Jour 24 : Le Havre, la ville à Édouard.
Hier soir déjà j’ai fait une grande balade dans la ville pour me rendre compte du décor après un mezzé pas dégueu en face du Volcan de Niemeyer. Classe !! Grandiose. J’adore. Cette église en béton avec sa flèche qui grimpe à 107 mètres, c’est le béton dans toute sa splendeur. Les places ou règne une vie étonnante (pléthore de bars). Je vais jusqu’à la mer. Lumière magnifique sur la plage, reflets dans la tour qui contrôle l’entrée du port, la fameuse sculpture de containers et les grandes avenues larges bordées des immeubles de Perrey, l’architecte de la reconstruction. Si on regarde les détails des colonnes, on s’aperçoit qu’elles sont toutes travaillées avec des motifs floraux ou autres et les façades se succèdent dans une déclinaison de béton travaillé différemment. Beaucoup d’élégance dans ce que l’on pourrait croire massif. Cette ville est une vraie réussite. Enfin ce que j’en vois pour le moment.
Samedi matin, l’église est ouverte et je peux admirer le jeu de lumière des vitraux qui l’entourent et montent jusqu’au sommet de sa flèche. Impressionnant. En cherchant la carte du coin, j’arrive forcément à la plus belle libraire de la ville, La Galerne. Magnifique elle aussi avec un bar, un resto et des canapés pour lire tranquille. Je discute un bon moment avec une des (30) libraires qui y officient et je repars après avoir après avoir appris qu’un festival du polar se trouvait sur la plage. Ah ben ça s’appelle ‘Polar à la plage’ justement. J’y vais direct et j’y reste une bonne partie de la journée pour des petites mises en scène théâtrale et des lectures (Marc Villard et sax) et la pétition pour les subventions promises et non versée par la mairie (3000 au lieu des 6000) ce qui a un peu réduit les animations (je signe et signe pour des copains : Jean Paul, écrivain de polar aussi et Florence). Je fais encore un grand tour à vélo et je rentre à l’hôtel.
Jour 25 : Le Havre >> La Mailleraie par le pont de Tancarville, le marais Vernier, pont Audemer et la forêt de Bretonne – 90km
C’est vrai, je ne tiens pas mes promesses, j’avais dit que j’arrêterais au Havre mais c’est trop bon de voyager à vélo alors je vais continuer jusqu’à Paris. Il reste un peu plus de 200 bornes. Bagatelle !
Le marché s’anime doucement sous ma fenêtre et je descends pour un thé en terrasse. Ça discute gras entre un groupe de mecs. J’ose pas répéter, les brèves de comptoir ont de l’avenir. Hier, j’ai fais graisser ma chaine chez un vélociste sympa (que des électriques dans sa boutique) qui m’a indiqué le meilleur chemin pour sortir de la ville mais il m’a prévenu, c’est pas jojo. Ciel gris, départ, une piste cyclable pour partir mais qui disparait tout à coup et je me retrouve sur une trois voies heureusement pas longtemps mais c’est quand même le grand n’importe quoi des élus qui se fichent des cyclistes à partir du moment où ils quittent leur ville. Après Barfleur c’st plus sympa mais sans voie dédiée alors qu’il y aurait toute la place pour en faire sur le coté très large. Objectif le pont de Tancarville qui apparait bientôt après avoir longé de belles falaises de craie et de calcaire blanc. Grosse cote pour l’atteindre et je le traverse (gratuit pour les vélos) avec vue imprenable sur la Seine et plus loin encore. J’ai repéré sur la carte un lieu qui me parle bien, petites routes tranquilles : le marais Vernier. Eh bien c’est un petit paradis avec des chaumières décorées de lys sur le faite de leur toit en chaume justement, une réserve naturelle et ancienne courbe abandonnée par la Seine. J’en fais tout le tour. Les normands n’étaient pas seulement les horribles barbares décrits dans les livres. Je franchis une butte et je me retrouve dans la vallée de la Risle. Tour romane et Pont-Audemer et ses canaux et maisons à colombage. Not too bad. Re-butte pour atteindre La Mailleraie par une route longeant la Seine par Aizée et traversée d’un bois. Me voila rendu. Dans le village, un improbable Burger-Pizza propose des bières bios, la Brotonia. Comment résister ????? Gilles, mon hôte de ce soir me rejoint, il habite à 10 mètres, et je lui en offre une. 100 bornes ça vaut bien une bière !!!!!! Non deux !!!!!
