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Le blog de didier falleur pensées nomades

BEREZINA – Sylvain Tesson – éditions Guérin – Chamonix – 197 pages

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BEREZINA – Sylvain Tesson – éditions Guérin – Chamonix – 197 pages
BEREZINA – Sylvain Tesson – éditions Guérin – Chamonix – 197 pages

C’est un véritable défi auquel s’attaque Sylvain Tesson dans ce livre. Vous pensez, rallier Moscou à Paris en hiver et en side-car (ou motocyclette à panier adjacent…trop drôle). Mais comment faire autrement si le but est de suivre le chemin de retour emprunté par Napoléon et son armée en déroute après l’échec de la prise de la capitale russe ? Or donc, plus ou moins aux mêmes dates, entre le 3 et le 15 décembre, Sylvain Tesson, sur des motos russes de marque Oural flanquées du drapeau de la Grande Armée ou de celui du Tsar (suivant la nationalité de l’équipage) et accompagné de fidèles aventuriers (Thomas Goisque à la photo, Cédric Gras, Vassilli et Vitaly) et un équipage de trois side-cars, va suivre la route de ce qui va marquer l’histoire comme une des plus grandes hécatombes humaines.

C’est un récit magnifique que nous offre Sylvain Tesson, magnifique dans l’esprit d’aventure qui le pousse à dépasser la raison qui demanderait à toute personne sensée de rester au chaud à cette période de l‘année. Magnifique dans la manière de nous faire revivre l’horreur subie par ces soldats pris au piège par cet hiver russe inhumain surtout pour des hommes absolument pas équipés pour l’affronter. Tesson et sa bande vont aussi se mordre les doigts (gelés) à cause d’un équipement un peu léger et ses réflexions de motard sont juste incroyablement proches de celles que l’on peut avoir assis sur notre machine et tentant d’oublier les morsures du froid ou la litanie des kilomètres qui défilent. Chacun sa souffrance et l’on rit de ses descriptions de déshabillage dans les arrêts qui viennent à point pour des motards épuisés (je sais ce que c’est). Et Tesson ne lâche pas la pression en faisant en permanence le parallèle avec les conditions de survie des soldats napoléoniens qui eux n’ont jamais eu la chance de pouvoir se reposer, harcelés continuellement par l’armée du Tsar. On peut parler d’une véritable boucherie humaine et animale quand il nous annonce que sur le demi million d’hommes parti de France, seulement 30.000 survécurent et que les deux cent mille chevaux qui les accompagnaient ont fini dans les casseroles morts ou parfois pas tout à fait. Napoléon aura beaucoup de chance d’échapper aux pièges mortels de la nature et de la hargne des maréchaux russes lancés à ses trousses.

Sylvain Tesson nous fait vivre des aventures, qu’il traverse à pied l’Himalaya (pfuhh, une rigolade…) à cheval dans les steppes d’Asie, encore à pied entre la Sibérie et l’Inde, il n’a de cesse que de partir pour oublier le monde et son confort et la passion d’acheter des choses. Sa femme, fatiguée de l’attendre, lui annoncera par texto qu’elle le quitte alors qu’il se trouve dans sa cabane au bord du lac Baïkal ? Ca lui pendait au nez….

Emporté par la prose magnifique de l’écrivain, le livre se lit d’une (re)traite et une fois refermé l’aventure continue dans votre tête.

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