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17 novembre 2015 2 17 /11 /novembre /2015 21:20
A Paris le 13 novembre 2015
A Paris le 13 novembre 2015
A Paris le 13 novembre 2015
A Paris le 13 novembre 2015
A Paris le 13 novembre 2015
A Paris le 13 novembre 2015
A Paris le 13 novembre 2015
A Paris le 13 novembre 2015

A Paris le 13 novembre 2015

Avant. La journée est merveilleuse et je m’apprête à voir Greg, un ancien collègue de Levallois Motos devenu depuis Urgence Levallois. Quant on vend aussi des Guzzi, on n’est pas si mauvais que ça. De plus, elles trônent en reines devant la grande vitrine, toute la collection des V7 dans toutes leurs parures, une Griso et deux 1400. La classe intégrale ! Les scoots sont relégués au second plan. Le magasin a entièrement changé même si les lieux restent familiers. Nous échangeons avec Greg toujours aussi passionné par son travail et il me raconte quelques anecdotes sur sa nouvelle vie.

Je reçois un appel de Nicolas avec qui je dois déjeuner m’annonçant la mort d’un Frère* et l’obligeant à rester pour accueillir la famille. Je rentre chez Flo pour grignoter un morceau avant de repartit illico retrouver Claude, un autre ancien collègue de LM, reconverti lui dans la Hifi et la fabrication d’enceintes et d’amplis à tubes. HP System ça s’appelle son petit magasin. En rentrant, le son mélodieux de la musique de King Crimson (Islands) vient flatter mes oreilles et pendant qu’il termine sa conversation téléphonique je pénètre dans l’auditorium et je peux admirer d’où provient ce son si magique : deux grosse gamelles de 170L assurent le job ; medium coaxial associé à un boomer de 38cm, ça décoiffe mais tout en pureté….Il me rejoint bientôt et nous continuons l’écoute avec Patricia Barber en live mais son téléphone n’arrête pas de sonner et je me retrouve seul à écouter la voix prenante de la chanteuse et les sons ciselés des instruments comme si le concert avait lieu dans la pièce. Ça a l’air d’aller pour lui, des commandes, des transformations à effectuer puis un client rentre et ils commencent à parler condos et filtres et je suis un peu largué. Claude est une personne magnifique et cela se voit dans le travail qu’il propose.

Nous nous saluons et je rejoins Flo chez elle car nous allons à un concert de musique contemporaine ce soir aux Archives Nationales à St Denis. Nous cassons la croute et nous nous engouffrons dans le métro à La Fourche. Comme d’hab’, la ligne 13 est bondée et il doit y avoir un match car les gens arborent les couleurs de la France en vêtements et joues bariolées. Tout le monde descend au terminus mais pour nous ce n’est pas loin car les Archives jouxtent la station de métro. Déjà du monde pour passer le contrôle des sacs et je vous parlerai du concert plus tard. Pas totalement emballés par le spectacle nous partons vers 22h00. Sur le retour le métro est vraiment vide ce qui n’est pas habituel sur cette ligne mais le match n’est pas terminé non plus.

La Fourche 22h30, un gars crie dans son téléphone : » Il y a eu une fusillade à Richard Lenoir et il y aurait 12 morts… ! » Nous rentrons et sans télé ni ordi sur place nous n’en saurons pas plus ce soir. La nuit est donc paisible.

Après. Samedi 14 novembre.

Je me lève tôt ce matin car je rejoins les copains d’Attac pour une journée de formation. J’allume la radio et ça tombe tout de suite : « 129 morts cette nuit dans Paris et 300 blessés ». Bataclan et d’autres noms qui me sont inconnus. Je pars un peu vaseux à Montreuil (où on retrouvera une voiture abandonnée avec 3 Kalach et des chargeurs) et je me rends au point de rdv. Déjà des copains. La journée sera très concentrée et le travail produit nous empêchera de penser à autres chose mais le communiqué d’Attac qui tombe nous rappellera à la réalité.

Sur le retour il est évident que la vie dans la ville n’est pas normale : le métro est totalement déserté ce qui n’est pas fréquent un samedi après midi. Je retrouve Flo chez elle totalement effondrée car elle vient d’apprendre la mort d’un de ses collègues. Ce n’est pas encore vérifié mais les rumeurs circulent. Elle contacte des amis du quartier et nous décidons de nous retrouver place Clichy. Un premier bar qui pue un peu (y’a un mec qui fume le cigare en ‘terrasse’ qui n’est pas du tout une terrasse car elle donne directement dans la salle et j’ai beau montrer mon désaccord on me répond que c’est mon problème alors on se casse). La place est totalement vide sans piétons ni circulation et imaginez un peu ce que doit être la place de Clichy un samedi soir à 22h00. Totalement irréaliste comme décor ! Les patrons de l’autre bar nous mettent bien au fond comme une forme de protection bienveillante.

Loïse boit un peu trop, Eugène parle de sa fille qui lui manque depuis qu’elle a grandi, Florence est sobre et je m’offre une Carolus triple. Nous rentrons tard chez nous mais cette parenthèse de vie nous a fait du bien : rire ; dire des bêtises, simplement parler et se retrouver comme si de rien n’était.

Dimanche 15 novembre.

Nous marquons le coup sous les nouvelles. Florence décide d’annuler son voyage en Angleterre pour retrouver ses collègues lundi et commémorer la disparition de Ludovic et nous décidons de retrouver nos amis place de la République. Beaucoup de monde dans un silence impressionnant. Comment une telle foule peut être aussi silencieuse ???? La statue est bordée de fleurs, de messages et de bougies en forme de cœur et autres. Tout le monde se retrouve, toutes nationalités, toutes couleurs, toutes confessions. Des mamans voilées avec leur enfant, des jeunes, des moins jeunes, des blacks, des blancs, des autres aussi. Toutes les télévisions du monde sont là, j’entends parler roumain, portugais, italien et géorgien.

Nous restons un long moment puis Philippe, un ami que je n’ai pas revu depuis 40 ans nous rejoint. Ce n’était pas tout à fait prévu ici. Nous nous dirigeons ensuite vers les lieux de massacre. Tout est bouclé par la police, espace réservé aux piétons. Le calme toujours omniprésent et toujours la foule. Premier carrefour, premier rassemblement autour du cordon de sécurité : fleurs et bougies et le sang des victimes recouvert de sciure, traces d’impacts sur les vitres. Deuxième lieu tout aussi incongru, un carrefour anodin, des immeubles simples et deux bars en rez de chaussée : Le Petit Cambodge et le Carillon ; pareil, impacts sur les vitres et sur les murs tout autour, certains ont la taille d’un poing. Nous quittons doucement ces lieux pour aller chez notre amie et nous retrouver ensemble. Nous dinerons d’un repas succulent préparé par Christophe, boirons un excellent vin bio de Loire et écouterons les musique de Lou Reed, Llyod Cole et Neil Young. Ce doit être cela qu’ils exècrent.

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