Emmanuelle et Gilles sont un couple qui accueille des enfants en difficulté (pour faire simple). Ils en ont cinq en ce moment, deux sœurs noires et trois garçons dont un jeune. La maison est un havre de paix, jardin immense et espace pour tout le monde. Les deux garçons vont se retrouver dans la vie active très bientôt et ils vont devoir les laisser livrés à eux même mais ils ne le sentent pas bien car ils ne sont pas vraiment prêts à être seuls dans la vie. C’est comme ça que ça fonctionne pour l’administration et visiblement ce n’est pas au point. Les deux filles sont encore jeunes et sont tranquilles pour le moment et le petit garçon est vraiment génial (les ‘parents’ aussi d’ailleurs, ça doit y faire).
Sinon coté vélo ils participent tous les deux à des BRM (brevet de randonneurs mondiaux - http://superandonneur.fr/) où il suffit d’enchainer 200 puis 400 puis 600 puis 1200 km d’affilée. Tu rigoles ??? Eh bé non et ils l’ont fait lors du dernier Paris/Brest AR avec 6000 autres cyclistes. La vache, ça calme comme truc et Emmanuelle me raconte ses expériences à la limite du raisonnable mais dont on ressort transformé. Je ne sais pas si je suis prêt pour un truc du genre. Adios les fortiches !!!!
Jour 26 : La Mailleraie >> Le Vaudreuil par l’abbaye de Jumièges, Duclair, Sahurs, Rouen et trois bacs – 100km
Derniers jours. Comme les autres matins, c’est gris au départ mais j’espère le soleil comme tous les jours. La maison s’anime tôt, les enfants partent à l’école et Gilles accompagne les grands pour leur premier essai. Il revient et me donnes les derniers conseils pour le parcours à venir. Départ 10h00. Infimes gouttes. Abbaye de Jumièges après un premier bac. Ça ressemble à un voyage exotique. L’abbaye offre un spectacle assez impressionnant surtout quand on sait qu’elle date du 11° même si en assez mauvais état. Il ne reste que des murs mais ils en disent long. J’en fais le tour. De bacs en bacs j’avance doucement le long du fleuve. Piknik le long de la voie verte et presque dans le jardin du petit château du fond. Pas de murs ni de haies pour les protéger de la vue. Sympa les aristos !
Rouen est à 15km, tout roule…plein de belles choses à voir : Cathédrale, Grosse Horloge, Palais de Justice, église, Place du bucher de Jeanne (la pôvre), maisons à colombages, maison de Corneille. Y‘a de quoi faire et je reste un bon moment dans la ville transformée en décor. Grand et chaud soleil. Je le sentais bien. Je reprends la route vers l’étape de ce soir : Le Vaudreuil. Sur la route, je vais zieuter la grosse écluse de Poses qui marque la frontière à ne pas dépasser pour les gros bateaux. De toute façon ils ne peuvent pas. Lacs et campagne me mènent au village des mes hôtes. Ça vaut bien une bonne bière au café (Affligem, je baisse, je baisse). On m’aide pour trouver le chemin car les rues ne portent pas de nom… Anaïs et Matthieu m’accueillent et j’arrive avec une bonne bouteille on va se régaler.
Des jeunes aussi cyclistes qui s’apprêtent à partir 3 semaines en Irlande. Encore un bon repas végé préparé pour moi (ils se font des petites saucisses en plus). On parle de voyages et de plein de choses avant d’aller se coucher.
Jour 27 – Le Vaudreuil >> Vaucresson via Les Andelys, Château Gaillard, Vernon, Giverny, Mantes la Jolie, St Nom la Bretèche et Versailles -125km - (ben voila ça fait 1635km)
J’ai pas mal de bornes à faire alors je ne traine pas après le petit dej’ et je ne vais pas faire trop de détour mais tout de même des choses à voir pour ce dernier jour de vélo. Je longe la Seine le long de belles falaises que je me rappelle avoir grimpé dans des temps anciens. Château Gaillard, Giverny et la foule de touristes chinois bien sur et le café à 2.40€ je passe en me faufilant. Une dernière cote ??? Allez, je prends la D100 à la suite d’un cycliste, ça sent bon et je fais bien, tout en hauteur par le super beau petit village de Chérence tout fleuri. Un atelier de céramique m’interpelle. Je m’arrête et reste un moment à parler avec la femme (très belle Nadja la Ganza). Du raku assez beau mais pas tout, je trouve les bols un peu lourds mais de belles coupes à multiples cuissons.
Mantes la Jolie et l’office du tourisme introuvable mais un gars de la biocoop qui me donne les dernières indications pour finir. Ça va au début, c’est encore la campagne jusqu’au plateau de Versailles mais plutôt bourrin sur la fin avec des pistes cyclables qui longent des 4 voies (encore). Versailles, le château, les touristes, les rues de ma vie passée. Ça fait bizarre de se retrouver là si longtemps après……dernière petite montée pour arriver chez mes amis Cath et Thierry et voila. FIN DEL VIAJE………………Putaing !!!!!!