Long, très long ce voyage vers la mer
Tous les trains sont à l’heure c’est déjà ça
Mais celui qui doit m’emmener à Bordeaux ressemble à un téeuèrre
Wagon de première déjà déclassé mais tant pis y’a que ça dans le stock
A Marseille, c’est la misère
La clim déclarera forfait très vite et on nous distribuera de l’eau à 50 bornes de l’arrivée
Mais faut pas se plaindre non plus
Y’en a qui traversent la méditerranée sur des barcasses
Sans être surs d’atteindre les rives du Styx
Et le pire reste à venir
Le dernier tronçon de bus est un long moment d’ennui
A travers un dédale de rues qui n’en finissent pas
On dirait qu’ils s’amusent à nous faire faire des détours
Après plus de neuf heures j’arrive enfin à Lacanau
Les filles sont jeunes et très légèrement vêtues
Et les beaux surfeurs quelque peu négligés
Les attendent déjà à l’arrêt de bus
Les vacances commencent bien
Mon taxi Uberpote m’attend aussi
Et les miennes se présentent au mieux
Premier bain de mer de l’année et l’eau à 17° me saisit
Puis quel bonheur de se plonger dans ce liquide rafraichissant
Où le sel donne tout de suite envie de déguster une douzaine d’huitres
Où ses ondes massent gentiment mes muscles endoloris
Je sens tout de suite que cela me fait du bien comme de marcher sur le sable mou
Demain je remets ça
Lacanau c’est la parenthèse annuelle
Où le farniente se même à la lecture
Le prélassement sur le sable accueillant
A regarder le corps bronzé des jolies femmes qui passent
Y’a plus dur comme taf
Je suis remonté sur un vélo. Ça va si je ne force pas et que la selle est assez basse pour ne pas tirer sur la jambe
Extra…..tout va de mieux en mieux.
La canicule est partie et nous perdons au moins 10° mais l’eau est toujours aussi bonne même si la mer reprend peu à peu son visage de vagues. On annonce de la pluie. Le gens oublieront vite cet épisode de chaleur et penseront que tout est redevenu normal. Mémoire de poissons rouges.
Mon pote Philippe, un ancien camarade d’Epcot (USA, 1984) est passé me voir avec sa Guzzi. Il est de Bordeaux et en vacances dans le coin. Toujours aussi charmant ce garçon, les yeux pétillants, un visage frais, à l’aise avec tout le monde.
Je vais essayer de refaire une rencontre avec mes anciens copains de cette époque car Stéphane (de Lille) m‘a enfin appelé après des années de tentatives de connections. Je les avais invités à venir avec moi pour un deuxième voyage au Brésil après notre année passée en Floride. Nous sommes partis de Rio et avons voyagé durant trois mois le long de la cote jusqu’à São Luis do Maranhão via Salvador et Recife. Ce voyage ne s’est pas déroulé sans quelques aventures croustillantes comme cette attaque à main armée à Santa Teresa sur les hauteurs de Rio et que l’on atteint avec un Tram bien connu, O bonde (on prononce bondji, ou Tram des voleurs) quand des bandits on tenté de dérober l’appareil photo que Phil portait en bandoulière. Je l’avais pourtant prévenu. « Phil, fais gaffe, nous longeons une favela et ton truc est un peu voyant ». Ça n’a pas raté et quand le type a pointé son flingue je lui dis connement : « ils sont trop fauchés pour s’acheter des balles ». Manque de pot, celui là en possédait et les coups de feu ont claqué mais heureusement sans toucher mon pote. Moins de chance pour la femme qui passait plus loin et qui se l’ai prise dans l’épaule. Ramdam dans la favela. Les flics ont bien sur refusé de courir après le voleur (pas fous les mecs) mais nous avons tout de même du passer un moment au poste pour faire une déposition. L’autre histoire se passe à São Luis quand Phil et Stéphane ont voulu copier des gamins qui s’accrochent à l’arrière du bus pour suivre a banda de mùsica qui se déplace durant les fêtes de la St Jean et le Bumba Meu Boi. La cachaça aidant, ils ont valdingué au premier virage et se sont bien râpés la couenne. Clap de fin des festivités et nous nous séparons ensuite. Stef rencontre une belle blonde sur place, Phil court vers Rio et moi, en compagnie d’Helga, nous voyageons dans la pampa.
Le Sotaque du Pindaré (Boi de Matraca) et Boi de Axixa (vents)
Le Bumba Meu Boi est une fête païenne qui ressemble au carnaval mais en été, toujours de bonnes raisons de faire la fête au Brésil. La légende dit que la femme d’un couple de pauvres paysans noirs, alors qu’elle attendait un bébé, a demandé à celui-ci de tuer un bœuf (o boi) pour manger sa langue et c’est le sacrifice et la résurrection miraculeuse de cette bête que l’on fête tous les ans. Il y a deux sortes de groupes musicaux, les Boi de Matraca, ou de percussions et d’autres avec instruments à vents. Les fêtes durent presque une semaine et donnent lieu à de grands défilés dans la ville où il n’est pas rare de se voir passer uma cuica pour participer (sorte de petit tambour muni d’un tige métallique collée sur sa peau et que l’on branle dans un tissu humide, ben à l’aide de cachaça pourquoi pas, en serrant plus ou moins la tige et poussant plus ou moins sa peau…vous voyez ???). J’apprends aussi que maintenant, les défilés se font dans des arènes genre sambodrome….c’est devenu un spectacle touristique
Misère !!!!!!
