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Le blog de didier falleur pensées nomades

JPC alias Walter à Arles

didier falleur

Je réceptionne Walter comme convenu à la gare. Cette fois ci, il a décidé de voyager en train. Allez savoir pourquoi lui qui affectionne tant les bagnoles plutôt musclées. Il me dit qu’il en profite pour peaufiner ses notes. Pas con en fait.

Je suis chargé de lui faire connaitre les environs pour une future mission mais je n’en saurais pas plus. Ce n’est pas mon genre de faire la fouine et je ne suis pas payé pour ça non plus. La ville choisie est un vrai labyrinthe et je comprends l’organisation de me demander de la lui faire découvrir. J’ai moi-même mis du temps pour me repérer dans ce dédale de rues qui se ressemblent toutes. Notre parcours passe par une série d’expos photos et nous en profitons pour en visiter quelques unes d’autant plus que celle consacrée au 11 Septembre lui rappelle des souvenirs amers là même où il failli perdre la vie. Se replonger dans tout ce bruit et cette fureur le met dans un état hypnotique : unes de journaux remplissant une salle complète, images qui tournent en boucle sur un empilement d’écrans TV et des magnétoscopes refroidis par des ventilateurs tournant frénétiquement. J’ai l’impression de le voir courir parmi les décombres et fuir le nuage épais formé par les tours qui s’écroulent

Au bout d’un long moment, il revient à la réalité et nous sortons un peu abasourdis de la salle. Le cheminement prévu nous emmène dans une grande salle près d’une tour en construction mais bien plus modeste que celles du WTC. N’empêche, le chantier ne fait que renforcer l’impression de déjà vu. L’expo qui l’intéresse plus particulièrement rassemble des photos, des vidéos et des objets dits : "de grève". Son passé a-t-il été plus révolutionnaire qu’il ne veut l’avouer où ses actions visaient-elles plus à les contrecarrer ????? Il n’en dira pas un mot mais je le vois fortement intéressé par ce qu’il observe.

Pause pour aujourd’hui, nous devons analyser toutes les informations collectées. Le soir nous nous détendons avec un film culte que nous ne nous lassons pas de voir : ‘Macadam à deux voies’ de Monte Hellman. Réalisé en 1971. Des bagnoles gonflées à bloc, dialogues réduits au minimum genre :’faut que je vérifie les soupapes’ ou ‘faut que je change les gicleurs’ nous remplissent de bonheur……les courses de drags font résonner les V8 à nous faire hérisser les poils. Un film de mecs où les filles n'ont qu'une petite place à l'arrière entre les pneus et la boite à outils. Ailleurs c'est parfois plus confortable mais peut-être un peu trop aussi.

Le lendemain, deuxième journée de repérages. Walter commence à comprendre la ville. Je lui recommande de bien voir les détails de certaines rues qui aident à s’orienter. Quelques expos encore : Swinging Bamako qui retrace le passé de cette courte république (1964-1968) qui a tenté vainement, sous Modibo Keita, de s’affranchir du colonialisme mais des rapprochements trop évidents avec des régimes communistes font réagir les puissants et provoquent un coup d’état quatre années plus tard. Elle aura eu le temps quand même d’envoyer quelques musiciens pour parfaire leurs talents auprès des meilleurs cubains ce qui donna naissance à la musique Afro-Cubaine et un tube fameux : Rendez vous ce soir chez Fatimata grâce aux Maravillas de Mali.

Des photos inestimables et retrouvées après plus de dix années de recherches illustrent merveilleusement cette époque. On pense bien sur au capitaine Thomas Sankara qui tenta la même expérience au Burkina voisin mais qui connut une fin plus tragique, assassiné par son ‘ami’ Blaise Campaoré.

PJ Harvey (Walter sensible aux photos du Kosovo….), Amazonie, le parcours est magnifique et nous fait découvrir des lieux et des paysages inconnus.

Nous rentrons. Ce soir le film prévu est ‘POLICIER, adjectif’ du Roumain Corneliu Porumboiu. Filatures, enquêtes, pressions le tout parsemé de sémantique. Cela peut enrichir nos connaissances.

Troisième jour. Walter a rendez vous avec son contact local. Je vais le laisser. Il peut se débrouiller seul maintenant et cela ne me regarde plus.

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