face du chef d’orchestre ce qui permet d’observer sa façon de conduire particulière. L’acoustique est tellement exceptionnelle que cela ne change rien, on entend des détails d'une incroyable précision sauf peut-être pour les solos du violon (Hélène Collerette) et du violoncelle (Nadine Pierre) qui faisaient vraiment face au public.

Paris, la preuve par quatre - Première partie
Partager cet article
Repost0

commentaires