https://www.youtube.com/watch?v=XDeI7RA-rOw
Cette année 1985 a été mon dernier voyage dans ce pays incroyable, incroyable à tout point de vue, tant par la richesse des rencontres que j’ai pu y faire, la libération que j’ai pu effectuer sur ma propre personnalité, la connaissance d’une autre langue grâce à laquelle j’ai pu exprimer tous mes sentiments et que je considère maintenant comme ma deuxième langue maternelle, ce pays m’ayant permis de renaitre, de me libérer et de revenir chez moi avec une autre vision de monde après ces trois années passées sur ses terres et celles de l’Amérique latine même si la perte subite du petit garçon né d’un rapport festif avec une femme pendant le carnaval de Olinda (elle m’avait dit : je sais que tu ne seras pas toujours là mais je veux le garder) m’a plongé dans une très grande tristesse. Roberto (mon grand ami) a très bien résumé ce passage de ma vie et au moment de quitter le pays m’a dit : »O Brazil deu muito pra vocé mas tomou muito de volta « (le Brésil t’a beaucoup donné mais t’a repris beaucoup en retour). Et c’est pourquoi je ne suis jamais retourné dans ce pays.
Hier soir, Jean Paul m’a offert son nouveau livre, un polar bien sur : Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer. Ça se passe à Bordeaux mais je ne peux pas vous en dire plus car le livre ne sort que le 5 septembre et je dois respecter sa sortie officielle. Je peux déjà vous dire que c’est vachement bien foutu. On en reparlera, c’est sur.
Grosse pluie cette nuit
Les plantes disent merci
Elles étaient toutes rabougries
Pour le vélo il va me falloir attendre encore un peu
Je ne suis pas prêt à faire 50 bornes…ça tire dans le mollet
Patience…patience….mais elle a des limites…..
Orages, tremblements de terre, incendies. La terre craque de partout
Combien de temps encore avant que les gens prennent conscience
En tout cas la température a sérieusement baissé et faut mettre une p’tite laine
Cela n’empêche pas bien sur de déguster une des spécialités locales, la bière Mascaret
J’ai gouté l’ambrée (extra) et la blonde grand cru (pas dégueue). J’aime bien les petits commentaires des étiquettes comme ‘Peut aussi être dégustée après le match avec un copain talonneur’ ou ’ Peut aussi être savourée avec un copain vigneron’.
Le matin je me lève tôt (enfin pas aux aurores non plus). Je reste sur la terrasse en buvant mon thé et je reçois la visite d’un pinçon qui vient glaner les miettes de pain abandonnées puis un écureuil descend tout doucement pour venir se régaler de quelques pommes de pins. Il règne un grand silence ce dimanche, les animaux sont en confiance et les cigales n’ont pas encore commencé leurs concerts de stridulations. C’est sans compter sur le voisin chieur qui décide vers 10h00 de nettoyer ses toits à l’aide d’un souffleur hyper bruyant. Je lui aurais bien mis quelques baffes. On m’a retenu.
L’écureuil fait le pitre et le pinçon des arbres se faufile sous les branches (les photos ne sont pas de moi, faut préciser).
La plage le matin ressemble à un petit paradis. C’est marée basse et le sable se découvre sur une bonne centaine de mètres. Peu de gens et de la place partout. Un ensemble de couleurs superposées offrent un tableau d’une grande beauté : le jaune du sable plus clair d’abord et qui se fonce peu à peu quand il se charge d’humidité. Puis le blanc de la vague qui déferle dessine un trait de lumière étincelant. Au fond, la mer, parfois bleue parfois tirant sur le vert suivant le nuage qui passe et le ciel d’un bleu si pur que je ne peux que me mettre à rêver devant ce spectacle magnifique. Je vais me baigner et c’est comme si je rentrais dans cette palette de couleurs. C’est dimanche et peu à peu la plage va se remplir de familles et d’enfants jouant et il sera temps de partir car la marée montante laissera peu de place pour tout ce monde.
Dernier matin sur la cote atlantique. J’entends au loin le ressac des vagues. Le rouge gorge est venu grappiller une miette de pain. Le pinçon est arrivé trop tard. Le petit bosquet de mimosas crée un havre de paix et une barrière naturelle entre le brouhaha de la ville et la maison. Quand on en sort, on est surpris de toute l’agitation qui règne au dehors. Il fait bon y revenir. Derniers instants de plage, derniers rouleaux à franchir et l’eau m’accueille telle une douceur salée. Il fait bon sur cet espace doré.
Retour bus, toujours aussi long et une musique insignifiante dans les oreilles. Pourquoi n’aurait-on pas le droit d’écouter Ravel, ou Debussy, ou Satie, ou Brahms…pourquoi, vous n’aimez pas ?