Bretagne - Presqu'île de Crozon - Aout 2017
Le voyage commence bien
Debout 5 heures….bus…c’est le black
Mon pote tatoué est puni des horaires qui rapportent
Il m’a dit qu’il allait laisser tomber ce job de chiotte
Et puis après ça merde illico
Train à l’arrêt quelque part en campagne
30mn puis 40 puis 1 heure de retard
Avec un autre type en galère
Nous sautons dans le premier qui passe
Ça sera Lyon
Puis un autre en courant pour Paris Montparnasse
Et sautons encore dans le taxi d’un mec
Il est d’accord pour partager
Peine perdue mon train se barre sans moi
J’appelle Flo et Annick et elles me rejoignent à la gare
Bien meilleure compagnie qu’un hall bondé
Nous discutons sur le rebord d’une pelouse usée jusqu’à la corde
Tentant de nous débarrasser d’un pigeon famélique
13h00 c’est mon tour de partir
Le train date des années 80
Plein à craquer
La carrée n’est pas plus grande qu’une tente deux places
4h30 là dedans va falloir patienter
Quimper accueil bignou bombarde
Je suis bien en Bretagne
Je me venge sur un kouign-amann
Le premier pas terrible le deuxième super
Faut bien ça pour se rassasier
Encore 1h20 de bus
Crozon….ouf ça fait 14 heures que je suis parti
St Hernot. Le bout du monde
Le matin vide grenier au Fret un village à coté
Jamais vu autant de livres à vendre ou à donner
Une dame liquide sa bibliothèque Idée
Je prendrais bien tout
Faut pas exagérer
L’après midi plage de sable fin
Il faut marcher pour atteindre la mer
Baignade délicieuse dans une eau transparente
Cela faisait longtemps
Atelier vélo pour remettre en route cette merveilleuse machine
Château de Dinan qui n’a rien d’un château
Mais bien des rochers qui en prennent l’air
Quelques pas d’escalade pour feindre l’altitude
Au bout le regard plonge dans la mer
Le facteur cheval local décore son jardin de figures fantasmagoriques
Deux femmes nous observent depuis leur tour Tolkienienne
La plage est sauvage et les lames de pierres
Avancent dans la mer
On vient y récupérer des bois flottés et autres objets hétéroclites
Ici il n’y a que des bouts du monde
Le temps se gâte
La mer et le vent forcissent
On rentre se mette à l’abri
Sur qu’il faut du temps
Pour arriver ici
1450km exactement
Presqu’île de Crozon
Cap de la Chèvre
La langue fourchue
Gueule ouverte de la Bretagne
Des caps
Des îles
Des phares
13 à la douzaine et des plus fameux
Ar-Men, La Vieille, La Jument
Combien de bateaux
Y ont ouvert leurs entrailles
Combien de marins y ont perdu la vie
Mais quel spectacle magnifique
Même si pour moi la montagne s’y trouve trop loin
Mais y revenir de temps en temps
Pour retrouver mes racines
Me réjouit le cœur
Et mes amis m’y accueillent à bras ouverts
Et ça ne se refuse pas
Vagues puissantes
Mer vivifiante et fraiche
Qui vient apaiser le feu de la peau
Qui me brule
Les insectes vengeurs ont infligé la punition
A celui qui taille les arbres
Sans demander pardon
Vieux tracteurs alignés comme à la parade, souvenirs jaillissant du fond de la mémoire quand, gamin à la campagne, je passai des heures assis sur la tôle du coté. Il y avait une protection pour se tenir alors que le grand de la ferme labourait ou passait la herse. Parfois, il me laissait conduire et il ne fallait pas que je cale car mes jambes trop courtes n’atteignaient pas les pédales. Heureusement, il y avait un accélérateur près du volant. Quand je rentrais tard, parfois la nuit tombée, je prenais une raclée par mon père en colère. Il ne savait pour me punir que de m’en priver mais c’étaient les vacances et les punitions ne duraient pas très longtemps. Il repartait travailler et ma mère me laissait retourner aux champs peut être aussi comme une façon de ne pas m’avoir dans les pattes. Elle n’était pas sévère.
Il y avait aussi la récolte des patates où je me contentais comme salaire d’un repas partagé avec les ouvriers certainement mieux payés que moi, quoique. Ils profitaient bien de nous ces paysans avares. C’était un Someca comme ceux que j’ai pu revoir aujourd’hui.
Mais cette vie à la campagne qui durait le temps des vacances nous transportait de joie tant les distractions étaient nombreuses : les poussins à voir grandir sous la lumière blafarde, les veaux à nourrir avec cette poudre de lait que l’on battait au fouet dans des grands sceaux. Les vaches que nous ramenions du pré et les premières trayeuses électriques et j’étais fasciné de voir le liquide blanc jaillir des mamelles et passer à travers les tuyaux ; le lait était transvasé dans des grands bidons en alu et nous en ramenions à la maison pour faire la soupe avec le pain trempé dedans. Il se formait toujours une épaisse couche de crème.
