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Le blog de didier falleur pensées nomades

Avignon 2016 - jours 2 et 3

didier falleur
La guerre n'a pas un visage de femme - Sous la glace - Conférence de choses - Les chaussettes rouges - Liebman rénégat - Revolt
La guerre n'a pas un visage de femme - Sous la glace - Conférence de choses - Les chaussettes rouges - Liebman rénégat - Revolt
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La guerre n'a pas un visage de femme - Sous la glace - Conférence de choses - Les chaussettes rouges - Liebman rénégat - Revolt

Le festival commence vraiment mais tellement compliqué de se faire une idée, de décider quoi aller voir dans ses débuts. Je repère des textes, des auteurs qui me parlent comme « La guerre n’a pas un visage de femme » de Sveltana Alexievitch. Ça se joue au Chapeau rouge et ça me plait car c’est un petit théâtre que je connais bien.

Seule en scène, Cécile Canal nous transmet les témoignages recueillis par l’écrivain. Tour à tour infirmière, canonnière ou aviatrice dans des avions poussifs et prenant feu au moindre éclat, elle nous fait revivre la vie de ces femmes qui perdirent peu à peu leur identité pour devenir des soldats habillées en homme car il fallut deux ans à l’armée pour leur fournir des habits adéquats. C’est tout simplement remarquable et ces voix de femmes prennent littéralement vie à travers celle de Cécile Canal dans une touchante et intime complicité.

A l’entrepôt maintenant pour « Sous la glace » de Falk Richter par la Compagnie de l’Arcade.

Deux jeunes consultants et un homme plus vieux, que faire de lui car on voit bien que ses motivation s’émoussent. A 42 ans, on aspire à jouer au foot avec son fils, à passer un peu de temps avec se femme. Pas très compatible avec une société de performance et d’abnégation. Très rythmée, la pièce nous entraine dans les rouages de ce monde moderne où les termes, les phrases apprises par cœur, la symbolique du monde du travail remplacent tout sentiment personnel. La vie de Jean Personne nous apparait comme celle de beaucoup, il devient le symbole d’une société où les objets deviennent les principaux acteurs de la vie. A part une ou deux longueurs dans les textes dits par les consultants, la pièce est un beau moment de théâtre avec un trio de comédiens qui se donnent à fond et des moments de folie qui transmettent bien la confusion des esprits et qui nous emportent . Excellent !

Le lendemain, grosse journée. Dès le matin à La Manufacture pour une « Conférence des choses » de François Gremaud et Pierre Mifsud . On en dit du bien.

Alors ??? Je n’ai pas été totalement conquis même si des passages m’ont fait rire ou m’ont interpellé. Je m’attendais à plus de tenue, plus de rigueur. Le propos se promène dans les méandres de la pensée du comédien mais nous emmène parfois dans des considérations un peu trop banales et filandreuses. Plus anecdotique que passionnant. Mais on peut se laisser tenter si rien de prévu à cette heure matinale. En revanche, payer le même prix pour un type tout seul sur la scène sans autre décor qu’une table et une chaise que pour une compagnie complète avec mise en scène chiadée me parait exagéré.

Hier soir au moment de partir, nous avions été abordés par des comédiens et ils nous avaient parlé de leur spectacle : Les Chaussettes rouges – texte de Sébastien Novac - Compagnie Faut Pas Pousser

Dictature du Grand Slip. Nous nous retrouvons dans un Lavomatic où tout le monde vient laver ses sous vêtements….blancs….assurément : une femme, un podologue, un simple d’esprit qui se plait dans la contemplation béate des tambours en mouvement, un policier et un dernier homme. Consternation, quand le policier sort ses affaires de la machine, elles sont devenues : ROSE !!! Un terroriste a insidieusement introduit une chaussette rouge dans l’appareil. Consternation !!! Le coupable est forcement ici. Dans une vision drôle et simplifiée du monde, la troupe révise les thèmes de la délation, de la lâcheté, du mensonge et des autres bassesses que l’homme peut envisager pour sauver sa peau. De belles trouvailles et des comédiens hautement sympathiques pour ce moment de détente dans un festival marqué par la barbarie.

16h00, retour à la manufacture pour Liebman renégat de Riton Liebman et David Murgia.

Riton Liebman a décidé de parler d’un renégat magnifique : son propre père. Son tort ? Être juif et pro-palestinien ce qui lui valut l’opprobre de ses congénères qui lui reprochèrent de ne pas être mort Auschwitz. Alors forcément, être le fils d’une personnalité si forte n’est pas sans conséquence pour lui. Il va nous raconter comment ce père s’est construit par les rencontres et l’absolue conviction qu’il fallait se révolter contre les faits établis et sa propre construction à le côtoyer. Musique, extraits d’interview et de prises de paroles, histoires de famille nous rendent ce personnage très attachant et les positions qu’il défend deviennent évidentes. Dans une mise en scène magnifique, Riton Liebman nous entraine dans une histoire passionnante et nous fait rencontrer un homme que beaucoup d’entre nous auraient aimé avoir comme père. Grand !!!!!!!

Nous sommes à la patinoire toujours avec La Manufacture (décidément, ce théâtre nous attire) et nous restons pour le programme suivant. Revolt. She said. Revolt again d’Alice Birch et Arnaud Anckaert. Cie du Prisme

Plateau nu, une femme chante au micro accompagnée par un homme aux claviers. Peu à peu les comédiens rentrent par une porte du mur du fond. C’est déjà fort.

Ce sont les rapports hommes/femmes dans leurs complexités auxquels nous allons assister mais pas de confort. Frontal, brutal, engagé c’est une force qui nous frappe de plein fouet. Homme/femme, Patron/ employée, Société/femme, Mère/fille c’est le monde qui s’écroule, les paroles de l’autre inaudibles où que l’on ne vaut pas entendre. C’est tout simplement magnifique et les comédiens (encore plus les comédiennes) nous offrent un très grand moment de théâtre loin de la superficialité proposée par d’autres. A voir absolument…

Nous terminons la soirée à l’AJMI pour un concert de jazz tonitruant du groupe OZMA, ceux qui avaient accompagné le film de Buster Keaton.

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