Le soir l’oncle sortait son projecteur de cinéma et je me souviens très bien de mon premier Cuirassier Potemkine et des larves qui courraient sur la viande pourrie. Le feu dans la cheminée et les pompiers qui débarquent dans la nuit. Les Economiques Troyens qui passent en klaxonnant longtemps dans le village. Il n’y avait pas grand-chose à acheter à part des denrées de base. Notre grand-mère devait certainement faire des commandes. Le boucher charcutier aussi avec son auvent qui s’ouvrait et qui dévoilait ses pâtés. La grange sombre et ses zones de mystères. C’était la campagne et toute l’insouciance d’une jeunesse libérée des lois de la ville.
Le voyage n’était pas très long mais pour nous cela ressemblait fort à une expédition : la 4L chargée à bloc, un père une mère et trois enfants. Etait-il content de se débarrasser de nous durant les vacances. On n’en saura rien, le type n’exprimait pas grand-chose à vrai dire et il disparaissait bien vite après e weekend, heureux peut-être de nous laisser là à la charge de sa femme et de sa famille, une grand-mère très secrète qui s’occupait des fleurs et un grand père bougon qui demandait le silence absolu pendant le Jeu des Mille francs et qui concoctait des ragouts à base d’abats pas chers. Le tic tac des secondes qui s’égrenaient résonne encore dans ma tête.
Nous nous arrêtions parfois à Bray-sur-Seine pour déjeuner chez notre tante, une pharmacienne assez snob ; mon père en profitait pour faire ses provisions de pastilles BMC et autres substances chimiques. Parfois c’était Nangis et l’arrêt obligatoire pour acheter un fameux gâteau que l’on appelait « Murette » mais je serais bien incapable de vous le décrire à part qu’il y avait des grains de café. Carrefour de Fontainebleau, la nationale 7, les petites routes et le cri de tout le monde à la vue du panneau : « BARRAULT ». Nous étions enfin arrivés. La vie à la campagne pouvait commencer.
Il y avait trois fermes que nous fréquentions : les Mautret, nos voisins, où nous nous approvisionnions en œufs et légumes. Je n’ai jamais vu Adrien habillé autrement qu’en pantalon et veste bleue de travail avec sa petite moustache et ses lunettes qui lui faisaient des tous petits yeux. A l’autre bout du village, la ferme des Rousseau et celle des Condaminet. C’est avec cette famille que nous passions le plus de temps. Les Rousseau impressionnaient car ils avaient la plus grosse ferme. J’ai juste assisté une fois au massacre du cochon et je me souviens encore de ses cris qui remplissaient l’espace. Josepha, notre voisine polonaise magnait la hache comme personne pour décapiter ses canards qui continuaient de courir en rond dans la cour. Je ne lui ai jamais connu de mari et avec elle c’était patates et choux tous les jours.
Les jours coulaient au rythme lent des vacances parfois cloués dans la maison sous une chaleur écrasante ou regardant la pluie tomber. C’est aussi là que j’acquerrai mon premier 33T : le premier Santana.
Pour saluer le départ
Le renard se faufile
Le lapin se défile
Sous nos yeux attendris
Quimper 8h du matin
La ville se réveille doucement
Le boulanger pétrit son pain
Biologique
C’est tellement logique
La librairie décline NY sous toutes les formes
L’atelier de gravure
Propose Burroughs et London
Et Marx avec son chien
Les cafés installent les terrasses
Les vélos circulent en silence
Le sol est encore mouillé de la pluie
La cathédrale impose son granit
Il est déjà 9 heures
Tout est encore calme sur la place
888km pour Toulouse
Trains en série
Pour longer la côte
Les amoureux s’embrassent
Se caressent sur le quai
Les adieux sont tendres
Je quitte la Bretagne
Pour saluer le départ
Le renard se faufile
Le lapin se défile
Sous nos yeux attendris
Quimper 8h du matin
La ville se réveille doucement
Le boulanger pétrit son pain
Biologique
C’est tellement logique
La librairie décline NY sous toutes les formes
L’atelier de gravure
Propose Burroughs et London
Et Marx avec son chien
Les cafés installent les terrasses
Les vélos circulent en silence
Le sol est encore mouillé de la pluie
La cathédrale impose son granit
Il est déjà 9 heures
Tout est encore calme sur la place
888km pour Toulouse
Trains en série
Pour longer la côte
Les amoureux s’embrassent
Se caressent sur le quai
Les adieux sont tendres
Je quitte la Bretagne
Jusqu’à Nantes tout se passe bien
C’est après que ça se corse
La ligne entre Nantes et La Rochelle
Ressemble à une voie abandonnée
Les rails boulonnés les uns aux autres par des plaques
Les écarts qui font doudoun doudoun, doudoun doudoun à chaque passage
Me rappellent un voyage en Roumanie où j’avais l’impression de descendre une marche à chaque fois
C’est presque aussi pire et le train est obligé de rouler à 50 à l’heure
Les traverses sont encore en vieux bois pourri
5 heures pour parcourir 375km
En parallèle, le TGV roule à 300km/h
Ça ne fait pas rigoler tout le monde
Enfin c’est Bordeaux avec forcément 1 heure de retard
Tant pis on prendra le prochain